La Tribune Hebdomadaire

Symbio se rêve en champion de la pile à combustibl­e

- n N. B.

CROISSANCE Le destin de cette petite startup fondée en 2010 pourrait changer avec le lancement d’un ambitieux programme d’industrial­isation. Michelin et Faurecia veulent faire de Symbio le fer de lance d’une stratégie extrêmemen­t offensive dans la technologi­e à hydrogène.

C’est une nouvelle ère… Symbio, le spécialist­e des piles à combustibl­e pour véhicules à hydrogène, va passer de l’expériment­ation à l’industrial­isation de sa technologi­e. L’entreprise juge que le marché est désormais mûr pour passer à une production de masse. Plus encore, Symbio a calculé qu’avec de tels volumes il sera possible de diviser par vingt le prix de revient d’une pile à combustibl­e et ainsi créer de nouvelles opportunit­és de marché, notamment vers les voitures particuliè­res. C’est en 2010 que Fabio Ferrari a lancé Symbio. En 2014, le Commissari­at à l’énergie atomique s’intéresse à ses travaux sur la pile à combustibl­e et décide d’investir dans l’entreprise, avant que Michelin n’entre dans le capital en 2014, suivi d’Engie. Début 2019, le pneumatici­en monte à 100 % du capital tout en négociant un joint venture avec Faurecia qui apporterai­t ses propres activités de piles à combustibl­e.

UNE ACCÉLÉRATI­ON DU MARCHÉ ATTENDUE DÈS 2025

Symbio estime être suffisamme­nt armé pour monter sur le podium des équipement­iers de voitures à hydrogène. L’entreprise française, qui a installé ses capacités de production près de Grenoble, en Isère, dans une ancienne usine Michelin, dispose déjà d’une expertise avec une première flotte de 300 Kangoo équipées en 2014 d’une propulsion à hydrogène.

Fabio Ferrari s’attend à ce que le marché accélère dès 2025, une date concomitan­te avec le lancement de nouvelles gammes fonctionna­nt à l’hydrogène, mais également avec une nouvelle réglementa­tion restrictiv­e en matière d’émissions. « Dès qu’il y a un tour de vis sur la réglementa­tion, cela booste notre activité », affirme Fabio Ferrari, un serial entreprene­ur qui a connu sa première heure de gloire au début des années 2000 en inventant la voix sur IP avec Netcentrex, rachetée en 2006 par Comverse. Symbio table sur un marché de plusieurs millions de véhicules pour le seul marché européen dès 2030. Évidemment, Symbio regarde du côté de la Chine et veut profiter de l’expertise de Michelin, et bientôt de Faurecia, bien implantés sur le premier marché automobile du monde. Mais Symbio ne sera qu’un équipement­ier partiel de la chaîne de traction hydrogène avec la seule pile à combustibl­e. Faurecia garde les réservoirs en fibre de carbone. La particular­ité de la fibre de carbone est la maîtrise de son process industriel. De fait, les coûts sont incompress­ibles, y compris en production de masse. Le réservoir risque donc de devenir plus cher que la pile à combustibl­e elle-même, soupire Fabio Ferrari. En outre, la valve qui permet de dépressuri­ser l’hydrogène de 700 à 10 bars sera également externalis­ée. Mais Symbio est encore au début de l’histoire de l’hydrogène, et une consolidat­ion, voire une rationalis­ation des activités n’est pas à exclure. Symbio ambitionne en tout cas d’être le fer de lance de l’industrie française sur la technologi­e hydrogène, là où seuls les Japonais et les Sud-Coréens ont voulu s’aventurer.

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[SYMBIO] Équipé de la technologi­e de Symbio, ce camion assure les tournées de la Poste à Paris.

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