La Supercam révélera bientôt les secrets de la planète Mars
TOULOUSE Une caméra laser équipée pour la première fois d’un micro va permettre d’écouter le bruit de Mars lors de la prochaine mission de la Nasa.
Pour approcher de la Supercam, il faut revêtir charlotte et blouse blanche.
« L’instrument doit nous aider à repérer des traces de vie sur Mars. Si l’on apporte des bactéries sur la planète depuis la Terre, l’expérience est faussée », explique Yves André, responsable de production de la deuxième version du modèle au sein du Centre national d’études spatiales (Cnes). L’instrument a quitté la salle blanche de l’Institut de recherche en astrophysique et en planétologie (Irap), à Toulouse, le 12 juin pour gagner les États-Unis. La Supercam sera fixée en haut du mât du rover de la mission Mars 2020 de la Nasa. Elle succédera à la Chemcam, qui avait été
installée sur le rover Curiosity. « Chemcam était équipée d’un instrument. Supercam en a cinq, ce qui décuple ses capacités pour détecter les traces de vie
passée sur Mars », se félicite PierreYves Meslin, chercheur à l’Irap. Comme Chemcam, Supercam permettra de réaliser des tirs lasers focalisés sur un point de roche pour provoquer une augmentation de la température de la zone, qui va atteindre 8$000 °C, et de générer ainsi un plasma. Ce dernier sera analysé pour connaître la composition chimique de la roche. Supercam disposera en outre d’un spectromètre Raman, laser vert qui permettra d’étudier les liaisons entre les atomes, d’un outil infrarouge pour examiner les argiles, et d’une caméra couleur.
ÉCOUTER LES VENTS
La principale nouveauté de l’instrument est d’intégrer un microphone.
« Nous allons enregistrer les sons lors des tirs lasers sur les roches. Selon sa consistance, molle ou dure , une roche
ne produit pas le même bruit. Nous pourrons savoir s’il s’agit d’argile, une roche plus molle qui a été en contact avec l’eau, ou de basalte, roche volcanique qui n’a
pas été en contact avec l’eau », explique David Mimoun, enseignant-chercheur à l’Isae-Supaero. Le micro servira aussi à étudier les vents sur Mars, ou à écouter le bruit du rover afin de repérer, par exemple, des problèmes de roue. Pour concevoir le micro, l’Isae-Supaero a travaillé avec la PME toulousaine Comat, qui a fabriqué la partie mécanique de l’instrument. Thales a fourni le laser. Sur le plan de la recherche, Supercam est issu d’une collaboration entre le Cnes (maître d’ouvrage), l’Irap, de plusieurs laboratoires du CNRS et des universités. « Le projet a mobilisé 240 personnes et représente un budget de 20 millions d’euros », souligne Muriel Deleuze, chef de projet Supercam au Cnes. Le lancement du rover est prévu pour juillet 2020, avec une arrivée estimée sur la Planète rouge le 18 février 2021.