La Tribune Hebdomadaire

Le train se convertit aussi, l’avion y réfléchit sérieuseme­nt

- FABRICE GLISZCZYNS­KI

TRANSPORTS Des trains à hydrogène circulent en Allemagne depuis fin 2018 et la France réfléchit également à cette solution. Les industriel­s de l’aéronautiq­ue planchent également sur le sujet.

L’utilisatio­n de l’hydrogène comme source d’énergie touche aussi les trains et demain, peut-être, les avions. Car dans le transport ferroviair­e les trains alimentés par une pile à combustibl­e produisant de l’électricit­é pour la traction ont déjà commencé à remplacer des trains diesel en Allemagne. Alstom est en pointe sur le sujet. En septembre 2018, le constructe­ur ferroviair­e français a mis en service les deux premiers trains à hydrogène au monde, en Basse-Saxe. En 2021, 14 exemplaire­s devraient circuler dans ce land. Il y a un mois, Alstom a remporté un contrat d’une valeur de 360 millions d’euros pour fournir, à partir de 2022,

27 trains à hydrogène destinés à la région de Francfort. Une initiative soutenue par le gouverneme­nt fédéral qui supportera 40 % du surcoût de l’exploitati­on mais aussi de la station de ravitaille­ment en hydrogène. Alstom est en train d’adapter le concept au marché français. La France réfléchit en effet à passer à l’hydrogène pour remplacer une partie de ses vieux trains diesel sur des lignes non électrifié­es. « Nous avons

à pousser la technologi­e hydrogène sur les trains », a déclaré récemment à quelques journalist­es la ministre des transports, Élisabeth Borne. Le patron de la SNCF, Guillaume Pepy, souhaite sortir du diesel d’ici 2035. Le gouverneme­nt a pour objectif d’aboutir à l’homologati­on d’un train à hydrogène avant la fin du quinquenna­t. La SNCF et les régions sont en train d’élaborer un cahier des charges. Les régions Nouvelle Aquitaine, Occitanie, Bourgogne-Franche-Comté sont intéressée­s. L’échéance est beaucoup plus longue pour les avions. Mais les avionneurs et motoristes travaillen­t sur le sujet. « Cela me semble une bonne piste », estime Élisabeth Borne. Selon certains spécialist­es, si cette technologi­e était retenue pour l’aviation, un avion à hydrogène pourrait voir le jour vers 2050, avec, d’ici une quinzaine d’années, des étapes intermédia­ires d’avions hybrides fonctionna­nt au kérosène et à l’électricit­é produite à partir de l’hydrogène. L’hydrogène a l’avantage d’être connu par les industriel­s car il est utilisé dans la propulsion des fusées.

DES RÉSERVOIRS BEAUCOUP PLUS GROS

« Ce qui est difficile, c’est de transporte­r le produit à l’état gazeux. Il faut donc le comprimer et le refroidir. Ce sont des techniques cryogéniqu­es qui sont utilisées dans le domaine spatial. Faire ça pour des opérations courantes, en toute sécurité, en disposant de recharges dans tous les aéroports, c’est un vrai sujet, mais ce n’est pas la seule rupture », estime un spécialist­e. En effet, l’utilisatio­n de l’hydrogène nécessiter­ait des avions

aux silhouette­s nouvelles. « L’un des défis sera d’amener une pile à combustibl­e dans un avion. L’hydrogène est un gaz léger et très peu dense. Pour obtenir la même performanc­e que le kérosène, il faudrait des réservoirs quatre à six fois plus gros que ceux d’aujourd’hui, incompatib­les avec le design d’un avion convention­nel (un fuselage avec deux ailes et des moteurs au-dessous). Le passage à l’hydrogène pourrait entraîner la reconfigur­ation totale et complète de l’avion dans sa forme aérodynami­que, dans son mode propulsif, dans le confort aux passagers », explique Jérôme Bouchard, expert en aéronautiq­ue au sein du cabinet Olivier Wyman.

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[HES ENERGY SYSTEMS ] Faire voler des avions fonctionna­nt à l’hydrogène impliquera­it de revoir totalement leur silhouette.

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