« Tu seras éducateur de plantes, mon fils »
PROSPECTIVE En 2030, les collégiens d’aujourd’hui seront (peut-être) collecteurs d’eau atmosphérique, ingénieurs en modification génétique ou gestionnaires d’avatars.
La prospective est un exercice délicat. Exemple récent : l’immense majorité des économistes et analystes financiers n’a pas vu arriver la crise des subprimes de 2008. Le futurologue et conférencieraméricainThomasFrey,ancien d’IBM et directeur du DaVinci Institute de Westminster (Colorado), a néanmoins tenté d’imaginer ce que seront les 162 jobs du futur. Une liste de postes non exhaustive « et dont les titres ne sont pas tous vraiment explicables », ni facilement traduisibles.
Les transports en commun rapides comme Hyperloop, SkyTran, ET3 ou JPods (tous encore au stade de projet plus ou moins avancé) embaucheront des analystes de trafic, des optimisateurs de la demande et des rapporteurs d’expérience client.
DES VÉRIFICATEURS DE PARTAGE
La transition écologique aura besoin de collecteurs d’eau atmosphérique. L’économie du partage nécessitera des vérificateurs de partage et des guetteurs d’opportunités. Le domaine du quantified self (mesure de soi) cherchera des quantificateurs de compétences et des gardiens de la vie privée. Les sports du futur emploieront des éthiciens des modifications corporelles, des gestionnaires du cycle de vie « du berceau au cercueil » et des ingénieurs en modification génétique. L’industrie du drone cherchera des gourous de la classification (en fonction des lois) et des amortisseurs de critiques. L’industrie des capteurs devra trouver des gestionnaires de flux de données, des anthropologistes de systèmes et des « derniers kilométreurs » (l’endroit où finit la collecte de la donnée et où débute son usage). L’IoT (Internet des objets) aura besoin d’architectes de réalité augmentée et de gestionnaires d’avatars. Côté impression 3D, on recrutera des 3Dimensionneurs (capables de penser en trois dimensions) et des agents d’organes. Le big data réclamera des virtuoses de l’interface data, des gestionnaires du gaspillage de données et des spécialistes de la prise d’otages de données.
Le secteur des cryptomonnaies voudra attirer des spécialistes de la récupération des fonds volés, des évangélistes, philosophes et théoriciens des cryptos et des tacticiens du prêt. Les futurs micro grids (miniréseaux électriques) recruteront des développeurs de stockage de masse d’énergie et des spécialistes de la conversion d’énergie.
DES PROS DE LA NANO-MÉDECINE
Les constructeurs de véhicules autonomes seront en recherche de régulateurs de livraison, d’architectes de trafic automatisé et d’équipes de secours (si les choses tournent mal). Les « bio-usines » auront besoin de spécialistes de la nano-médecine, de séquenceurs de gènes et d’ « ADN scientists » . Les micro-universités (Thomas Frey pense que le modèle actuel de l’université a vécu) emploieront conseils en objectifs et en gestion de carrière. La silver economy réclamera des fournisseurs de services pour octogénaires (et plus), des thérapeutes de situations et des préposés aux étapes de la vie. L’agriculture du futur embauchera des ingénieurs d’usines de viande artificielle, des experts de l’altération des plantes, des agriculteurs urbains et des éducateurs de plantes (qui, selon de récentes études, possèderaient une forme d’intelligence). Et de nombreux secteurs et industries à bout de souffle ou obsolètes (santé, systèmes pénitentiaire et universitaire, agences gouvernementales, etc.) vont devoir engager des « démanteleurs » (dismantlers), capables de détruire des structures existantes de la manière la moins pénible possible.
nLes constructeurs de véhicules autonomes seront en recherche de régulateurs de livraison, d’architectes de trafic automatisé... et d’équipes de secours
P. C.