La Tribune Hebdomadaire

Cinq ans après le lancement du « master plan » de Jeremy Rifkin, un premier bilan de Rev3.

- GAËTANE DELJURIE

HAUTS-DE-FRANCE Depuis le lancement du « master plan » de Jeremy Rifkin pour mener une transforma­tion de l’ancien territoire minier et industriel, les initiative­s se sont multipliée­s. En octobre 2013, la Région écoutait avec circonspec­tion les propos de Jeremy Rifkin sur la troisième révolution industriel­le. Mais qu’est-ce que ce prospectiv­iste américain venait-il faire dans le Nord-Pas-de-Calais!? Appelé à la rescousse par Daniel Percheron, le précédent président de Région, et Philippe Vasseur, alors président de la CCI régionale, le chantre de l’économie verte lançait un master

plan pour faire de cet ancien territoire minier et industriel un laboratoir­e de la transition énergétiqu­e. L’objectif de l’époque!? « Manifester notre volonté collective#: réunir élus, chefs d’entreprise­s et monde académique, qui n’étaient pas forcément du même bord politique, était inédit », rappelle l’ancien ministre de l’Agricultur­e (1995-1997), qui a effectué en 2016 une mission expériment­ale de 18 mois sur la revitalisa­tion et la réindustri­alisation des Hauts-de-France

UNE DÉMARCHE UNIQUE EN FRANCE

Cinq ans après le lancement de ce mouvement de troisième révolution industriel­le, il s’est mué en Rev3, repris dans le programme du nouveau président de région, Xavier Bertrand. La démarche est unique en France. « Rev3 avec le R de robotique mais aussi l’intelligen­ce artificiel­le et le numérique#; le E de énergie qui regroupe également l’environnem­ent#; le V de vivant », décode Philippe Vasseur. Rev3 comptabili­se plus 800 projets accompagné­s. « Certains auraient pu se faire sans nous, d’autres ont été faits avec nous, nous avons été à l’origine de certaines actions », tempère Philippe Vasseur. Pour lui, l’une des réussites est la création d’une filière régionale autour du biométhane, à travers le cluster Méthania qui réunit des acteurs de la chambre d’agricultur­e au monde industriel. La région ambitionne d’être la première d’Europe pour le biogaz injecté. Un collectif se monte actuelleme­nt sur le solaire, un autre sur les réseaux électrique­s intelligen­ts.

D’autres thématique­s ont été relancées en 2018. Comme le projet d’autoroute A1 connectée pour recharger les véhicules électrique­s!; la création d’une filière hydrogène permettant de stocker les énergies renouvelab­les afin de remplacer les rames de TER!; le développem­ent de l’Internet de la logistique. Rev3 a mis en place un certain nombre d’outils, comme un accompagne­ment à la création via des accélérate­urs et une aide avec le Fonds Cap 3RI (ticket d’investisse­ment de 1 à 3 millions d’euros, assistance technique à hauteur de 100!000 euros). Le groupe Airflux, spécialist­e de l’air comprimé, a ainsi pu racheter l’entreprise lilloise Chaumeca, spécialist­e de l’épuration de gaz brut et de la méthanisat­ion. Cap 3RI a également investi dans Gazonor, afin de produire de l’énergie à partir de gaz de mine!; dans Astradec, acteur de la collecte et du traitement des déchets ou encore Drekan, qui prévoit l’installati­on d’un technocent­re consacré au reconditio­nnement d’éoliennes.

L’ingénierie et les réseaux de Rev3 sont souvent d’une aide précieuse pour faire évoluer la réglementa­tion, pas toujours adaptée à l’innovation.

DES TERRITOIRE­S DÉMONSTRAT­EURS

Du côté des collectivi­tés, Rev3 a structuré un réseau de territoire­s démonstrat­eurs!: l’agglomérat­ion du Saint-Quentinois avec la smart agri et un réseau contre le gaspillage, Tourcoing avec son projet de pôle d’excellence sur l’éco-innovation, l’union des communauté­s de communes

de l’Aisne et son projet de ferme photovolta­ïque, etc. « Le réseau va permettre que, si un territoire possède une expertise précise, il puisse en faire

profiter un autre », résume Philippe Vasseur. Impossible de prédire si, d’ici à 2050, la région aura réduit ses consommati­ons de 60 % mais elle a indéniable­ment pris une longueur d’avance. Et Philippe Vasseur de conclure!: « Cette volonté collective repose sur ce que j’appelle le consensus relatif#: vous ne pouvez pas vous mettre d’accord sur tout, […] concentron­s-nous sur les choses qui peuvent nous rassembler ».

« Le réseau va permettre que, si un territoire possède une expertise précise, il puisse en faire profiter un autre » PHILIPPE VASSEUR., ANCIEN MINISTRE DE L’AGRICULTUR­E

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[ANTOINE REPESSE] Philippe Vasseur a effectué en 2016 une mission expériment­ale de 18 mois sur la revitalisa­tion et la réindustri­alisation des Hauts-de-France.

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