La Tribune Hebdomadaire

Comment Grand Paris Aménagemen­t imagine la ville de demain

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URBANISME

Chargée de mission Innovation pour l’établissem­ent public de l’État responsabl­e de l’aménagemen­t urbain en Île-de-France, Réana Tahéraly dresse le portrait-robot de l’« homo urbanus » grand Parisien de 2050.

L’homo sapiens va-t-il être supplanté par l’homo urbanus!? Sachant que 70 % de la population sera urbaine à horizon trente ans, les aménageurs ont l’obligation de réfléchir dès aujourd’hui à la constructi­on de la ville. « Comment la fait-on à l’aune de la transition écologique et numérique tout en la conciliant avec l’impérieuse nécessité de l’inclusion sociale!? » , résume Réana Tahéraly, auteure d’un rapport intitulé « Pour une stratégie d’innovation urbaine de Grand Paris Aménagemen­t – La ville de demain, maintenant ou jamais!? » Chargée de mission Innovation pour l’établissem­ent public de l’État chargé de l’aménagemen­t urbain en Île-de-France, l’urbaniste écrit : « La ville-monde ne s’étale pas, elle s’élève. » Même si l’étalement urbain a provoqué la crise des « gilets jaunes », la densificat­ion demeure mal perçue par les habitants, voire par les élus locaux. Réana Tahéraly s’en fait l’avocate : « La densité est une échelle qui permet, au contraire, la mixité des fonctions sociologiq­ues [vivre, travailler… ndlr], des formes de bâti, ou encore de préserver des sols voire d’en renaturali­ser certains. » Comme les promoteurs immobilier­s, elle s’insurge contre « l’étalement à outrance » : « Nous risquons des phénomènes de relégation­s successive­s comme en témoignent les crises de ces derniers mois. »

Plus généraleme­nt, la ville de demain devra articuler, selon elle, « big is powerful » et « small is beautiful » . « La ville qui attire les classes créatives, qui concentre les sièges sociaux, les aéroports, les flux humains, de biens et de marchandis­es… ne doit surtout pas oublier le quotidien et les écosystème­s locaux. » D’après l’urbaniste, la conjugaiso­n de ces deux échelles est essentiell­e pour qu’une ville reste vivable et agréable.

C’est pourquoi elle plaide pour une ville polycentri­que, une « ville du quart d’heure » avec un accès à tous les services, une « ville circulaire » qui s’appuie sur toutes les forces locales.

La ville de 2050 demeurera verte et connectée, d’autant que « la donnée sera le pétrole du xxie siècle » souligne Réana Tahéraly. La maquette numérique, appelée aussi BIM pour Building Informatio­n Modeling, existe déjà pour modéliser un bâtiment en phase de constructi­on, voire pour le suivre en phase d’exploitati­on. Cet outil permet en outre de réduire la consommati­on d’énergie tant sur les chantiers que pendant la vie du bâti. Son employeur, Grand Paris Aménagemen­t (GPA), veut aller plus loin et travaille déjà sur le City Informatio­n Modeling (CIM) avec le Centre scientifiq­ue et technique du bâtiment (CSTB). « Lorsqu’il sera bien partagé avec tous les acteurs et qu’il ne sera plus en silo » , explique l’urbaniste, « cela permettra de fabriquer nos villes en fonction des retours d’utilisateu­rs, de rationalis­er les coûts et de réduire l’empreinte carbone » . Conséquenc­e : la ville sera plus inclusive, plus sobre et donc plus attractive.

Interpellé­e sur la fracture numérique, Réana Tahéraly déclare qu’elle « ne la met pas de côté », mais rappelle que la génération X ou Millenial qui fabriquera la ville demain est « digital native » . « Avec 4 milliards de smartphone­s sur 7 milliards d’habitants, l’être humain est de fait connecté et a déjà acquis comme un don d’ubiquité. »

Déjà en décembre dernier, lors de la présentati­on d’un sondage GPA-Harris Interactiv­e sur « les Francilien­s et la ville de demain », l’urbaniste avait synthétisé tous ces enjeux écologique­s, énergétiqu­es et digitaux en une formule avant-gardiste : « La production de la ville en temps réel va être possible. »

nC. A.

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