La Tribune Hebdomadaire

PDG de Veolia « Les déchets sont la première de matières premières du xxie

Opérateur historique du traitement des déchets, Veolia se positionne aujourd’hui comme un acteur majeur de l’économie circulaire, grâce à ses compétence­s en matière de recyclage, dont la palette s’élargit en permanence. Tour d’horizon, avec Antoine Frérot

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mières du ¿¿À siècle, et elle se trouve chez nous, dans les pays développés. L’exploiter au mieux permettra de répondre à de nombreux enjeux en termes d’attractivi­té économique, de balance du commerce extérieur, d’emplois, d’environnem­ent et de maîtrise des coûts des matières premières, en anticipati­on d’une nouvelle envolée des cours.

Investir dans le recyclage revient en effet à parier sur la hausse des cours. Or, ceux-ci enregistre­nt plutôt une baisse, depuis quelques mois…

La responsabi­lité des entreprise­s, c’est de prendre leur risque et de s’adapter. Mais sous réserve que l’on admette que le développem­ent économique est souhaitabl­e, la hausse des prix des matières premières sur les moyen et long terme va dans le sens de l’histoire. Par ailleurs, les progrès sont constants dans le domaine du recyclage. Pas seulement sur les matières, mais aussi sur l’eau ou l’énergie, notamment sur la chaleur grâce à la récupérati­on de chaleur fatale en sortie d’usine, d’égouts, dans les centres de données… Concernant la matière, dans le meilleur des cas on opère une récupérati­on matière, sinon on la transforme en énergie. Il s’agit alors d’une énergie renouvelab­le, dont l’utilisatio­n contribue à abaisser les émissions de gaz à effet de serre.

Quel est le degré de maturité dans le recyclage des principale­s matières premières ?

On atteint aujourd’hui des taux très significat­ifs pour certaines matières : 90«% au niveau mondial pour le papier carton, récu- péré à l’aval des usines«; 70«% pour le verre européen«; 90«% pour l’aluminium«; 85«% pour les métaux ferreux, etc. D’autres produits commencent tout juste à être recyclés, tels que les huiles de moteur, les huiles alimentair­es ou les déchets organiques. Presque 100«% des huiles de moteur sont aujourd’hui récupérées en France, dont la majorité est recy- clée, et le solde transformé en énergie. Malheureus­ement, cette deuxième option reste parfois plus rentable pour les récupérate­urs, en raison de différence­s de fiscalité entre pays. Pour le mercure des ampoules ou les solvants, les taux de recyclage atteignent déjà 20«%.

Sur quelles nouvelles matières travaillez-vous actuelleme­nt ?

Sur certains produits très particulie­rs, nous avons développé des savoir-faire spécifique­s. Ainsi, grâce à nos usines de traitement des déchets dangereux, nous avons développé des compétence­s pour recycler le lithium, sous une forme directemen­t réutilisab­le dans les batteries. Le marché n’existe pas encore vraiment, puisqu’il y a aujourd’hui encore très peu de batteries au lithium parvenues en fin de vie. Mais le potentiel est important puisqu’elles sont utilisées pour de nombreux usages : appareils nomades, voitures électrique­s, stockage d’énergies renouvelab­les, etc. Pour le plastique, cela reste très compliqué. Pour pouvoir être recyclés, les différents types de plastiques – le PET des bouteilles, le polyéthylè­ne, le polypropyl­ène, etc. – doivent être séparés, en utilisant des méthodes de tri les moins onéreuses possible. Nous avons acquis en 2015 la société néerlandai­se AKG pour nous procurer un savoir-faire sur le tri et le recyclage du polypropyl­ène, et conforter notre position d’acteur de référence de la production de matières premières recyclées. Dans la ferraille ou les huiles de moteur, l’équation économique globale est déjà solide. et dont les usages continuent de s’étendre en remplaceme­nt des métaux, notamment via les matériaux composites utilisés par exemple dans la constructi­on aéronautiq­ue, nous sommes au milieu du gué.

Quels sont les prérequis avant de développer une nouvelle activité ?

Pour mettre en place un circuit complet de recyclage, il faut pouvoir assurer la régularité de l’approvisio­nnement. La qualité des produits doit être stable, idéalement identique à celle de la matière première vierge, et on doit en garantir la traçabilit­é, ce qui a des implicatio­ns fortes en termes de logistique. Avant de mettre en place un tel circuit, chaque produit fait l’objet d’une étude technique, d’une étude de coûts, d’une étude de marché… notamment pour vérifier la compétitiv­ité économique de la valeur recyclée. Les clients pour les matières recyclées ne sont en général pas les mêmes que nos clients historique­s. Parfois nos partenaire­s utilisent leurs propres circuits de distributi­on, comme le fait Total pour les huiles de moteur que nous recyclons, sinon il nous faut mettre en place de nouveaux réseaux commerciau­x.

Quel est le degré de coopératio­n avec vos clients et comment se fait le partage de la valeur ?

Le partage de la valeur se décide en amont de la coopératio­n, avant de savoir combien de valeur celle-ci va réellement créer. Lorsqu’il s’agit de prototypes, l’implicatio­n des industriel­s va jusqu’à l’équipement en machines-outils adaptées à ces nouvelles matières, voire à l’écoconcept­ion, qui prend en compte, dès l’amont de la fabricatio­n, le recyclage de la matière utilisée.

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