Pourquoi le Canada s’intéresse au Grand Paris
IMMOBILIER
Le Québec comme l’État fédéral se sont associés avec deux acteurs franciliens de l’immobilier de bureau.
Deux coopérations coup sur coup. Le Canada est revenu en force dans le Grand Paris au printemps 2019. Déjà actionnaire de Gecina, la filiale immobilière de la Caisse de dépôt et de placement du Québec (CDPQ), Ivanhoé Cambridge s'est associé avec le fonds d'investissement Icamap pour créer le fonds Icawood. Doté de 750 millions d'euros en fonds propres, soit 1,6 milliard d'euros avec l'effet de levier des financements, il doit permettre l a c o ns t r uct i o n d e 2 0 0 "000 à 300"000 mètres carrés de bureaux en bois massif lamellé-croisé (CLT) dans la Métropole du Grand Paris (MGP) à l’horizon 2028. Cette signature intervient également dans un contexte où
1 à 1,2 million de mètres carrés de bureaux sont lancés chaque année en Île-de-France. « Cela fait partie de nos priorités en immobilier d'entreprise, souligne le directeur général Europe d'Ivanhoé Cambrige Karim Habra. Nous voulons nous positionner comme un investisseur de long terme sur des projets à forte création de valeur ajoutée : tours à la Défense, 105!000 mètres carrés dans le XIIIe avec les tours Duo, acquisition ducampusd'EDFàSaint-DenisPleyel… »
DES STRATÉGIES DIFFÉRENTES
Le fonds Icawood sera géré par Icamap, cofondé par Guillaume Poitrinal, coprésident de Woodeum, promoteur spécialiste du CLT, et développé exclusivement par WO2, filiale de Woodeum consacrée à l'immobilier d'entreprise. « Nous partons d'une feuille blanche, explique son président Philippe Zivkovic. À partir de nos expériences respectives, nous sommes en capacité de trouver de nouveaux projets. » Les zones de prédilection seront les sites proches des transports « à fort développement » comme le nord-est parisien et les Hauts-de-Seine. « Guillaume Poitrinal et Philippe Zivkovic sont des références sur le marché immobilier » , salue de son côté Karim Habra d'Ivanhoé Cambridge. « Le bois massif lamellé-croisé apporte en outre des hautes performances techniques et architecturales. Il est porteur, léger, modulaire, esthétique, très performant en matière acoustique, plus rapide à construire que le béton, ce qui permet de réduire la durée du chantier. »
Par ailleurs, au niveau de l'État fédéral, l'Office d'investissement du régime de pensions du Canada (OIRPC) a conclu un partenariat avec La Française et son actionnaire la Caisse fédérale du Crédit mutuel Nord Europe (CMNE) pour développer une foncière Grand Paris. La coentreprise entre OIRPC (80 %) et le CMNE (20 %), baptisée Société foncière et immobilière du Grand Paris, sera dotée de 387,5 millions d'euros et copilotée par deux cadres de La Française : Anne Génot et Guillaume Pasquier. « La thèse est simple : le potentiel économique du Grand Paris est tel qu'il justifie de mettre en place des stratégies immobilières différentes » , résume ce dernier. La collaboration repose sur trois critères : des endroits desservis par le Grand Paris Express, des prises de position dans des grands projets urbains comme ceux retenus lors des appels à projet Inventons la Métropole et dans des quartiers mixtes mêlant bureaux et logements.
« Les investisseurs étrangers regardent toujours la France avec intérêt, d'autant plus dans la perspective d'un no-deal avec le Royaume-Uni, et le Canada ne fait pas exception » , assure David Lacaze, associé et responsable de la pratique immobilière au cabinet d'avocats d'affaires Herbert Smith Freehills, qui a conseillé l'Office canadien. Déjà enoctobre 2018,GroupamaImmobilier avait vendu à la Défense le siège de RTE, Widom, à Oxford Properties, branche immobilière d'Omers, fonds de pension des employés municipaux de l'Ontario, pour 477 millions d'euros.
nC. A.