La Tribune Hebdomadaire

Le printemps des « gilets jeunes »

- PHILIPPE MABILLE

Ce 22 février, une adolescent­e suédoise, Greta Thunberg, devenue l’égérie mondiale du climat depuis qu’elle a interpellé les gouverneme­nts mondiaux lors de la COP 24 en Pologne, sera l’invitée des lycéens français qui veulent se rassembler place de la République à Paris. À la veille de l’acte XV des « gilets jaunes », ce samedi, voir nos enfants enfiler des « gilets verts » pour dénoncer l’inaction des États contre le réchauffem­ent devrait nous réjouir. « Vous dites que vous aimez vos enfants par-dessus tout. Et pourtant vous volez leur futur » … La jeune Greta, du haut de ses 16 ans, n’a pas hésité à interpelle­r Emmanuel Macron, l’appelant à agir d’urgence#: « Si vous continuez à faire comme si de rien n’était, vous allez échouer et si vous échouez, vous serez perçu comme l’un des

pires méchants de l’histoire de l’humanité. » Et toc#! Depuis l’appel de Greta Thunberg, les mouvements lycéens pour le climat se sont multipliés dans le monde, et des manifestat­ions ont déjà eu lieu dans une quarantain­e de villes en France. À l’appel de la jeune suédoise et fort des 2 millions et quelques signatures de la pétition « l’Affaire du siècle » à l’initiative de quatre ONG, une grève mondiale pour la planète est prévue le 15 mars. Alors que la colère des « gilets jaunes » s’essouffle, en attendant de connaître ce que le chef de l’État proposera comme porte de sortie au Grand débat, c’est un printemps des « gilets verts » qui pourrait lui succéder, avec une colère toute aussi légitime.

Ce réveil de la société civile, jaune ou verte, est une bonne nouvelle si elle aboutit à transforme­r la colère

en actions. La difficulté pour les gouverneme­nts est de réconcilie­r les deux combats. Or jusqu’à présent, il faut bien le reconnaîtr­e, la fin du mois l’a emportée sur la fin du monde. Aux États-Unis, le « vilain » Donald Trump a dénoncé l’accord de Paris sur le climat et défend l’industrie du charbon. En France, Emmanuel Macron a dû renoncer à la hausse de la taxe carbone et reconnaît lui-même qu’il ne mettra pas fin par son rétablisse­ment à un mouvement né du rejet de cet impôt. C’est pourtant bel et bien ce qu’il devra faire, d’une façon ou d’une autre, si l’on veut changer les comporteme­nts des ménages et des entreprise­s (lire page 20). Car comment faire, sinon en donnant un signal prix, pour réduire la consommati­on d’énergies fossiles ? Comment susciter autrement l’innovation, la R&D dans les entreprise­s, dont les plus vertueuses appliquent d’ailleurs déjà un prix interne au carbone ? La solution est connue#: si taxe carbone il doit y avoir, ses recettes doivent être intégralem­ent redistribu­ées dans la transparen­ce sous forme d’aides à la transition énergétiqu­e. Les exemples de la Suède ou de la Colombie britanniqu­e devraient nous inspirer. Non seulement la consommati­on énergétiqu­e y a diminué, mais la croissance et les emplois verts y ont fleuri.

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