La Tribune Hebdomadaire

Dominique Fernier, l’accompagna­teur

- FRANÇOISE SIGOT

ENTREPREND­RE Tel un passeur, le président de Transpolis a su jeter des ponts entre recherche, industrie et collectivi­tés pour créer l’environnem­ent favorable à l’invention des mobilités du futur.

Il se dit « passionné par l’innovation », mais aussi « fasciné par les chercheurs qui savent décrypter les signaux faibles » et encore « certain depuis toujours qu’il faut créer des passerelle­s entre le monde scientifiq­ue et les usagers des technologi­es nouvelles ». Autant dire qu’avec de telles prédisposi­tions, Dominique Fernier ne pouvait guère échapper à l’aventure Transpolis. Ce pari a priori totalement fou d’une ville laboratoir­e où s’inventent les mobilités de demain. « Transpolis, c’est avant tout de l’intelligen­ce collective, le produit d’un énorme travail commun parti de l’intuition visionnair­e du pôle de compétitiv­ité LUTB, devenu CARA, sur les enjeux d’interactio­n entre les infrastruc­tures et les usagers. Ensuite, l’ensemble de la filière du transport a été vite convaincu qu’il fallait travailler collective­ment pour avoir un impact réel au niveau mondial. Nous avons donc fait un inventaire de ce qui existait et de ce qu’il nous manquait. C’était une ville laboratoir­e pour comprendre, mesurer, explorer au-delà des limites normales, les solutions de mobilité proposées », retrace le président de Transpolis, qui est également directeur de l’innovation et de technologi­e de l’Institut français des sciences et technologi­es des transports, de l’aménagemen­t et des réseaux (Ifsttar).

INTELLIGEN­CE COLLECTIVE

À l’entendre, on y verrait presque un jeu d’enfant. D’autant que, aujourd’hui, la réalité dépasse la fiction. Implantée sur 80 hectares de l’ancien camp militaire de La Valbonne dans l’Ain, Transpolis accueille les plus grands acteurs internatio­naux de la mobilité. Ils testent là leurs innovation­s dans un environnem­ent unique capable de produire une myriade de configurat­ions différente­s et de collecter un nombre infini de données. « Je suis surpris presque tous les jours de les voir travailler ensemble. Ils apprennent plus ici grâce à ces échanges collectifs qu’en restant seuls dans leur coin. Cette intelligen­ce collective vient nourrir et même apaiser », souffle Dominique Fernier. Surpris, satisfait et même presque fier, car, lorsqu’il faut tenir la barre par gros temps, mettre de l’huile dans les rouages et remobilise­r les troupes, il n’est jamais loin. « Dans ce type de projet, il y a toujours un moment ou l’on n’y croit plus. Je l’ai vécu ailleurs et ici. Nous avons eu notre lot de complexité­s administra­tives, financière­s, techniques, mais peut-être que j’ai cette capacité à marcher sur l’arête du sommet pour continuer. En tout cas, à ouvrir la voie car je n’ai jamais été seul pour accomplir tout cela. » Néanmoins, Dominique Fernier n’est pas dupe. Des écueils, il y en aura encore pour faire vivre et se développer cette ville laboratoir­e qui rassemble trois cultures très différente­s%: les chercheurs, l’industrie et les collectivi­tés. Mais il se montre serein. « Ce sont eux qui ont construit Transpolis. Nous faisons fonctionne­r cet outil qui les aide à déployer leurs projets collective­ment. En termes d’accélérati­on des développem­ents, c’est extrêmemen­t puissant », assure celui qui fonde son analyse au regard de ses autres vies profession­nelles%: la création d’une startup, des postes à responsabi­lité au sein de PME devenues ETI, de la recherche. De quoi accorder un peu de crédit à ce passionné d’exploratio­n et d’aventures extrêmes, dont le seul objectif est « d’écouter les visionnair­es et de leur permettre d’entreprend­re ». À Transpolis, voilà qui est fait%!

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