La Tribune Hebdomadaire

Jean-Philippe Agresti, bien droit à Marseille

- LAURENCE BOTTERO

MARSEILLE

Doyen de la faculté de droit et de science poli t i que, vice-président d’Aix-Marseille Université, il est en charge des partenaria­ts avec le monde socio-économique. Un rôle qui demande de la pédagogie et une vision. Et ça vaut aussi pour imaginer l’avenir de sa ville.

Ses origines ont beau être méditer ranéennes – mi-corses, mi-italiennes –, c’est surtout le calme et le pragmatism­e que l’homme dégage. Né à Marseille dans un quartier populaire près de la gare Saint-Charles, Jean-Philippe Agresti évoque une enfance heureuse et des parents qui ont eu très tôt « la conviction chevillée au corps que l’éducation constitue le meilleur ascenseur social ». Pas un ascenseur pour la gloire ou l’argent, mais un ascenseur pour apprendre, apprendre encore pour nourrir la réflexion et la vie. Cette soif de connaissan­ce pousse ses parents à l’envoyer en institutio­n privée. Ce sera l’école Lacordaire, où il décroche son bac. Mais Jean-Philippe Agresti rêve de liberté. « J’avais envie d’apprendre de manière libre », sera ppelle-t-il. Et quoi de mieux, pour cela, que l’université. La matière qui l’attire le plus, c’est le droit. Ainsi se révèle une vocation. Car, très vite, l’histoire du droit de la famille passionne Jean-Philippe Agresti. Au point qu’il écrit une thèse sur le sujet, en se finançant grâce à des petits boulots. « La recherche m’attirait. Et la recherche, c’est lié à la transmissi­on du savoir. » Une sorte d’écho à l’enfance. Comme il l’avoue avec humilité de peur que son interlocut­eur ne se méprenne, sa capacité à travailler est l’une de ses plus grandes forces. L’université de Nice Sophia-Antipolis lui offre sa première chance dans le milieu académique. Mais Jean-Philippe Agresti retrouve très vite la Provence et devient maître de conférence­s. Engagé dans le sujet de la fusion des université­s, il se fait remarquer par le président d’Aix-Marseille Université, Yvon Berland, qui lui confie en 2012 la mission de s’occuper de la vie étudiante. Devenu professeur des université­s, le même Yvon Berland lui confie le partenaria­t avec le monde socio-économique en 2016. Un sujet où il y a beaucoup à faire. Où il faut gommer les images d’Épinal et les vieux schémas. « Il fallait absolument raccorder les deux mondes sur des thèmes comme la recherche, l’innovation, la formation… Deux mondes qui continuent à mal se connaître alors qu’ils vont dans le même sens. Je savais quelles étaient les résistance­s du monde académique envers le monde économique. Mais le monde économique aussi conserve parfois un regard passéiste sur l’université. »

SE JETER DANS LA BATAILLE DU RENOUVEAU

Marseille, sa ville de naissance et sa ville de coeur, ne laisse pas l’homme indifféren­t. « Marseille a besoin de renouvelle­ment. Des personnes comme des méthodes. Il faut absolument un projet. » Et d’appeler de ses voeux la société civile à se jeter elle aussi dans la bataille du renouveau. « Il faut que le monde économique et associatif participe. Le fossé social se creuse. Marseille doit être une et indivisibl­e. L’éducation et l’emploi doivent être prioritair­es. Des infrastruc­tures sont nécessaire­s. Marseille doit s’inscrire comme l’une des plus importante­s métropoles du monde. Non pas pour un titre de gloire, mais pour tirer tout le monde vers le haut. »À ceux qui tentent de lui prêter telle ou telle intention politique, il rétorque qu’il est « un homme libre. La République et Marseille m’ont porté. J’ai eu ma chance. Je voudrais que d’autres personnes qui ont eu leur chance s’engagent ». Le souffle du renouveau, oui, il l’a senti chez Emmanuel Macron. Et il voudrait que ce souffle réveille Marseille.

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