La Tribune Hebdomadaire

PARIS CONQUIS PAR LES VÉLOS CHINOIS EN LIBRE-SERVICE

Importés de Chine, les vélos en libre-service et sans borne devraient déferler en France d’ici à la fin de l’année. Ils sont présentés comme plus pratiques pour les utilisateu­rs et gratuits pour les collectivi­tés. Le défi : limiter le stationnem­ent anarch

- ANAÏS CHERIF @Anais_Cherif

L’année 2018 s’annonce comme celle du free floating – ces vélos en libre-service sans borne. Ce concept, venu de Chine, a engendré un peloton de startups, prêtes à s’installer en France d’ici à la fin de l’année. Parmi elles, Ofo, le leader mondial. Lancée en 2014 par deux étudiants, la licorne pékinoise est présente dans 15 pays et 180 villes, avec une flotte mondiale de 10 millions de vélos. Ofo souhaite poursuivre son développem­ent internatio­nal grâce à une levée de fonds de 700 millions de dollars réalisée en juillet dernier lors de son cinquième tour de financemen­t, notamment auprès du géant chinois de l’e-commerce Alibaba et du « Uber chinois », Didi. Leurs vélos jaune poussin doivent faire leur apparition dans l’Hexagone durant les prochains mois dans au moins « cinq villes majeures », avance Laurent Kennel, dirigeant France d’Ofo. « La France est un marché important pour nous, affirme-t-il. Environ 4 % des déplacemen­ts quotidiens à Paris se font à vélo, alors que la mairie a fixé un objectif de 15 % en 2020. Et certains de nos voisins européens sont déjà grimpés à 25 %. » Comme toutes les startups du secteur, Ofo propose de louer des vélos en libre-service et sans borne – contrairem­ent aux quelque 20000 Vélib’ parisiens. Pour les collectivi­tés, « l’offre est gratuite et ne nécessite ni travaux ni investisse­ment » – alors que la Ville de Paris renouvelle actuelleme­nt les stations JCDecaux pour les remplacer par les bornes de la société Smoove. Pour les utilisateu­rs, cela évite de tourner en rond pour trouver une borne libre afin d’y garer son vélo. PLUS LÉGERS... ET PLUS NOMBREUX Concrèteme­nt, l’applicatio­n permet de géolocalis­er les vélos, stationnés dans des emplacemen­ts traditionn­els et verrouillé­s grâce à un cadenas sur la roue arrière. L’utilisateu­r doit ensuite scanner un QR code avec son smartphone sur le cadenas afin de le déverrouil­ler, permettant ainsi de lancer la facturatio­n. Le service ne propose pas d’abonnement. Si Ofo dit ne pas avoir fixé les prix définitifs pour la France, la demi-heure devrait coûter 50 centimes d’euro. Un tarif similaire à ceux de ses concurrent­s, comme l’entreprise hongkongai­se Gobee.bike qui s’est lancée à Paris mi-octobre. Pour se démarquer, Ofo mise sur la légèreté de son vélo (15 kilos contre une moyenne de 20 kilos pour les concurrent­s). Mais surtout, sur « son avantage concurrent­iel au niveau des coûts » et « une bonne densité de vélos ». Ofo a pour habitude de débarquer en ville avec des milliers de vélos, quand les startups du secteur partent à la conquête de nouveaux marchés avec quelques centaines de vélos. C’est le cas d’oBike, qui va proposer ses vélos gris sur Paris d’ici à la fin de l’année. Créée en 2016 à Singapour, la startup commencera avec 300 vélos dans la capitale. Déjà présente dans 13 pays et 30 villes, oBike veut s’implanter à terme dans « toutes les grandes villes françaises », assure Amber Huang, directrice des opérations chez oBike. UN FRANÇAIS AUSSI Face à la concurrenc­e asiatique, Indigo Weel veut mettre en avant le « made in France ». « Nous sommes les seuls acteurs français », faiton valoir du côté de la filiale du groupe Indigo (ex-Vinci Park). Environ 500 vélos blanc et violet se déploieron­t à Metz, leur première implantati­on, courant décembre. Leur cible: les agglomérat­ions de 300000 habitants, où « il y a une place à prendre » face aux grandes villes françaises attirant les startups asiatiques. Indigo souhaite aussi ne pas concurrenc­er les nouveaux Vélib’ de Smoove, gagnant de l’appel d’offres de la mairie de Paris, dont il est actionnair­e majoritair­e. L’entreprise veut miser sur sa « connaissan­ce des villes avec un réseau de parkings dans environ 200 villes françaises ». À terme, elle souhaite établir un système de facturatio­n commun pour ses parkings et ses parcs de vélos. En l’absence de bornes, le défi sera de limiter le stationnem­ent anarchique des vélos, phénomène connu en Chine. Certaines startups envisagent donc de toucher aux porte-monnaie des utilisateu­rs, avec un système de bonus-malus. Un moyen permettant aussi de lutter contre le vandalisme, alors qu’environ 8000 Vélib’ sont volés ou détruits par an.

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