UN CHOC D’OFFRE POUR LE LOGEMENT ?
Métropole la plus dense d’Europe, la capitale française reste une zone tendue où il est difficile de loger tous ceux qui le souhaitent. Promoteurs constructeurs et édiles de petite et grande couronne apportent leurs réponses dans le contexte de la stratég
Àchaque gouvernement, ou presque, une nouvelle stratégie pour le logement. Le ministre de la Cohésion des territoires, Jacques Mézard, et son secrétaire d’État, Julien Denormandie, n’échappent pas à la règle. Un projet de loi sera déposé à la fin de l’année pour « lever les verrous et les freins », « passer à la construction de logements plus écologiques et plus adaptés », « simplifier la vie ordinaire » et « lutter contre la fracture territoriale ». L’ex-sénateur (PRG) du Cantal et l’ancien « dir cab » adjoint d’Emmanuel Macron à Bercy disent avoir « écouté les propositions des acteurs » du secteur. Olivier Wigniolle, directeur général d’Icade, estime ainsi que « le plan permet de sortir de l’incertitude pour les acteurs privés que nous sommes ». Son homologue chez Cogedim, Philippe Jossé, confirme : « La stratégie donne une vision à moyen terme indispensable dans notre métier. Compte tenu du délai de sortie des projets (trois à cinq ans), il est important d’avoir cette visibilité. » Unanimité chez les professionnels du secteur? Pas si sûr! Dans une note publiée sur son blog intitulée « Une addition de mesures fait-elle un plan logement? » le PDG de Nexity, Alain Dinin, qui a quitté la puissante Fédération des promoteurs immobiliers depuis un mois, est, comme toujours, « cash »: « La stratégie n’a rien de révolutionnaire. Les annonces, pour la plupart piochées dans de vieux cartons, restent partielles. Et précipitées. » La libération du foncier promise par les représentants de l’équipe Philippe, à savoir « construire plus, mieux et moins cher dans les zones tendues », satisfait les promoteurs immobiliers, comme Fabien Acerbis, directeur général logement Île-de-France chez Bouygues Immobilier: « Quand du foncier est libéré, de l’offre est créée, la demande est adressée et les prix sont maintenus. » Maître de conférences à l’IEP de Paris et coordinateur du livre collectif Le Logement en France (Economica, 2017), Pierre-François Gouiffès rappelle, en effet, que le Grand Paris demeure « la zone tendue par excellence : le plus fort PIB par habitant, la plus forte population, la plus forte densité, la plus forte proportion d’appartements, la plus faible proportion de propriétaires et, bien sûr, les prix immobiliers les plus élevés. » Sur le terrain, Catherine Arenou, maire (LR) de Chanteloup-les-Vignes, met sa casquette de vice-présidente du conseil départemental des Yvelines chargée de l’insertion et de la politique de la ville : « Notre territoire est attractif, mais il y a des grands enkystements et du foncier qui vaut une fortune. Nous menons donc une politique d’accompagnement à l’investissement auprès des maires. » La maire de Longjumeau, Sandrine Gelot (LR), également vice-présidente du département de l’Essonne, déléguée à l’insertion, la cohésion sociale, la politique de la ville et le logement, s’est saisie de cette compétence non obligatoire pour les départements: « En 2030, 30 % de la population aura moins de 60 ans et la population de 85 ans et plus aura doublé. Aussi adaptons-nous nos parcs de logements pour que le territoire reste attractif et aidons la primo-accession. » « PARIS A ENVIE DE CONSTRUIRE » En Seine-Saint-Denis, Nadège Abomangoli (PS), vice-présidente à la politique de l’habitat et à la sécurité, s’interroge : « Est-ce qu’on ne pourrait pas davantage axer là-dessus ? Pensons à la répartition territoriale et faisons des efforts partout. C’est la question du rééquilibrage Est-Ouest. » À Paris, l’adjoint (PCF) au logement, à l’habitat durable et à l’hébergement d’urgence, Ian Brossat, voit, lui, deux enjeux liés: « Mobiliser du foncier est certes rare, mais il en existe encore et suppose que l’État nous cède au plus vite le maximum de parcelles où il est actuellement impossible de produire. Tout ce qui peut nous permettre d'accélérer les cessions avec des décotes serait le bienvenu. Dans ce contexte très