La bataille MUNICIPALES MARS de 2020 Paris
MUNICIPALES. Hidalgo en perte de vitesse. Une dynamique favorable pour LREM, avec Griveaux et Villani au coude à coude. L’inconnue Philippe. Le sondage BVA La Tribune Orange RTL LCI révèle l’état de l’opinion des Parisiens neuf mois avant l’élection.
La bataille de Paris 2020 va commencer. Dans moins d’un an, en mars 2020, les Parisiens seront appelés soit à confirmer la maire sortante, la socialiste Anne Hidalgo, élue en 2014 (après avoir accompagné Bertrand Delanoé depuis 2001), soit à élire une nouvelle majorité pour la ville-monde qu’est devenue la première métropole française. Pour Emmanuel Macron, c’est un test décisif pour la consolidation de son assise politique, alors qu’un électeur parisien sur trois a choisi sa liste Renaissance aux élections européennes. Problème pour le président de la République, dont les relations avec la maire actuelle sont plutôt fraîches, Anne Hidalgo semblait jusqu’ici difficile à battre. Dans un sondage Ifop pour le JDD fin mars, la maire
sortante était donnée en tête au premier tour avec 23 % à 25 % des intentions de vote. Fin juin, la dynamique semble s’être retournée!: selon notre sondage BVA La Tribune Orange RTL LCI, Anne Hidalgo, avec 21 % au premier tour, serait devancée par tous les candidats que pourrait lui opposer Emmanuel Macron.
Deux candidats LREM se dégagent!: Benjamin Griveaux, ancien porte-parole du gouvernement et député de Paris, et Cédric Villani, député de l’Essonne, avec 25 % d’intentions de vote chacun. Ils distancent de 3 points Mounir Majhoubi, ancien secrétaire d’État au numérique et également député de Paris. Au vu de ces résultats, on comprend mieux la tension qui règne au sein de la commission d’investiture qui doit décider le 9 juillet qui portera les couleurs du mouvement dans la capitale. Mais la perspective d’une « primaire » a été clairement rejetée par Stanislas Guérini, le délégué général du mouvement macroniste (lire page 6). Notre sondage permet de dégager ce qui distingue le plus les principaux candidats LREM en lice, notamment dans leur structure d’image. Benjamin Griveaux bénéficie d’une bonne notoriété (69 %) mais son image est jugée clivante!: 30 % ont une bonne opinion de lui mais 39 % ont un jugement négatif, sans doute en raison de ses déclarations jugées maladroites ou arrogantes pendant la crise des « gilets jaunes ». Mais il a de bons scores au sein des sympathisants LREM en termes de compétence et il est devant ses rivaux sur les indicateurs « proche des gens » et « à l’image de la ville de Paris » . Cédric Villani pâtit d’un plus grand déficit de notoriété mais le solde d’image du médaillé Fields de mathématiques est bon puisque 34 % des Parisiens ont une bonne opinion de lui contre 23 % mauvaise. Mounir Majhoubi apparaît un peu plus en retrait!: 39 % des Parisiens déclarent ne pas le connaître suffisamment, et sa personnalité est jugée clivante dans un rapport inversé avec Benjamin Griveaux!: l’ancien secrétaire d’État au Numérique emporte moins l’adhésion des électeurs de droite que l’ancien porte-parole ou Cédric Villani. « Or, ces deux derniers bénéficieraient du vote d’un tiers des personnes ayant voté pour l’UMP en 2014 » , souligne Christelle Craplet, de BVA.
ÉDOUARD PHILIPPE « TUERAIT LE MATCH »
Une chose semble sûre, le choix sera d’abord celui d’Emmanuel Macron lui-même. Pas très « nouveau monde » pour la méthode, mais comment imaginer qu’il en soit autrement ? Dans ce contexte, une inconnue continue de planer sur les municipales à Paris!: qui sera selon le chef de l’État le candidat le plus assuré de vaincre Anne Hidalgo ? Avec BVA, nous avons donc testé l’hypothèse Édouard Philippe, dont le nom a été maintes fois cité comme s’intéressant à Paris. L’ancien maire du Havre a pour lui l’expérience de l’élu local et la notoriété de la fonction de Premier ministre. D’après notre sondage BVA, clairement, Édouard Philippe « tuerait le match » s’il devait se présenter. Il est considéré par les Parisiens comme celui qui ferait le meilleur maire de Paris (15 %), devant Benjamin Griveaux (10 %). Mieux, quand on interroge les sondés sur la personnalité dont ils « souhaitent » qu’elle soit élue maire de Paris, le Premier ministre est devant à 31 % devant Anne Hidalgo, à 28 %, et Benjamin Griveaux, à 22 %.
Quant à la droite parisienne, divisée entre les LR avec Rachida Dati, dont le score reste stable autour de 15 à 16 %, et la liste « Agir » de PierreYves Bournazel (5 à 6 %), elle ne
Anne Hidalgo semblait jusqu’ici difficile à battre. Fin juin, la dynamique semble s’être retournée « À neuf mois des élections, tout est encore ouvert » »
CHRISTELLE CRAPLET,
BVA
semble pas en mesure de l’emporter. Les Verts restent forts avec 13 % d’intentions de vote au premier tour, contre 9 % en 2014, mais font moins bien que leur score aux Européennes (près de 20 % à Paris, et premiers dans les 10e, le 18e, le 19e et le 20e). Ils peuvent espérer jouer un rôle de faiseurs de roi ou de reine et orienter encore plus la politique municipale vers l’écologie et la lutte contre la pollution.
Notre sondage apporte des éclairages sur la tonalité de la campagne à venir. D’abord, même elle est fragilisée, Anne Hidalgo conserve son socle électoral, avec une forte résilience au regard des attaques permanentes dont elle fait l’objet. Elle reste massivement soutenue par la gauche parisienne, les Verts, les employés et ouvriers et par la moitié des jeunes électeurs (53 % des 18-34 ans). Elle est donc loin d’avoir perdu la
ville et les Parisiens lui font crédit de la fermeture des voies sur berge!: 63 % des sondés souhaitent qu’elles restent piétonnes. En revanche, la personnalité d’Anne Hidalgo demeure clivante!: 58 % des sondés ne sont pas satisfaits de son action (dont 38 % ne sont pas du tout satisfaits) et 63 % souhaitent qu’elle ne soit plus la maire de Paris. 56 % ont une mauvaise opinion d’elle et seulement 38 % une bonne opinion. L’insatisfaction est très forte parmi les retraités (78 %), les sympathisants LR (92 %) et les LREM (62 %).
Le sondage montre aussi qu’au-delà de la lutte contre la pollution, en troisième position des priorités, c’est désormais « le Paris du quotidien » qui prend le dessus!: la propreté arrive en numéro 1, sans doute un effet de la campagne de l’opposition sur « Paris, ville sale », mais aussi de l’encombrement des trottoirs par des milliers de vélos et de trottinettes en libre-service. Seconde priorité, la sécurité, notamment chez les employés et ouvriers qui constatent sa dégradation dans les quartiers populaires et chez les électeurs de la droite. Les conditions de stationnement et de circulation viennent en quatrième position, dans un Paris qui frôle l’embolie avec la mul
tiplication des travaux (6!000 en cours au printemps, dont une majorité liés aux réseaux, et non à la ville elle-même). « À neuf mois des élections, tout est encore ouvert », relève Christelle Craplet, de BVA. « Pour espérer un second mandat, Anne Hidalgo devra non seulement mobiliser sa base électorale, mais aussi réussir à
rassembler toute la gauche ». Si LREM est pour le moment bien positionnée, le candidat de la majorité présidentielle sera sans doute contraint à des alliances, soit à droite avec Bournazel, soit à gauche avec la liste Gantzer, soit les deux. Enfin, en pleine recomposition après sa défaite aux européennes, la droite parisienne est en panne de stratégie, dans un Paris dont la base sociologique a beaucoup changé y compris dans ses bastions du 16e et du 17e, moins bourgeois qu’autrefois. Le 15e arrondissement, le plus peuplé de la capitale, sera un secteur clé ainsi que le 18e devenu un symbole d’insécurité avec la Porte de La Chapelle. n
« Pour espérer un second mandat, Anne Hidalgo devra réussir à rassembler toute la gauche »
CHRISTELLE CRAPLET, BVA