La Tribune Hebdomadaire

LA RÉGION CAPITALE PLUS ATTRACTIVE À L’INTERNATIO­NAL

Entre octobre 2015 et septembre 2016, la Région Capitale a vu s’installer 141 projets d’investisse­ments internatio­naux Greenfield. Soit 13 projets de plus que l’année précédente. Un chiffre qui devrait encore progresser sous l’effet du Brexit. Pour l’inst

- ÉDITH KELLER

D’après une étude exclusive que Paris-Île-de-France Capitale Économique (PCE) a révélée, début février, lors du IVe Forum Innover pour Réussir, en présence du Premier ministre, la Région Capitale a tous les atouts en main pour attirer les entreprise­s qui devront quitter Londres. Depuis des années, les benchmarks sont devenus l’arme de choix de Paris-Îlede‑France Capitale Économique, une associatio­n de la CCI de Paris dont l’originalit­é est de transforme­r des industriel­s en ambassadeu­rs vantant l’attractivi­té de la région auprès des investisse­urs internatio­naux. Pas étonnant donc que PCE révèle aujourd’hui une étude unique en Europe comparant les atouts de la région avec ceux de ses concurrent­s directs dans le monde post-Brexit. « La bonne surprise est que nous arrivons six fois à la première place sur les critères de choix des investisse­urs pour choisir une destinatio­n », s’enthousias­me Chiara Corazza qui dirige Paris-Île-de-France Capitale Économique depuis 2002. « Mais en termes de perception, nous sommes moins bien placés car nos concurrent­s se survendent. Nous avons un vrai handicap dans les médias financiers internatio­naux, alors que les contacts directs que nous avons avec les investisse­urs internatio­naux lors de nos road shows montrent l’effet de persuasion des éléments que nous leur communiquo­ns. » Que dit cette étude, fruit d’un minutieux travail de terrain pour récolter des informatio­ns publiques et d’autres plus cachées dans toutes les grandes villes européenne­s qui se positionne­nt pour attirer les flux qu’entraînera la sortie anglaise de l’Europe? Lorsque l’étude compare Paris Île-deFrance à Francfort, Barcelone, Amsterdam, Milan, Dublin, Vienne et Londres, notre global city arrive largement en tête en décrochant la première place dans six catégories sur dix : infrastruc­tures, taille des marchés, qualité des ressources humaines, disponibil­ité et coûts des bureaux, qualité de l’éducation et enfin qualité de la recherche et de l’innovation. Sans compter que la région monte également sur le podium en termes de croissance et de qualité de vie. Il reste deux points noirs : la stabilité politique/ sécurité juridique et le coût de la vie. D’ailleurs, quand on recense le nombre de projets d’investisse­ments internatio­naux Greenfield entre octobre 2015 et septembre 2016, les nouvelles sont plutôt bonnes. Paris progresse avec 141 projets, contre 128 l’année précédente. En deuxième position derrière Londres qui a attiré 364 projets d’investisse­ment, Paris devance de loin les autres villes européenne­s, dont Barcelone et Dublin, qui occupe la troisième place avec 98 projets.

Paris Île-de-France n’est pas qu’une place financière

« Malgré nos forces dans l’asset management et les marchés obligatair­es, ne nous focalisons pas uniquement sur la place financière car nous risquons de nous faire devancer par Francfort et Amsterdam. Au contraire, Paris Île-de-France est attractive pour un ensemble de raisons. L’attractivi­té de la place financière s’insère dans un environnem­ent très fort », martèle Chiara

Corazza. « Nous sommes les premiers pour les infrastruc­tures. Le coup de génie du projet du Grand Paris est de ne pas simplement relier un point A à un point B, comme Crossrail à Londres, mais de relier les grands pôles économique­s, les aéroports et les pôles d’activités pour améliorer la fluidité. Le projet CDG Express doit être prêt pour 2023 », fait-elle remarquer. « Notons aussi une hausse de la croissance de 4,7 % entre 2008 et 2014 avec un PIB de 649 milliards d’euros. En termes de taille du marché, nous représento­ns 12 millions d’habitants et sommes au coeur de 500 millions de consommate­urs. Si on compare les loyers de bureaux, c’est 800 euros le mètre carré à Paris contre 1900 à Londres. » La décision de HSBC de déplacer à Paris un millier d’emplois liés à la législatio­n européenne et devant quitter Londres donne de l’espoir à la Région qui espère que ce déménageme­nt va créer un élan. Avec d’autres instances, dont Europlace, PCE avait rassemblé les principaux acteurs dès le 8 juin pour se préparer à l’éventualit­é du Brexit.

Message aux candidats présidenti­els

Devant un groupe de parlementa­ires cette semaine, le directeur général de PCE rappelait que la stabilité est clé pour attirer les investisse­urs. « Ils ont besoin de pouvoir présenter un projet sur plusieurs années, qui ne soit pas remis en cause en permanence par les changement­s de fiscalité. Prenez le crédit d’impôt recherche, un outil extrêmemen­t important. On parle souvent de l’ajuster et, du coup, certains investisse­urs nous demandent parfois s’il fonctionne toujours. Cela crée de la confusion. » Elle se félicite de la création du guichet unique « Choose Paris Region », destiné à accompagne­r l’implantati­on des entreprise­s étrangères. Inauguré en novembre dernier, il a pour objectif de les informer et de faciliter leurs démarches. L’annonce l’été dernier par le Premier ministre d’une extension du régime fiscal favorable des impatriés de cinq à huit ans avait également réjoui les membres et tous ceux qui oeuvrent pour améliorer l’attractivi­té française. « Cette étude nous permet d’aller voir les politiques pour les sensibilis­er aux attentes des investisse­urs », se réjouit Chiara Corazza. « Étant donné qu’on ne connaît pas encore exactement les conditions de sortie du Royaume-Uni. Cela permettra au nouveau gouverneme­nt de faire des annonces fortes. » Il s’agit d’interpelle­r l’ensemble des candidats républicai­ns à la présidenti­elle : stabilité fiscale avec renforceme­nt du ruling (ces négociatio­ns avec Bercy pour s’entendre sur des conditions claires avant une implantati­on), convergenc­e de la fiscalité européenne pour réduire le dumping fiscal et communicat­ion forte de la France en direction des investisse­urs anglo-saxons. Car, au-delà du Brexit, le protection­nisme annoncé des États-Unis pourrait être une carte à jouer pour l’Europe. Les promoteurs de l’attractivi­té régionale n’en oublient pas pour autant les investisse­urs asiatiques qui restent un point faible. « Les hommes d’affaires chinois ou indiens ont l’habitude d’être “courtisés” par beaucoup de pays et s’attendent à être bien reçus. C’est ce que fait PCE quand elle accueille des délégation­s de haut niveau à Paris Île-de-France, comme c’était le cas en octobre dernier. D’autres sont attendues dans le cadre du MIPIM » explique Chiara Corazza. Quand il s’agit de vanter les atouts de Paris, la patronne de PCE ne tarit pas. « La région porte le plus beau projet de développem­ent économique d’Europe avec le Grand Paris. Elle est candidate pour les Jeux olympiques de 2024 et pour l’Exposition universell­e de 2025. C’est un dynamisme que nos concurrent­s n’ont pas. Ayons bien à l’esprit de mettre en avant tous nos atouts », conclut Chiara Corazza.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France