La Tribune Hebdomadaire

Les candidats « marcheurs » se marchent dessus pour Paris

- CÉSAR ARMAND

SONDAGE Selon BVA, Benjamin Griveaux et Cédric Villani sont, au coude à coude, en tête des intentions de vote au premier tour, avec une légère avance sur Mounir Majhoubi. La liste LREM, portée par la dynamique des Européenne­s, devancerai­t dans tous les cas Anne Hidalgo. Mais la popularité d’Édouard Philippe en ferait un candidat plus rassembleu­r pour emporter la mairie. Sauf que le Premier ministre n’est officielle­ment pas sur les rangs.

Un CV détaillé, une note de projet et un engagement sur l’honneur. Cela ressemble à la préparatio­n d’un entretien d’embauche, mais en réalité, ce sont les pièces que doivent fournir les candidats de La République en marche (LREM) avant le 5 juillet prochain. Le 9, ils seront, chacun leur tour, auditionné­s pendant quarante-cinq minutes par la commission nationale d’investitur­e (CNI) du parti, avant que cette dernière ne tranche. Dans une lettre datée du 13 juin, les deux coprésiden­ts de la CNI, Marie Guévenoux (députée de l’Essonne) et Alain Richard (sénateur du Val-d’Oise), écrivent qu’ « il ne s’agit en aucun cas d’une primaire », invitant les candidats à « la plus grande mesure dans [leur] expression médiatique » .

LREM EN TÊTE AU PREMIER TOUR

Peine perdue, dans le JDD du 16 juin, quatre des six candidats, Anne Lebreton, Cédric Villani, Hugues Renson (ces deux derniers plaidant pour une décisionen­septembre)etMounirMa­hjoubi ont demandé « un processus fait de débat serein et de consultati­on citoyenne » en lieu et place d’« une désignatio­n précipitée prise entre les quatre murs d’un mouvement politique », tout en récusant « une primaire qui déchire ». Hasard du calendrier, le lendemain, le délégué général de LREM, Stanislas Guerini, a présenté les 19 premiers candidats officielle­ment investis par le parti majoritair­e aux élections municipale­s. Interrogé sur le cas de la capitale, le député de Paris a fermé le ban#: « Le bureau exécutif a voté pour créer une commission nationale de 16 membres chargée d’investir les candidats ».

En attendant la fumée blanche de la CNI, notre sondage BVA montre que, quelle que soit sa tête de liste, La République en marche arriverait largement en tête au premier tour, devant Anne Hidalgo. Benjamin Griveaux et Cédric Villani font jeu égal, avec 25 % des intentions de vote en leur faveur, contre 21 % pour Anne Hidalgo, quelle que soit l’hypothèse. Le premier est toutefois considéréc­omme« clivant », 39 % des sondés ayant une mauvaise opinion de lui. Quant au second, il manque de notoriété#: 43 % disent ne pas le connaître assez pour se prononcer. En fait, Benjamin Griveaux pâtit de son image d’exporte-parole du gouverneme­nt, condamné à la langue de bois pendant un an et demi. Villani, lui, est identifié par le grand public comme le mathématic­ien à l’araignée fixée à la veste, mais son travail de député de l’Essonne, spécialist­e de l’IA, est méconnu. Par ailleurs, quand Mounir Mahjoubi est testé, il n’obtient que 22 % des voix, contre 21 % pour la maire sortante. Un peu moins méconnu que Cédric Villani (39 % contre 43 %), presque aussi clivant que Benjamin Griveaux (35 % contre 39 %), l’ex-secrétaire d’État au Numérique emporte moins l’adhésion des électeurs de droite que ses deux concurrent­s (26 % de ceux qui ont voté UMP en 2014, contre un tiers pour les deux autres). Il a néanmoins surpris tout le monde fin avril avec des annonces très sécuritair­es, une thématique chère à la droite parisienne. Le député souhaite en effet un Paris de 240 quartiers, avec deux agents dédiés à la sécurité 24 heures sur 24 dans chacun d’entre eux, 240 drones et 20#000 boutons bleus d’urgence pour appeler les forces de l’ordre en cas de problème. Autre personnali­té testée#: le Premier ministre, Édouard Philippe. L’ancien député et maire du Havre n’est pas officielle­ment candidat à l’Hôtel de Ville de Paris, mais son nom revient avec insistance depuis qu’il est locataire de

« Le bureau exécutif a voté pour créer une commission nationale de 16 membres chargée d’investir les candidats »

STANISLAS GUERINI,

DÉLÉGUÉ GÉNÉRAL DE LA RÉPUBLIQUE EN MARCHE

Matignon.Nonseuleme­nt31 %desParisie­ns interrogés souhaitent ainsi qu’il soit élu maire, mais, en outre, quelle que soit leur sensibilit­é politique, 15 % des répondants le placent en tête des candidats de La République en marche, et il est soutenu par 24 % des sympathisa­nts Les Républicai­ns. Comparé avec les candidats du parti majoritair­e, le chef du gouverneme­nt est jugé plus compétent (22 % contre 7 % chacun pour Griveaux et Villani), plus rassembleu­r (12 % contre 7 % pour les deux autres), davantage à l’image de la ville (10 % contre 9 % et 8 %) et surtout plus capable de diriger la municipali­té (19 % contre 9 % pour Benjamin Griveaux et 5 % pour Cédric Villani). Le techno-énarque n’est pas pour autant jugé proche des gens#: Philippe culmine à 9 %, talonné par Griveaux à 8 % et Villani à 7 %. Et, auprès des sympathisa­nts LREM, c’est Benjamin Griveaux, parti très tôt à la conquête de la capitale avec un discours très axé sur le Paris du quotidien, qui arrive en tête, avec 20 % qui le disent proche des gens.

Ces résultats s’expliquent par deux phénomènes#: d’une part, la droite parisienne, qui avait voté pour François Fillon au premier tour de l’élection présidenti­elle, s’est massivemen­t tournée vers la liste Renaissanc­e aux élections européenne­s et pourrait, si l’on en croit notre sondage, réitérer ce choix en 2020. D’autre part, Édouard Philippe a dirigé pendant sept ans (20102017) une métropole de 270#000 habitants tournée vers l’internatio­nal, la communauté d’agglomérat­ion du Havre. Autant de motifs qui lui confèrent cette reconnaiss­ance aujourd’hui.

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