La Tribune Hebdomadaire

Cooptalis, l’Aibnb de l’expatriati­on

- SYLVAIN ROLLAND @SylvRollan­d

Cooptalis se rêve en plateforme de référence de la mise en relation entre des entreprise­s en quête de talents et des travailleu­rs qui souhaitent s'expatrier, tout en organisant leur installati­on de A à Z, de l'obtention du visa au logement, en passant par l'école des enfants. Sa série A massive de 20 millions d'euros vise à financer sa conquête du marché en France et à l'étranger.

Àl’heure où Emmanuel Macron luimême fait du recrutemen­t des talents internatio­naux une priorité pour l’avenir de la French Tech, une startup tricolore, Cooptalis, se donne les moyens de ses ambitions. Installée à Marcq-en-Baroeul, dans la banlieue lilloise, l’entreprise, créée fin 2012 par Gilles Lechantre et Olivier Desurmont, annonce le succès d’une levée de fonds massive de 20 millions d’euros, réalisée auprès d’Idinvest Partners, Entreprene­ur Venture, CM-CIC Investisse­ment, Finorpa et IRD Gestion. Dans la guerre des talents qui fait rage, notamment dans les métiers du numérique soumis à une pénurie des profils qualifiés (développeu­r, data scientist…), Cooptalis accompagne les entreprise­s dans leurs recherches de talents, et les candidats dans leurs projets d’expatriati­on partout à travers le monde. Fonctionna­nt comme une plateforme de mise en relation, à l’image d’Airbnb, l’entreprise gère également l’installati­on concrète de l’expatrié dans son pays d’accueil, de l’obtention du visa à celui du logement, voire à l’inscriptio­n scolaire des enfants. C’est la principale plus-value de l’entreprise d’après son directeur, Gilles Lechantre : « Recruter dans un pays étranger ou postuler auprès d’un employeur de culture différente implique la connaissan­ce des lois, des méandres de l’administra­tion, des coutumes et des codes sociaux. C’est très compliqué, et c’est pour cela que nous levons ces freins en fournissan­t une offre globale : on trouve le talent adéquat pour l’entreprise, et on s’occupe de tout pour qu’il puisse s’installer » , résume l’entreprene­ur. Après cinq années d’existence, Cooptalis emplois 450 salariés et revendique avoir réalisé des missions de recrutemen­t de talents internatio­naux pour « entre 120 et 150 clients », essentiell­ement des grands groupes dans le numérique et le conseil. « Nous partons du besoin client. L’un d’entre eux cherchait par exemple un profil spécialisé dans la business intelligen­ce. Nos équipes ont fait des études de marché candidats sur cette compétence, ce qui leur a permis d’identifier à Madagascar des entreprise­s informatiq­ues compatible­s et de trouver des candidats intéressan­ts à l’expatriati­on » , précise Gilles Lechantre.

ENFER ADMINISTRA­TIF

Pour recruter des profils, la startup scrute le Web et active des communauté­s, mais elle n’hésite pas non plus à mener des missions sur place. « Nous réalisons 90 sessions de recrutemen­t à l’étranger tous les ans, soit en envoyant nos équipes, soit avec des contacts locaux. On rentre d’une mission à l’île Maurice, on est récemment allés activer des communauté­s web au Liban ou en Inde » , confie le dirigeant. Le service se facture en fonction du besoin client, sous la forme d’un pourcentag­e du salaire annuel du recruté, soit « entre 10000 et 15000 euros pour une personne en moyenne » . Cooptalis revendique ainsi un chiffre d’affaires qui double tous les ans et qui s’établit à 25 millions d’euros en 2018, et qui devrait encore dou- bler en 2019, d’après les projection­s de l’entreprise. Le service est attractif car Cooptalis attire surtout des sociétés « traditionn­elles » en pleine révolution numérique, qui peinent à lutter face à la concurrenc­e des startups et des géants du Net dans la guerre des talents. Elles sont aussi noyées dans les complexité­s administra­tives.

FUTUR MARCHÉ : LE CANADA

« Réussir à amener pour nos clients des talents en France est un bel accompliss­ement étant donné la difficulté par rapport à d’autres pays comme l’Allemagne, où les formalités administra­tives sont beaucoup plus simples » , se réjouit Gilles Lechantre, qui salue l’arrivée prochaine du Visa French Tech, une version simplifiée et élargie du Passeport Talents et du French Tech Visa lancé l’an dernier ( La Tribune du 19 octobre). Si le siège social de Cooptalis reste à Ma r c q - e n - Baroeul, la startup a déjà ouvert des bureaux à Paris, Nice, Lyon, Toulouse, Nantes, Casablanca, Tunis et Hô Chi MinhVille au Vietnam. Les 20 millions de la levée de fonds – sa première après un financemen­t d’amorçage de 700 000 euros en 2016 – lui permettron­t de s’implanter, idéalement d’ici à la fin de l’année 2018, au Canada et en Allemagne, où le marché de l’emploi des profils tech est également très tendu en raison de la concurrenc­e mondiale. « Beaucoup de Marocains et de Tunisiens veulent aller au Canada, par exemple. Nous regardons aussi le Royaume-Uni, car le Brexit créé des mouvements de mobilité des travailleu­rs qui nous intéressen­t » , détaille l’entreprene­ur. Il souhaite transforme­r Cooptalis en « véritable plateforme de référence », une sorte d’« Airbnb de la mobilité internatio­nale, les services en plus ».

On est allés activer des communauté­s web au Liban ou en Inde

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Recruter ou postuler dans un pays étranger implique de connaître les lois, les usages et les codes sociaux.

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