Les locations meublées bouleversent les pratiques
HÉBERGEMENT La région connaît un raz-de-marée des locations de gré à gré via des plateformes numériques. Mais, tandis que Bordeaux souhaite les encadrer, des territoires ruraux cherchent au contraire à les attirer.
Face aux 110!000 lits environ disponibles dans les hôtels de Nouvelle-Aquitaine, les plateformes Internet de locations meublées affichent un total vertigineux de 825!000 lits, dont 40!% pour Airbnb, selon le cabinet Protourisme. Un phénomène devenu incontournable mais qui n’est pas perçu partout de la même manière. À Bordeaux, où la mairie évalue entre 8!000 et 10!000 le nombre de locations proposées sur les différentes plateformes, la guerre est déclarée depuis l’an dernier pour endiguer le phénomène. Près de 2!700 hébergeurs sont désormais inscrits sur le portail de la taxe de séjour et 207 procédures de mise en demeure de régularisation ont été lancées, aboutissant à 87 retours sur le marché classique, 76 retours à de la résidence principale, six autorisations de changement d’usage… et 46 procès-verbaux transmis à la justice.
UN PARTENARIAT BIENVENU
À l’inverse, en Creuse, Corrèze et Haute-Vienne, l’Association des maires ruraux, le Comité régional du tourisme (CRT) et Airbnb ont conclu un partenariat pour promouvoir ces départements. « Les plateformes ne sont pas des ennemies. Elles ont rajouté de la capacité d’accueil sur le marché de l’hébergement dit de charme, notamment dans les territoires intérieurs et ruraux, et elles contribuent efficacement à la promotion de territoires plus excentrés », fait valoir Michel Durrieu, le directeur général du CRT. « Notre rôle n’est pas d’aider Airbnb à se développer dans la région mais quand ils viennent compléter l’offre ou pallier le manque d’offre, c’est positif », abonde Sandrine Derville, la vice-présidente du Conseil régional en charge du tourisme. L’objectif de cet accord est avant tout le partage des données d’hébergement : « Airbnb se développe énormément et cette clientèle échappe à nos radars si bien que les collectivités et les professionnels sont un peu démunis face à cela. Le but n’est pas de fliquer ces touristes mais de mieux connaître leurs localisations, leurs attentes et leurs usages pour mieux y répondre », ajoute -t-elle. Mais le partenariat prévoit aussi à terme des campagnes de marketing conjointes. De quoi faire tiquer la Fédération nationale des Gîtes de France qui pointe une concurrence déloyale. « Pour l’heure, la position du conseil d’administration du CRT est que nous ne paierons pas de campagne de communication conjointement avec Airbnb. C’est très clair », affirme cependant Sandrine Derville tandis que Michel Durrieu renvoie les Gîtes de France dans leurs cordes : « Je ne peux que me réjouir de voir la Fédération nationale des Gîtes de France signer il y a quelques semaines un partenariat de visibilité avec un autre géant, Expedia. En 2018, Airbnb, c’était 250 millions d’euros de volume d’affaires en Nouvelle-Aquitaine. Les Gîtes de France : 25 millions… »
DES PROJETS EN VUE
Quoi qu’il en soit, ces plateformes, qu’il s’agisse d’Abritel, du Bon Coin ou de Trip Advisor, font en effet rêver plus d’un professionnel du tourisme. En Dordogne, André Barbé, le directeur général du centre Lascaux IV, imagine déjà proposer avec Airbnb une nuit unique au milieu des peintures préhistoriques sur le modèle de l’opération « une nuit au Louvre » menée le 30 avril dernier à Paris. De quoi bénéficier d’une audience mondiale. L’idée est lancée!!
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