L’environnement, « ça commence à bien faire » !
Les élections européennes du 26 mai ont fait du dégât. La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon reléguée
au rang de feu le PS, la droite « éparpillée façon puzzle » qui se retrouve sans chef. Emmanuel Macron n’aurait pu rêver situation politique plus favorable": tel le boa dans Le Livre de la jungle, il a d’abord hypnotisé ses proies avant de les absorber puis de les digérer... Il se retrouve avec une droite qui se vend à la découpe, un tiers au Rassemblement national, un tiers à La République en marche (LREM), et un tiers de pauvres hères qui ne savent plus à qui confier leur destinée. Surtout, les électeurs français se retrouvent coincés dans un choix binaire entre la droite populiste et nationaliste de Marine Le Pen, avec sa nièce Marion Maréchal déjà en embuscade pour achever ce qu’il reste de la « droite Trocadéro », et LREM.
Sans alternative"? C’est sans compter avec Yannick Jadot, le leader d’Europe Écologie-Les Verts, qui, fort de sa troisième place aux européennes, est devenu soudain la personnalité préférée des Français (!) et commence à faire le ménage à gauche en jetant aux oubliettes les partis du xxe siècle. Les Verts, troisième force de la République, sont-ils en capacité de rassembler les débris de la gauche sociale-démocrate"? Le défi est loin d’être gagné, les écologistes restant divisés et marqués par une culture anticapitaliste, au nom d’une vision utopique de l’économie et de la société. Les dégâts de la montée des Verts commencent déjà à se voir à Paris, où Anne Hidalgo a stoppé la volonté de Total de devenir sponsor des JO de 2024, au motif que ce devront être des Jeux « zéro carbone » dans une ville qui se fixe cet objectif politique. Un sacré pied de nez à Patrick Pouyanné, le PDG de Total, qui n’a pourtant pas ménagé ses efforts pour « verdir » l’image du groupe pétrolier…
En 2010, Nicolas Sarkozy avait eu cette formule lors
du Salon de l’agriculture : « L’environnement, ça commence à bien faire!! » , deux ans après avoir sonné l’alarme climatique lors du Grenelle de l’environnement réclamé par Nicolas Hulot. En 2019, Hulot parti du gouvernement, l’environnement est devenu l’alpha et l’oméga de la vie politique et économique. Un mouvement parti de Suède commence à faire trembler les compagnies aériennes avec un slogan dévastateur, #hontedeprendrel’avion"; le secteur automobile vit sous la menace de très lourdes sanctions financières à défaut de respecter les ambitieux objectifs de réduction des émissions polluantes. À neuf mois des municipales, avec des Verts en arbitre dans la plupart des grandes villes, la marche vers la transition énergétique va accélérer, avec ou sans taxe carbone. Cette exigence aura des conséquences majeures sur notre vie en société, et va forcer tous les industriels à revoir en profondeur leur com’, pour passer du greenwashing au green acting.