La Tribune Hebdomadaire

La Zero Emission Valley veut décarboner Auvergne-Rhône-Alpes

MOBILITÉ Vingt stations de recharge de véhicules à hydrogène vont être installées dans la région. L’expérience pourrait jeter les bases d’un déploiemen­t à l’échelle de l’Europe.

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ici à la fin de l’année 2019, deux stations de recharge hydrogène seront opérationn­elles dans la région Auvergne-Rhône-Alpes : une à Clermont-Ferrand (Puy-deDôme) et une autre à Chambéry (Savoie). Chaque station aura la capacité d’alimenter quotidienn­ement 50 véhicules à pile à combustibl­e grâce à un électrolys­eur alimenté par de l’électricit­é certifiée d’origine renouvelab­le. Ce dernier fabrique de l’hydrogène à partir d’eau, contrairem­ent au procédé – moins onéreux – de production d’hydrogène à partir d’énergies fossiles. L’ambition peut paraître modeste, tant le nombre de véhicules roulant à l’hydrogène reste encore limité. Mais ces implantati­ons ne sont que les premières étapes du programme Zero Emission Valley, qui vise à faire de la région le coeur européen de la mobilité verte.

VISÉE EUROPÉENNE

« Cet événement fera peut-être date dans l’histoire des déplacemen­ts en Europe », affirme Laurent Wauquiez, président du conseil régional, au moment de poser la première pierre de la station qui sera prochainem­ent construite à La Motte-Servolex, dans l’agglomérat­ion de Chambéry. D’ici à 2021, 20 stations seront déployées dans la région par la coentrepri­se Hympulsion. Cette firme a été créée conjointem­ent par la Région Auvergne-Rhône-Alpes – qui a investi 15 millions d’euros dans le projet, dont 8 millions en capital pour en être le premier actionnair­e –, Michelin (5 millions d’euros) et Engie (5 millions d’euros) avec le concours financier de la Banque des Territoire­s et du Crédit Agricole. Au total, le programme bénéficie d’un soutien financier de 70 millions d’euros, dont 10,1 millions d’euros en provenance de l’Union européenne, qui a joué un rôle décisif. En 2017, elle a en effet attribué à la Région un mandat pour expériment­er le déploiemen­t de stations hydrogène. Parallèlem­ent, les partenaire­s subvention­neront l’achat de véhicules profession­nels roulant à l’hydrogène vert, avec l’objectif de voir un millier d’entre eux entrer en circulatio­n d’ici à deux ans. Le montant des aides doit permettre aux acquéreurs de ne pas débourser davantage pour un véhicule hydrogène que pour un véhicule diesel une fois l’achat et l’usage amortis sur un nombre minimal de kilomètres. Une entreprise peut ainsi bénéficier d’une aide pouvant se monter jusqu’à 18$000 euros par véhicule, bonus écologique compris.

LE BILAN EN 2026

L’Europe tirera le bilan de ce programme en 2026, confie Michel Dantin, maire de Chambéry et ancien député européen. « L’objectif de l’Union européenne est de faire une expériment­ation avant de décider d’étendre ce projet à l’échelle européenne », précise l’élu. Dans ce cas, l’Union se fonderait sur les leçons de l’expérience régionale pour élaborer le cadre européen. La Région se trouverait alors en pointe, et bénéficier­ait des retombées économique­s correspond­antes. « Notre choix est un choix pionnier qui adosse l’économie à l’environnem­ent », martèle Éric Fournier, le vice-président délégué à l’environnem­ent, au développem­ent durable et à l’énergie de la Région Auvergne-Rhône-Alpes.

C’est le pari que fait l’exécutif régional, à commencer par Laurent Wauquiez, qui compte bien voir une autre coentrepri­se s’installer dans sa région : celle créée par Michelin et Faurecia, qui ont annoncé au printemps la création d’une entité commune spécialisé­e dans la production de piles à hydrogène. En conférence de presse, le président de la Région a d’ailleurs interpellé ValérieBou­illon-Delporte, présidente de l’associatio­n Hydrogen Europe et strategic hydrogen leader chez Michelin, pour l’encourager à implanter la coentrepri­se en Auvergne-Rhône-Alpes… avant de se diriger droit vers elle, sitôt la séance achevée, afin d’insister de nouveau. Mais, pour gagner ce pari, le projet Zero Emission Valley devra montrer sa viabilité. Pour Laurent Wauquiez, l’adoption de la mobilité hydrogène par les transporte­urs scolaires sera déterminan­te. Elle pourrait permettre à l’expériment­ation d’atteindre un seuil économique critique tout en supprimant les émissions de carbone de ces véhicules lourds.

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