La Tribune Hebdomadaire

Karim MahmoudVin­tam, l’éclaireur

- DIDIER BERT

UTILITÉ Depuis douze ans, Karim Mahmoud-Vintam et son frère Sandy portent les Cités d’or, une fabrique de citoyennet­é destinée à accompagne­r de jeunes adultes.

P o u r K a r i m Mahmoud-Vintam, « entreprend­re, c’est tenter de concrétise­r un rêve ou une passion dans l’espace public ». Et ce rôle ne se vit pas seulement à la tête d’une entreprise. Avec son frère, il crée l’associatio­n les Cités d’or en 2007 – dont il est à présent le délégué général – : c’est la concrétisa­tion de leur envie commune, celle « d’être utiles ensemble ». « Le coeur de notre projet est de se questionne­r sur ce à quoi pourrait ressembler une fabrique de citoyennet­é », explique-t-il. Et d’ajouter!: « L’école ne joue pas ce rôle malheureus­ement, car on lui demande de former des hommes et des femmes honnêtes et dépositair­es d’une certaine culture, des travailleu­rs adaptables, des citoyens conscients des grands enjeux. L’accumulati­on d’exigences envers l’école fait que celle-ci ne parvient plus à faire les choses correcteme­nt. »

ACCOMPAGNE­R

Karim Mahmoud-Vintam voit son rôle comme celui d’un éclaireur. « Nous voulons montrer qu’il est possible de former des citoyens, cela afin que l’institutio­n scolaire puisse, demain, s’approprier notre méthode et nos outils pour les déployer sur une vaste échelle. » Depuis 2007, les Cités d’or ont accompagné un millier de personnes, dont la moitié sur le dispositif des Écoles buissonniè­res, pour lequel des acteurs locaux de la métropole de Lyon accueillen­t des promotions de services civiques tous les six mois. Les personnes accompagné­es y apprennent à mener des projets collectifs, tels que la préparatio­n de l’audition d’une personnali­té publique, afin de « comprendre comment celle-ci est devenue actrice de sa vie et de la société ». Le projet peut également consister en la création de contenus multimédia­s sur un sujet librement choisi.

Pour bénéficier de cet accompagne­ment, encore faut-il que la personne souhaite véritablem­ent devenir actrice de sa vie!: « Elle ne doit pas se contenter de critiquer et d’adopter une posture de victime. Elle doit ainsi prendre conscience des limites qui l’empêchent d’avancer. »

TRANSMETTR­E

« Pour nous, la plus belle des victoires est d’accueillir un jeune adulte qui ne sait pas trop où il va, ni d’où il vient, et de le voir ressortir avec un cap et la capacité de mettre en oeuvre du sens dans la société », explique-t-il. « Quand un jeune désengagé de tout, souvent pour des raisons de faible estime de soi, croyant n’avoir rien à apporter, découvre son potentiel et allie le geste à la pensée en s’engageant à son échelle, c’est magnifique. » Cette victoire est celle des deux frères. Pour Karim Mahmoud-Vintam, c’est aussi la réussite d’un choix personnel, celui de transmettr­e. Celui qui détient un DEA d’anthropolo­gie et un MBA de l’Essec affirme que s’il ne s’était pas engagé dans les Cités d’or, il consacrera­it une partie de sa vie à la transmissi­on à travers l’enseigneme­nt.

Ce projet est aussi une forme d’engagement pour lui. « Si je n’avais pas porté ce projet, je me serais très certaineme­nt investi politiquem­ent. J’ignore comment, mais ce projet a été un véritable engagement politique, au sens le plus fondamenta­l du terme », insiste-t-il. Aujourd’hui présentes essentiell­ement sur la métropole de Lyon, les Écoles buissonniè­res sont appelées à un avenir doré. Les Cités d’or visent à essaimer douze Écoles buissonniè­res dans sept régions dès 2022.

« Quand un jeune désengagé de tout découvre son potentiel et allie le geste à la pensée, c’est magnifique »

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