La Nouvelle-Aquitaine monte en gamme
PODIUM En forte progression, le tourisme pèse 16 milliards d’euros dans la région. Tandis que s’opère une profonde mutation de son socle d’hébergements, qui a pour conséquence une internationalisation de la clientèle.
Paradoxe!: à l’heure où le big data est partout et que l’utilisation de la donnée est reine, ce pan économique est pourtant assez mal connu tant les parties prenantes sont multiples. Seule certitude au final!: Bordeaux est « hype ». Le territoire bordelais a l’immense chance de pouvoir surfer sur le rayonnement d’une marque mondiale conférée par sa production viticole. Le tourisme y est, selon plusieurs sources, le troisième secteur d’activité après le vin et l’aéronautique en poids économique. La ville a profité à plein de sa refonte menée par le précédent maire, Alain Juppé, et plébiscitée depuis son achèvement. Mais faire de la métropole un îlot d’attractivité est bien trop réducteur. La région dans laquelle elle s’inscrit bénéficie elle aussi d’une dynamique porteuse et surtout, dont la nature change en profondeur. La Nouvelle-Aquitaine a ainsi accueilli un peu plus de 28 millions de touristes en 2017, derniers chiffres certifiés disponibles. Ce qui en fait la première destination des Français et la cinquième région française pour l’accueil de touristes étrangers. « Ce décalage s’explique par plusieurs raisons. La première est qu’avec 720 kilomètres de littoral et l’offre de camping la plus étoffée en France, la région a toujours beaucoup attiré les Français. En
revanche, historiquement, la connectivité avec l’international n’était pas à la hauteur et le type d’hébergement proposé en Nouvelle-Aquitaine ne collait pas avec les attentes d’une clientèle étrangère cherchant avant tout du 3 à 5 étoiles, autrement dit des campings haut de gamme ou de l’hôtellerie, contextualise Michel Durrieu, directeur général du Comité régional du tourisme de Nouvelle-Aquitaine. Ces dernières années ont été marquées par une évolution forte. L’accessibilité est bien meilleure, avec aujourd’hui sept aéroports recevant des vols internationaux, la mise en fonction de la ligne à grande vitesse qui place Bordeaux à 2#heures#04 de Paris, et la montée en gamme de l’hébergement touristique. La capacité d’accueil des 4 et 5 étoiles a progressé de 30 % en deux années seulement#! Et c’est vrai dans toute la région, avec des projets qui ont vu le jour à Cognac, à Limoges, à Dax, au sud de La Rochelle... A contrario, les 1, 2 et 3 étoiles sont en recul. » Cette montée en gamme séduit donc particulièrement la clientèle étrangère.
UN TOURISTE MOINS SÉDENTAIRE
Côté marketing territorial, le choix du Comité régional du tourisme est de capitaliser sur plusieurs destinations phares (Bordeaux, Biarritz Pays basque, Pyrénées, Côte Atlantique, Vallée de la Dordogne et désormais Cognac) mises en réseau et sur la proximité de ces zones les unes par rapport aux autres, en s’appuyant sur le fait qu’un touriste est aujourd’hui moins sédentaire et plus enclin à faire jusqu’à trois heures de route. Une seconde liste de destinations émerge, parmi lesquelles Limoges, Poitiers Futuroscope, La Rochelle et l’île de Ré, Angoulême et le Marais poitevin... La Nouvelle-Aquitaine, région encore toute jeune, n’est pas à ce jour une marque touristique identifiée. « Mais progressivement, les gens se rendent compte qu’elle fait la taille de l’Autriche, dépasse la population du Danemark et que toutes ces des- nations sont proches. Il ne faudra plus beaucoup d’années pour en faire un territoire touristique bien identifié. »