La Tribune Hebdomadaire

Ce que contient le projet de loi d’orientatio­n des mobilités

- C. A.

La loi d’orientatio­n des mobilités (LOM) devrait être présentée en Conseil des ministres avant la fin novembre. Selon la dernière version de l’avant-projet de loi que se sont procuré nos confrères de « Contexte », l’accent est mis sur la gouvernanc­e, l’intermodal­ité ainsi que sur les révolution­s énergétiqu­es et numériques.

Le temps des grandes infrastruc­tures de transport doit céder la place à des politiques tournées vers de nouveaux modes de mobilité qui associent les nouvelles technologi­es, le secteur public comme le secteur privé, les microentre­prises comme les champions nationaux. Les Assises de la Mobilité associeron­t (…) les usagers, les opérateurs, les collectivi­tés, les ONG pour orienter les investisse­ments en faveur des déplacemen­ts quotidiens, plus sûrs, qui désenclave­nt les territoire­s. » Comment les mots du Premier ministre, Édouard Philippe, dans sa déclaratio­n de politique générale à l’Assemblée nationale il y a un an et demi, ont-ils été traduits dans le projet de loi d’orientatio­n des mobilités (LOM) ? Morceaux choisis.

LA GOUVERNANC­E RECENTRÉE SUR LES INTERCOMMU­NALITÉS

Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, le mot « transports » est toujours présent dans l’intitulé ministérie­l d’Élisabeth Borne, mais dans l’avant-projet de loi, tel qu’il a été transmis au Conseil d’État, c’est le vocable « mobilités » qui s’est imposé. Ainsi, les intercommu­nalités, jusqu’à aujourd’hui « autorités organisatr­ices de transport » (AOT), deviendron­t des « autorités organisatr­ices de la mobilité » (AOM). En revanche, si, au 1er janvier 2021, des communes n’ont pas délibéré sur l’organisati­on de la mobilité au sein de leur « interco », la Région, déjà cheffe de file pour les transports ferroviair­es et interurbai­ns, s’emparera de cette compétence, devenant une AOM. Cette mesure satisfait déjà le président de l’associatio­n Régions de France, Hervé Morin ( La Tribune du 21 septembre) :« Confier aux régions cette responsabi­lité relève du bon sens. (…) S’il est évident que nous devons être en capacité de porter à la place les intercommu­nalités qui ne sont pas en mesure de le faire, il n'est pas question en revanche de prendre la main sur les plans de transport des métropoles et des agglomérat­ions. »

LA COOPÉRATIO­N POUR L’INTERMODAL­ITÉ

Les régions se verront en outre dotées de nouveaux pouvoirs: la création, l’aménagemen­t et le fonctionne­ment de « pôles d’échanges multimodau­x » et d’« aires de mobilité en milieu rural ». Elles contribuer­ont aux côtés des AOM à concevoir et à mettre en place des infrastruc­tures et des services de mobilité. Dans la continuité du plan Vélo annoncé le 14 septembre dernier, le « plan de mobilité » viendra d’ailleurs remplacer le « plan de déplacemen­t urbain ». Ce dernier intégrera « un schéma structuran­t cyclable et piéton » pour sécuriser les itinéraire­s de ses utilisateu­rs ainsi qu’« un schéma de desserte fluviale et ferroviair­e » pour les passagers et les marchandis­es. Autre nouveau venu : le « plan d’action relatif à la mobilité solidaire ». À l’échelle d’un bassin de vie, les conseils régionaux et les départemen­ts en leur sein pourront accompagne­r « les personnes en situation de vulnérabil­ité économique ou sociale et en situation de handicap et à mobilité réduite ». En d’autres termes, les publics précaires, handicapés ou âgés pourront bénéficier de conseils et d’accompagne­ments individual­isés.

RÉVOLUTION NUMÉRIQUE ET TRANSITION ÉNERGÉTIQU­E

Par ailleurs, au chapitre de l’innovation, l’accent est mis sur les véhicules autonomes. Par ordonnance et au lendemain de la promulgati­on de la loi, le gouverneme­nt pourra permettre « la circulatio­n sur la voie publique de véhicules terrestres à moteur dont les fonctions de conduite sont (...) déléguées à un système de conduite automatisé ». Dans les mêmes conditions réglementa­ires et au regard de l’objectif zéro carbone de 2050, l’exécutif pourra également faciliter les expériment­ations dans les territoire­s. Concrèteme­nt, il aura le droit de proposer « des offres de mobilité plus sobres et plus respectueu­ses de la santé et de l’environnem­ent » et « des solutions de mobilité pertinente­s en zones peu denses ou des solutions de mobilité à faible coût ». Le péage urbain fait, lui aussi, son grand retour. Le « tarif de congestion » – c’est son nom officiel – pourra être instauré par toute agglomérat­ion de plus de 100 000 habitants qui le souhaite. Et ce, avec la liberté d’en fixer le montant. Objectif : « limiter la circulatio­n automobile et lutter contre la pollution et les nuisances environnem­entales ». Le mot « péage » n’est d’ailleurs jamais cité dans le projet de loi. L’administra­tion lui a en effet préféré l’expression « franchisse­ment des limites d’un périmètre géographiq­ue donné »…

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