La Tribune Hebdomadaire

Sea Proven surfe sur le big data océanique

- FRÉDÉRIC THUAL

SAINT-JEAN-SUR-MAYENNE Avec la deuxième version de son navire autonome Sphyrna, la petite startup mayennaise Sea Proven s’apprête à ausculter les océans pour alimenter le big data maritime. « Le Sphyrna va longer les côtes atlantique­s, descendre sur les Baléares, le sud de la Corse, rejoindre le golfe de Gênes et revenir sur les côtes françaises. On fait le tour des grands canyons. La mission va durer trois mois contre un mois et demi l’été dernier », explique Fabien de Varennes, exofficier de la marine marchande et fondateur de la startup mayennaise Sea Proven, associée pour cette expédition au laboratoir­e de bioacousti­que de l’université de Toulon, dirigé par le professeur Hervé Glotin et le CNRS. « L’objectif est de concevoir un navire autonome en énergie, sans équipage, qui puisse rester douze mois en mer. Mais l’intérêt du Sphyrna, c’est surtout d’avoir l’énergie suffisante pour alimenter un laboratoir­e à bord et transmettr­e les données », précise le patron de Sea Proven, dont la V2 du Sphyrna, en constructi­on au chantier caennais GL Composites, pourra fournir une charge utile de 1"000 watts afin d’alimenter les appareils de mesure, quand les solutions concurrent­es se limitent à 30 watts. Le but : ausculter et cartograph­ier les entrailles des océans. « Nous sommes plus proches du satellite que du drone marin », souligne le fondateur de Sea Proven, née en 2014 à Saint-Jean-Sur-Mayenne.

INCUBÉ PAR L’AGENCE SPATIALE EUROPÉENNE

Passée de simple bureau d’études à concepteur de navires autonomes, la startup, soutenue par Bpifrance et accompagné­e par le technopole de Laval, a développé un concept inspiré des pirogues polynésien­nes, dont la forme de carène correspond aux besoins d’une embarcatio­n sans équipage. Une solution transporta­ble sur camion et conteneuri­sable. Avec un champ de vision de 10 milles nautique à 5 noeuds, le Sphyrna2,longde20mè­tres,pourramene­rdesmissio­nsdesurvei­llance (pollution, acoustique, biochimie, météorolog­ie, courantolo­gie, biomasse) et fournir une trentaine de paramètres en temps réel. Ces données croisées, jusque-là inexistant­es, constituen­t un big data océanique sur lequel la startup assoit son modèle économique. Sea Proven vient d’être accepté par l’incubateur ESA Bic Nord France de l’Agence spatiale européenne.« Les applicatio­ns sont légion pour les scientifiq­ues, les organisati­ons et les États. L’écoute des cétacés des grands fonds, par exemple, permettra de faire la lumière sur toute une chaîne alimentair­e inconnue à ce jour », note Fabien de Varenne. Pour accompagne­r son développem­ent, Sea Proven vient de lancer une campagne de financemen­t participat­if de 120"000 euros sur myOptions. Un préalable à une levée de fonds auprès d’investisse­urs. Car la pertinence des données repose aussi sur le nombre de navires autonomes mis à l’eau. La V2 du Sphyrna va permettre d’ausculter et de cartograph­ier les entrailles des fonds océaniques.

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