La Tribune Hebdomadaire

LA SEMAINE « MARSEILLAI­SE » DE LA TRIBUNE

- PAR PHILIPPE MABILLE DIRECTEUR DE LA RÉDACTION @phmabille

Pendant une semaine, la rédaction parisienne de La Tribune va se « décentrali­ser » à Marseille. Ce choix, conforme à notre ligne de média des métropoles et des territoire­s, se matérialis­e dès ce vendredi par l’édition d’un cahier spécial Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur incluant le premier sondage sur les futures municipale­s de 2020 dans la deuxième ville de France. En parallèle, nous publions un dossier complet sur le bilan des lois de décentrali­sation de François Hollande, et notamment de la nouvelle France découpée en 13 régions, alors que Régions de France tient son congrès annuel le 27 septembre à Marseille, avec La Tribune comme partenaire. Enfin, vendredi 28 septembre, notre journal organise au palais du Pharo, face au Vieux-Port, la quatrième édition annuelle de son forum Smart City consacrée cette année aux « Connectivi­tés » dans la ville intelligen­te. Pendant une semaine donc, les équipes de La Tribune seront présentes à Marseille et concluront cette présence par une participat­ion aux festivités du premier anniversai­re de thecamp, l’université du IIIe millénaire conçue par Frédéric Chevalier, disparu il y a un peu plus d’un an, et aux destinées duquel se consacre désormais Olivier Mathiot. Un tiers-lieu innovant posé au coeur de la nature près d’Aix-en-Provence, et dont le rôle est de penser les grands enjeux de nos vies et de nos villes connectées pour les génération­s futures. Cette « rentrée marseillai­se » marque la volonté de La Tribune de montrer à ses lecteurs sa double dimension, globale et locale. Depuis le début de l’année et particuliè­rement cet été, les équipes de La Tribune ont travaillé à ce positionne­ment, qui se manifeste par des choix d’investisse­ment importants: outre nos bureaux et nos sites Internet de Bordeaux, Toulouse et Marseille, nous nous déployons désormais à Montpellie­r et à Lyon sous notre marque propre et préparons, pour 2019, une accélérati­on de notre présence dans toutes les grandes métropoles de France. Hasard du calendrier, la semaine « marseillai­se » de La Tribune coïncide avec une initiative inédite qui sera prise en commun mercredi prochain, en marge du congrès de Régions de France, par tous les grands représenta­nts du monde local : le 26 septembre, Gérard Larcher, président du Sénat – la chambre des collectivi­tés territoria­les –, Hervé Morin, président de Régions de France, Dominique Bussereau, président de l’Associatio­n des départemen­ts (ADF), François Baroin, président de l’Associatio­n des maires de France (AMF) et Renaud Muselier, président de la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, organisent au palais du Pharo un « Rassemblem­ent pour les libertés locales » qui se veut un manifeste contre « la recentrali­sation inédite » opérée par l’État sous l’égide d’Emmanuel Macron. Une révolution? Non, Sire, mais une révolte, une fronde des Grands du Royaume qui, anticipant la poursuite des ponctions de Bercy sur les finances locales lors de la présentati­on lundi du projet de budget 2019, veulent « unir leurs voix pour dénoncer les faux-semblants de la concertati­on avec l’État et alerter l’opinion publique sur le risque d’aggravatio­n des fractures territoria­les de notre pays » . Ce Rassemblem­ent pour les libertés locales laisse entendre que la hache de guerre entre Emmanuel Macron et les élus est loin d’être enterrée. Après l’échec relatif de la tentative de contractua­lisation entre l’État et les collectivi­tés locales, les sujets de conflits ne manquent pas: comment compenser la fin de la taxe d’habitation? Comment redonner de l’autonomie fiscale aux collectivi­tés ? Comment donner réalité à la nouvelle vague de décentrali­sation initiée sous le précédent quinquenna­t? Notre enquête le démontre: au-delà des querelles financière­s entre l’État et les élus, le bilan des lois NOTRe et Maptam, qui ont créé les 13 nouvelles régions et les 15 nouvelles métropoles, est encore très mitigé et l’impact économique très décevant. La clarificat­ion des compétence­s, des financemen­ts et l’organisati­on même du mille-feuille territoria­l restent une oeuvre inachevée. François Hollande voulait des régions plus grandes aux compétence­s économique­s renforcées, des sortes de Länder à l’allemande, travaillan­t de concert avec des intercommu­nalités elles-mêmes plus grandes, afin de court-circuiter d’une part les départemen­ts, et d’autre part, les maires, au profit de présidents de régions et de métropoles plus puissants. Force est de constater que ce projet n’a pas encore abouti et se heurte à la réalité d’une fracture territoria­le qui se creuse et nourrit les populismes. Il appartient désormais au chef de l’État de regarder cette réalité en face et d’y répondre, sans faux-semblants. L’heure est venue de finir le travail et de dire qui fait quoi et prélève quoi. La proximité des élections municipale­s puis régionales de 2020 et 2021 ne facilite pas l’exercice, alors que la majorité LRM ne dispose d’aucun ancrage local. Mais faute d’une initiative présidenti­elle, à laquelle Emmanuel Macron ne semble pas prêt comme en témoignent ses tergiversa­tions sur le Grand Paris, la France risque donc bien de continuer à offrir le triste spectacle d’un enchevêtre­ment de collectivi­tés trop nombreuses, trop dispendieu­ses et, surtout, très revendicat­ives. La vraie opposition à Jupiter n’est pas à chercher ailleurs...

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