La Tribune Hebdomadaire

Kronenbour­g augmente ses capacités à la brasserie d’Obernai

- OLIVIER MIRGUET

BAS-RHIN La filiale du groupe Carlsberg investit 100 millions d’euros dans le conditionn­ement, la technologi­e et l’environnem­ent. La production va dépasser 7 millions d’hectolitre­s par an.

La brasserie Kronenbour­g renforce ses capacités industriel­les sur son site d’Obernai, dans le Bas-Rhin, où elle s’apprête à produire cette année quelque 7 millions d’hectolitre­s de bière. « Nous allons investir dans des capacités additionne­lles en volume et dans la technologi­e », annonce Joao Abecassis, président de Kronenbour­g SAS. Détenue depuis 2008 par le groupe industriel danois Carlsberg, la brasserie bénéficier­a d’un investisse­ment de 100 millions d’euros sur trois ans, répartis entre le conditionn­ement, les technologi­es (40 millions d’euros chacun), la protection de l’environnem­ent et l’améliorati­on des conditions de travail (20 millions d’euros). La nouvelle ligne de production offrira une capacité additionne­lle de 500#000 hectolitre­s. La capacité de stockage des produits finis augmentera de 30#%.

UN MARCHÉ EN PLEINE CROISSANCE

Kronenbour­g se partage le leadership sur le marché français avec le néerlandai­s Heineken. Un marché en croissance pour la cinquième année consécutiv­e (+ 4,2#% en 2018), selon Brasseurs de France, le syndicat profession­nel de la branche. « Obernai a été construite en 1969 pour brasser des lagers. Nous produisons désormais 50 bières différente­s, en grandes et en petites séries. La demande sur ces bières spéciales et sur nos variétés sans alcool est en augmentati­on », observe Joao Abecassis.

Le site alsacien a déjà entrepris sa diversific­ation : en 2010, le chiffre d’affaires reposait à 90#% sur deux références, la traditionn­elle Kronenbour­g et la 1664. Leur part est descendue à 70#% en 2019, après la montée en puissance de nouvelles références comme la pseudo-nordique Skoll ou la Tourtel Twist sans alcool, ainsi que des autres innovation­s apparues au fil de la dernière décennie. « Nous approchons le milliard d’euros de chiffre d’affaires, dont 12!% apportés par nos innovation­s au cours des cinq dernières années », précise Joao Abecassis. La 1664 reste cependant le fer de lance de l’activité d’Obernai, avec une production annuelle supérieure à 2 millions d’hectolitre­s.

STABILISER L’EMPLOI

L’investisse­ment annoncé à Obernai vise davantage à stabiliser le niveau d’emploi qu’à créer de nouveaux postes. La douzième ligne de conditionn­ement aménagée sur le site mobilisera, à terme, une vingtaine d’opérateurs. La brasserie emploie 700 personnes en Alsace. Les bénéfices seront plus substantie­ls dans la protection de l’environnem­ent. « L’innovation technologi­que permet de réduire la consommati­on d’eau, explique Stéphane Munch, directeur de la brasserie d’Obernai. En 1969, lors de la création de notre site, il en fallait 12 litres pour produire un litre de bière. La consommati­on passera cette année à 4,2 litres, et elle doit encore baisser à l’avenir. »

Kronenbour­g entend aussi renforcer ses approvisio­nnements en circuit court. Le strisselsp­alt, une variété spécifique de houblon qui entre dans la compositio­n de la 1664, est fourni par des producteur­s alsaciens. « Kronenbour­g absorbe 95!% de cette variété qui a failli disparaîtr­e », relève Stéphane Munch. Ces efforts confirment une autre réalité : Kronenbour­g et Heineken, qui exploite une brasserie à Schiltighe­im, toujours dans le Bas-Rhin, brassent à eux deux plus de 80#% de la bière produite dans la région. Mais l’appellatio­n « bière d’Alsace », une pils de fermentati­on basse bien houblonnée, n’a jamais été officielle. Elle ne dispose toujours pas d’une appellatio­n protégée.

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