Rolland Arnaud, l’engagé

ENTHOUSIASME Rolland Arnaud, dirigeant de la Scop Fontanille, s’est engagé dans un ambitieux projet autour de la préservation du corail.

« Nous devons apporter notre pierre à la sauvegarde de l’environnement, c’est de la responsabilité de tout chef

d’entreprise!! » En réalité, la pierre de Rolland Arnaud pourrait bien être plutôt un rocher… Il avait accepté, l’année dernière, de recevoir en résidence l’artiste Jérémy Gobé. Le sculpteur, déjà engagé dans un travail sur le corail, avait été frappé par la dentelle point d’esprit de l’entreprise textile altiligérienne, créée il y a 150 ans. La similitude était presque parfaite avec la structure microscopique du corail. Une collaboration a été mise en place entre l’artiste, les scientifiques du Musée d’histoire naturelle et la PME altiligérienne.

Objectif!: le développement d’un substrat en dentelle permettant de développer des boutures de corail et de les implanter sur les récifs décimés. Après des tests de validation dans les aquariums de la Porte Dorée à Paris, les protocoles sont en cours d’écriture pour des essais grandeur nature, en mer. « C’est extrêmement ambitieux. Évidemment, cela représente un coût non négligeable pour une petite entreprise comme la nôtre (3 millions d’euros de chiffre d’affaires) mais il s’agit d’un projet qui nous dépasse, qui va bien au-delà d’une histoire économique. Nous devons le faire!! Non seulement c’est notre devoir, mais en plus nous en sommes extrêmement fiers », s’enthousiasme Rolland Arnaud.

AVENTURIER

À 56 ans, l’Altiligérien travaille pour Fontanille depuis trente ans… Au fil des décennies, il est devenu un pilier de la PME, en assumant diverses fonctions. De la production au service com

mercial. Jusqu’à 2012, année où Fontanille a été liquidée. « Il y avait eu des erreurs stratégiques avec une croissance externe qui s’est avérée catastrophique », se souvient Rolland Arnaud. À cette époque, le presque quinquagénaire s’interrogeait sur son avenir et ses envies grandissantes de devenir entrepreneur. Et si la liquidation de Fontanille était l’occasion de réaliser ce désir naissant!? Quelques jours de réflexion lui ont suffi pour se décider et s’engager dans un projet de Scop. « En 2012, les Scops n’étaient pas aussi développées qu’aujourd’hui. On faisait figure d’aventurier. Nous n’étions pas assez bien organisés, nous avons dû batailler

dur pour que le tribunal de commerce accepte notre projet », sourit l’entrepreneur. Et de rappeler!: « Nous avions, je pense, une

bonne dose d’inconscience. Le projet était risqué. »

Sept ans plus tard, Fontanille est toujours debout, avec un chiffre d’affaires de l’ordre de 3 millions d’euros. Humble, n’appréciant pas forcément d’être placé sous les feux de la rampe, Rolland Arnaud préfère mettre en avant « l’esprit d’équipe » et « l’intelli

gence collective » qui animent l’équipe de la Scop depuis le début. « J’ai seulement oeuvré à leur redonner la fierté de leur travail. » Néanmoins, c’est bien sous l’impulsion de ce dirigeant engagé que la PME, spécialisée dans la fabrication de textiles destinés aux bas lingeries autofixants et aux bas médicaux de contention, a entrepris une belle mutation. « Une vie est faite de projets. Certains échoueront, mais, au moins, nous aurons essayé. » Ce passionné de trail mise sur l’endurance et la résilience pour faire avancer son entreprise. n