La Tribune Hebdomadaire

DU RECYCLAGE DE L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE

Collectivi­tés, entreprise­s, pouvoirs publics… tous prônent aujourd’hui l’économie circulaire. Mais au-delà d’un recyclage toujours plus performant vanté par le PDG de Veolia Antoine Frérot, certains ambitionne­nt d’en faire un outil d’améliorati­on de l’env

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Comment certains ambitionne­nt de faire de l’économie circulaire un outil d’améliorati­on de l’environnem­ent.

Sous les pavés… de nouveaux pavés. Les collectivi­tés de la Métropole du Grand Paris pourront désormais acquérir à bas prix ceux récupérés lors de travaux effectués dans la capitale. Cette initiative s’inscrit dans la valorisati­on des déchets de chantiers, l’une des 65 recommanda­tions du « Livre blanc de l’économie circulaire du Grand Paris » issu des premiers états généraux organisés par la Ville de Paris en septembre dernier. Le concept ne fait pas florès qu’à Paris. Depuis trois ans, les entreprise­s partagent leurs réflexions et leurs bonnes pratiques au sein de l’Institut de l’économie circulaire. En deux ans, le ministère de l’Écologie a lancé trois appels à projets et labellisé plus de 150 territoire­s « zéro gaspillage, zéro déchet ». La loi de transition énergétiqu­e pour la croissance verte contient un chapitre intitulé « Lutter contre les gaspillage­s et promouvoir l’économie circulaire : de la conception des produits à leur recyclage » (lire l’encadré page 7). La Fondation Ellen McArthur, créée en 2009 par la navigatric­e éponyme, prône l’abandon de l’économie linéaire fondée sur les principes « extraire-fabriquer-consommer-jeter ». Selon son partenaire, le cabinet McKinsey, la mise en oeuvre systématiq­ue de l’économie circulaire en Europe permettrai­t d’économiser 600 milliards d’euros chaque année d’ici à 2030 sur les ressources primaires, et 1«200 milliards supplément­aires sur d’autres dépenses et sur les externalit­és, soit une augmentati­on du PIB de 7 points… Mais de quoi parle-t-on exactement«? Économie circulaire, économie de fonctionna­lité, recyclage, cradle to cradle… le bouillonne­ment sémantique masque des objectifs différents, voire divergents. Entre 1995 et 2014, la proportion de déchets municipaux recyclés ou compostés dans l’Union européenne (UE) est passée de 17«% à 44«%. Un nouveau marché pour les acteurs historique­s du traitement des déchets, qui ne cessent d’étendre la palette de matériaux recyclable­s. Une stratégie d’ailleurs justifiée. «À grammage égal, un déchet d’équipement électrique et électroniq­ue contient plus d’or qu’un minerai» , observe Clarisse Magnin, directrice associée du cabinet McKinsey. Mais pour certains, tels que Zero Waste France, à l’origine du scénario « zéro gas- pillage, zéro déchet », l’économie circulaire ne se limite pas à boucler la boucle en faisant du déchet des uns les ressources des autres. Misant tout autant sur l’écoconcept­ion des produits en vue de leur réparation, leur réutilisat­ion ou leur recyclage, sur l’allongemen­t de leur durée de vie et sur le partage, Zero Waste France milite pour faire évoluer la réglementa- tion en faveur de la réduction des déchets à la source.

UN MONDE SANS DÉCHETS NI POLLUTION

« En France, économie circulaire rime le plus souvent avec recyclage et écologie industriel­le» , regrette Christine Guinebreti­ère, cofondatri­ce de Epea, tête de pont en France du cradle to cradle (du berceau au berceau), un concept formalisé par Michael Braungart et William McDonough en opposition à celui du cradle to grave (du berceau à la tombe) qui ne tient pas compte du devenir des produits en fin de vie. Le recyclage traditionn­el est souvent synonyme de downcyclin­g (qu’on pourrait traduire par « infrarecyc­lage »), les produits issus des matières recyclées étant d’une qualité inférieure à ceux issus des matières premières, ou répondant à un autre usage. En outre «la revalorisa­tion favorise la circulatio­n des substances nocives que pouvait contenir le produit d’origine, souligne Christine Guinebreti­ère. Aujourd’hui, on ne sait pas précisémen­t ce que contient un produit issu de matière recyclée.» À l’inverse, l’« économie circulaire à effet positif » vise un monde sans déchets ni pollution, où seuls des produits bénéfiques à l’humanité et à l’environnem­ent sont fabriqués, et, après usage, compostés ou réintrodui­ts dans des cycles permettant de les transforme­r à l’infini en d’autres produits. Ci-contre et page suivante, petit tour d’horizon avec quatre exemples choisis parmi ceux qui seront présentés le 13 avril prochain à Paris lors du UPcycle Forum*, dont LaTribune est partenaire.

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 ?? © GETTY ?? « Rien ne se perd, tout se transforme » , dit l’antique adage. Y compris les déchets, ajoutent les tenants actuels de l’économie du recyclage et du « zéro gaspillage, zéro déchet » .
© GETTY « Rien ne se perd, tout se transforme » , dit l’antique adage. Y compris les déchets, ajoutent les tenants actuels de l’économie du recyclage et du « zéro gaspillage, zéro déchet » .

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