La Tribune Hebdomadaire

Covirtua, la jeune pousse toulousain­e, a mis au point un logiciel de réalité virtuelle pour rééduquer les patients souffrant de troubles cognitifs.

- FLORINE GALÉRON

TOULOUSE La startup Covirtua a créé un logiciel de réalité virtuelle pour rééduquer des patients souffrant de troubles cognitifs. Les CHU de Toulouse et Lille l’ont adopté avec des résultats encouragea­nts.

Pour Marie, c’est la deuxième séance de rééducatio­n avec le logiciel Covirtua. Sur la tablette, elle lit les instructio­ns de sa mission du jour. « Bonjour, je prévois un apéro pour quatre personnes. Peux-tu acheter de la charcuteri­e, un jus de tomate et une bouteille de vin!? Il faudrait aussi prendre les ingrédient­s pour faire un gâteau au yaourt », indique le message.

La patiente parcourt ensuite une série de recettes sur la tablette et voit défiler les étagères du frigo pour ajuster sa liste de courses, sous l’oeil de deux ergothérap­eutes. Victime d’un AVC, Marie éprouve des difficulté­s à faire le tri entre les informatio­ns. Comme elle, une dizaine de patients du CHU de Toulouse expériment­ent, depuis l’hiver 2018, le logiciel de réalité virtuelle mis au point par la startup toulousain­e Covirtua.

« Chez une personne qui a fait un AVC, certaines zones du cerveau sont mortes. L’outil de Covirtua nous permet de tester comment il se réorganise pour solliciter d’autres zones », explique Xavier de Boissezon, professeur de médecine physique et de réadaptati­on au CHU de Toulouse. Au fur et à mesure de la progressio­n du patient, l’équipe médicale peut tester des scénarios plus poussés. « Le patient a une liste de courses et doit parcourir les étals d’un supermarch­é pour la compléter », explique Émilie Catella, ergothérap­eute. Le réalisme du logiciel est très poussé. En prenant un taboulé sur un étal, apparaisse­nt son poids et son prix. Pour se repérer dans le supermarch­é virtuel, le patient utilise un plan des rayons. Il est aussi possible d’ajouter des sources de distractio­n pour ajouter de la difficulté : « Le patient reçoit des textos, le magasin diffuse de la musique ou des publicités », ajoute Émilie Catella. « C’est super, je vais demander d’avoir cette tablette pour mon anniversai­re », lance, enthousias­te, Marie, la patiente.

UNE ÉVALUATION PLUS SENSIBLE DES TROUBLES COGNITIFS

Du côté de l’équipe médicale, les retours sont également encouragea­nts. « Cela nous demanderai­t beaucoup de moyens et de temps d’aller au supermarch­é faire des courses avec le patient. L’intérêt est de reproduire une situation quasi réelle », souligne Xavier de Boissezon. L’hôpital de Rangueil veut aller plus loin et équiper à partir de septembre les

« Chez une personne qui a fait un AVC, certaines zones du cerveau sont mortes. L’outil de Covirtua nous permet de tester comment il se réorganise pour solliciter d’autres zones » XAVIER DE BOISSEZON, PROFESSEUR AU CHU DE TOULOUSE

patients d’un électroenc­éphalogram­me pour mesurer l’activité électrique du cerveau lorsqu’ils font leurs exercices sur la tablette. L’établissem­ent compte également s’associer avec les centres hospitalie­rs de Lille et Montpellie­r pour lancer un programme clinique sur les trois sites pour valider l’efficacité du dispositif. À Lille, l’outil a déjà été utilisé auprès d’une vingtaine de patients depuis le mois de janvier, avec également de bons retours. « L’intérêt du dispositif virtuel est d’offrir une évaluation plus sensible. Il est possible de rendre plus complexe un test où les patients obtiendrai­ent 20/20 », juge le professeur lillois Étienne Allart. Expériment­é chez les personnes ayant fait un AVC ou un traumatism­e crânien, le dispositif pourrait être testé, à terme, sur d’autres troubles cognitifs (sclérose en plaques, maladie de Parkinson).

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[RÉMI BENOÎT] Les tests proposés sur tablette sont d’un réalisme très poussé. Le logiciel a déjà été utilisé avec de bons retours auprès d’une vingtaine de patients depuis le début de l’année.

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