LA SEMAINE « MARSEILLAISE » DE LA TRIBUNE
Pendant une semaine, la rédaction parisienne de La Tribune va se « décentraliser » à Marseille. Ce choix, conforme à notre ligne de média des métropoles et des territoires, se matérialise dès ce vendredi par l’édition d’un cahier spécial Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur incluant le premier sondage sur les futures municipales de 2020 dans la deuxième ville de France. En parallèle, nous publions un dossier complet sur le bilan des lois de décentralisation de François Hollande, et notamment de la nouvelle France découpée en 13 régions, alors que Régions de France tient son congrès annuel le 27 septembre à Marseille, avec La Tribune comme partenaire. Enfin, vendredi 28 septembre, notre journal organise au palais du Pharo, face au Vieux-Port, la quatrième édition annuelle de son forum Smart City consacrée cette année aux « Connectivités » dans la ville intelligente. Pendant une semaine donc, les équipes de La Tribune seront présentes à Marseille et concluront cette présence par une participation aux festivités du premier anniversaire de thecamp, l’université du IIIe millénaire conçue par Frédéric Chevalier, disparu il y a un peu plus d’un an, et aux destinées duquel se consacre désormais Olivier Mathiot. Un tiers-lieu innovant posé au coeur de la nature près d’Aix-en-Provence, et dont le rôle est de penser les grands enjeux de nos vies et de nos villes connectées pour les générations futures. Cette « rentrée marseillaise » marque la volonté de La Tribune de montrer à ses lecteurs sa double dimension, globale et locale. Depuis le début de l’année et particulièrement cet été, les équipes de La Tribune ont travaillé à ce positionnement, qui se manifeste par des choix d’investissement importants: outre nos bureaux et nos sites Internet de Bordeaux, Toulouse et Marseille, nous nous déployons désormais à Montpellier et à Lyon sous notre marque propre et préparons, pour 2019, une accélération de notre présence dans toutes les grandes métropoles de France. Hasard du calendrier, la semaine « marseillaise » de La Tribune coïncide avec une initiative inédite qui sera prise en commun mercredi prochain, en marge du congrès de Régions de France, par tous les grands représentants du monde local : le 26 septembre, Gérard Larcher, président du Sénat – la chambre des collectivités territoriales –, Hervé Morin, président de Régions de France, Dominique Bussereau, président de l’Association des départements (ADF), François Baroin, président de l’Association des maires de France (AMF) et Renaud Muselier, président de la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, organisent au palais du Pharo un « Rassemblement pour les libertés locales » qui se veut un manifeste contre « la recentralisation inédite » opérée par l’État sous l’égide d’Emmanuel Macron. Une révolution? Non, Sire, mais une révolte, une fronde des Grands du Royaume qui, anticipant la poursuite des ponctions de Bercy sur les finances locales lors de la présentation lundi du projet de budget 2019, veulent « unir leurs voix pour dénoncer les faux-semblants de la concertation avec l’État et alerter l’opinion publique sur le risque d’aggravation des fractures territoriales de notre pays » . Ce Rassemblement pour les libertés locales laisse entendre que la hache de guerre entre Emmanuel Macron et les élus est loin d’être enterrée. Après l’échec relatif de la tentative de contractualisation entre l’État et les collectivités locales, les sujets de conflits ne manquent pas: comment compenser la fin de la taxe d’habitation? Comment redonner de l’autonomie fiscale aux collectivités ? Comment donner réalité à la nouvelle vague de décentralisation initiée sous le précédent quinquennat? Notre enquête le démontre: au-delà des querelles financières entre l’État et les élus, le bilan des lois NOTRe et Maptam, qui ont créé les 13 nouvelles régions et les 15 nouvelles métropoles, est encore très mitigé et l’impact économique très décevant. La clarification des compétences, des financements et l’organisation même du mille-feuille territorial restent une oeuvre inachevée. François Hollande voulait des régions plus grandes aux compétences économiques renforcées, des sortes de Länder à l’allemande, travaillant de concert avec des intercommunalités elles-mêmes plus grandes, afin de court-circuiter d’une part les départements, et d’autre part, les maires, au profit de présidents de régions et de métropoles plus puissants. Force est de constater que ce projet n’a pas encore abouti et se heurte à la réalité d’une fracture territoriale qui se creuse et nourrit les populismes. Il appartient désormais au chef de l’État de regarder cette réalité en face et d’y répondre, sans faux-semblants. L’heure est venue de finir le travail et de dire qui fait quoi et prélève quoi. La proximité des élections municipales puis régionales de 2020 et 2021 ne facilite pas l’exercice, alors que la majorité LRM ne dispose d’aucun ancrage local. Mais faute d’une initiative présidentielle, à laquelle Emmanuel Macron ne semble pas prêt comme en témoignent ses tergiversations sur le Grand Paris, la France risque donc bien de continuer à offrir le triste spectacle d’un enchevêtrement de collectivités trop nombreuses, trop dispendieuses et, surtout, très revendicatives. La vraie opposition à Jupiter n’est pas à chercher ailleurs...