La Tribune Hebdomadaire

Sylvie Brion « Ce qui fait réfléchir les entreprise­s, c’est surtout l’investisse­ment temps »

- PROPOS RECUEILLIS PAR FRÉDÉRIC THUAL

MARNE-LA-VALLÉE Ex-responsabl­e de la banque privée de la caisse régionale Brie-Picardie, Sylvie Brion a pris les choses en main pour ouvrir en mai dernier le 31e accélérate­ur du réseau, à Marne-la-Vallée, à proximité de la gare Ouigo de Chessy. LA TRIBUNE – Comment se prépare-t-on à l’ouverture d’un Village by CA ?

SYLVIE BRION - J’ai monté un dossier d’opportunit­és jusqu’à la présentati­on au comité de labellisat­ion de la fédération nationale et ai fait le tour des Villages. À Paris, pour son côté atypique, puis à Rennes, Lille, Rouen, Toulouse, Vannes, Sofia Antipolis et Nantes ou je me suis immergée pendant une semaine. Avant d’ouvrir un Village, j’avais besoin de vivre ces ambiances, de mesurer les rapports entre les équipes et les startups.

Quelles sont les spécificit­és du Village by CA Brie Picardie!?

Nous avons conçu un accélérate­ur qui colle à notre territoire autour de la ville durable, de l’économie du tourisme et de l’agroalimen­taire. Nous sommes situés à 30 km de Paris, sur le Val d’Europe, près de Marne-la-Vallée, à proximité de la gare Ouigo, qui dessert une soixantain­e de villes. Nous nous sommes installés dans une ancienne entreprise pharmaceut­ique. D’emblée, nous avons pris l’option de louer les locaux. Le cycle de la constructi­on immobilièr­e nous emmenait sur deux ou trois ans, et ça, c’était hors de question. En termes de startups et d’innovation, il est difficile d’avoir une vision globale sur la capacité à être attractif dans la région et au-delà.

Vous venez de sélectionn­er huit startups. A-t-il été compliqué de convaincre des partenaire­s de vous rejoindre!?

L’objectif du tour de table était de réunir une vingtaine de partenaire­s liés à nos thématique­s. Des grands acteurs du privé et du public, des PME, des grandes écoles… qui nous permettent de fédérer un écosystème. Certains embarquent rapidement, pour d’autres, le processus de décision est plus long. Soit parce qu’ils ne cochent pas toutes les cases par rapport à leur propre stratégie, soit que le manque d’agilité impose de prendre du recul. En tout cas, c’est le dirigeant ou un membre du Comex qu’il faut convaincre, et cela doit correspond­re à la stratégie de l’entreprise.

Les tickets d’entrée compris entre 10!000 euros et 50!000 euros sont-ils un frein!?

Ça peut être un coût élevé pour des PME qui n’avaient pas nécessaire­ment programmé cela dans leur budget innovation. Mais c’est surtout un investisse­ment qui implique dans la durée. Les convention­s se concluent pour trois ans. L’entreprise doit avoir une visibilité suffisante pour s’engager. Ce qui fait réfléchir les entreprise­s, c’est surtout l’investisse­ment temps. Outre l’engagement vis-à-vis des startups, elles doivent mobiliser leurs équipes en interne, partager leurs compétence­s, permettre aux jeunes entreprise­s hébergées dans le Village d’expériment­er leur innovation, organiser des ateliers, des conférence­s plusieurs fois par an.… Sur ces sujets-là, l’entreprise doit valider qu’elle n’est pas en sur-promesse par rapport aux attentes du Village.

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