Des fouilles archéologiques confiées à la France
Parmi les projets prévus dans Vision 2030, l’un a la particularité de se tourner vers le prestigieux passé du royaume nabatéen ( ive siècle avant J.-C.), qui s’étendait au nord jusqu’à la Syrie, avant d’être intégré à l’Empire romain à la fin du premier siècle de notre ère. Le chantier de fouilles archéologiques du site de Madain Saleh, classé patrimoine mondial de l’Unesco, a été confié à la France qui a « la meilleure école d’archéologie du monde » , se réjouit-on à Riyad. Cet accord fait partie d’un projet bien plus vaste d’un complexe touristique centré sur les activités touristiques et culturelles de cette région du centre-nord quelque peu déserte, qui s’étend de la frontière jordanienne à la mer Rouge peu habitée autour de la ville d’Al-Ula. Son montant est évalué entre 50 et 100 milliards de dollars. Une manne dont la France espère bien décrocher une partie, que ce soit en matière d’infrastructures touristiques ou de leur gestion. Déjà, une centaine de jeunes Saoudiennes et Saoudiens ont été envoyés dans l’Hexagone pour être formés à différents métiers durant plusieurs mois et apprendre la langue de Molière. Mais la France aimerait ne pas être réduite uniquement à un « grand pays de culture » , comme on aime le répéter côté saoudien, et faire valoir les qualités de ses entreprises dans les secteurs de la défense, de l’énergie en général et du nucléaire en particulier, ou encore des infrastructures. Car depuis qu’Emmanuel Macron a déroulé le tapis rouge en avril pour recevoir MBS à Paris, la moisson de contrats escomptée n’a pas eu lieu. Pourtant, depuis que François Hollande, qui rompait avec son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, qui avait préféré le Qatar, a renoué avec l’Arabie saoudite, les relations entre les deux pays sont au beau fixe. Mais, comparée à d’autres pays, comme les États-Unis ou le Royaume-Uni, la France reste à la traîne ( La Tribune du 14 décembre 2017). « Nous étions liés aux anciens réseaux, il faut renouer avec les nouveaux, liés à
MBS » , explique un bon connaisseur de la région. Vu du côté saoudien, on temporise. « Il y a de nombreux chantiers et des opportunités, mais les entreprises françaises doivent
aussi accepter de prendre des risques avec nous » , indique un diplomate saoudien, qui par ailleurs ne comprend pas la volonté de Paris de sauver à tout prix l’accord nucléaire iranien. Emmanuel Macron et Mohammed ben Salman ont prévu de se revoir avant la fin de l’année. « Cela devrait
débloquer la situation » , espère un diplomate français.