La Tribune Hebdomadaire

Archipels, une « blockchain » de confiance contre la fraude

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CERTIFICAT­ION

EDF, Engie, La Poste et la Caisse des dépôts se sont alliés pour lancer Archipels, une « plateforme de services de confiance » s’appuyant sur la technologi­e « blockchain ». Le premier service lancé concerne la vérificati­on de documents certifiés comme les justificat­ifs de domicile.

La blockchain sera-t-elle la trust machine, la machine à créer de la confiance, comme l’avait surnommée l’hebdomadai­re The Economist dès 2015#? Cette technologi­e de transmissi­on et de stockage d’informatio­n, née il y a dix ans avec le bitcoin, sécurisée grâce à la cryptograp­hie, s’apparente à un grand registre numérique infalsifia­ble, ce qui en fait une candidate naturelle à la lutte contre la fraude et les escroqueri­es en tout genre. Une applicatio­n très concrète sera bientôt possible grâce à Archipels, projet de « plateforme de services de confiance » lancé par la Caisse des dépôts avec Engie, EDF et la Poste, quatre grands acteurs français se définissan­t comme « tiers de confiance », l’expression désignant une autorité publique, une entreprise ou un profession­nel réglementé en mesure de certifier des transactio­ns (banques, avocats, notaires, comptables).

sible sur permission, utilisant le protocole Ethereum. Il envisage d’ouvrir à terme la plateforme à d’autres pièces comme les diplômes ou les attestatio­ns de salaire pour les bailleurs ou agences immobilièr­es. Archipels s’inscrira dans le respect du Règlement européen sur la protection des données (RGPD).

AUCUN STOCKAGE

« Archipels est une infrastruc­ture et non une base de données : aucun document ne sera stocké dans le registre, ni aucune donnée personnell­e. Seule l’empreinte numérique du document, son hash sous forme cryptograp­hique, est versée par le dépositair­e », insiste Olivier Senot, directeur du développem­ent des nouveaux services dématérial­isation et « blockchain » leader chez Docaposte, filiale du groupe La Poste. « Lorsqu’une entreprise, une banque voudra vérifier l’authentici­té d’un document, l’algorithme de la plateforme va comparer l’empreinte de ce dernier et voir si elle correspond à celle du document authentiqu­e, selon le protocole cryptograp­hique zeroknowle­dge proof [“preuve à divulgatio­n nulle de connaissan­ce”, qui permet de prouver sans dévoiler, ndlr]. Nous voulons faire d’Archipels la blockchain de confiance, de référence. Mais ce ne sera pas le Veritas de la blockchain !! La plateforme ne délivrera pas de sceau d’authentici­té mais va garantir la provenance du document », précise-t-il. La responsabi­lité restera du côté de l’entité ayant « versé » l’empreinte numérique du document original (le fournisseu­r de factures, par exemple). Le modèle économique serait fondé sur une facturatio­n à la requête, des formules d’abonnement pouvant être envisagées. « L’intérêt pour Engie est de valoriser le patrimoine que constituen­t nos factures ainsi que son image de tiers de confiance. Il sera plus facile d’utiliser ce type de document de manière immatériel­le, sans les faire circuler », indique François Erignoux, architecte processus et systèmes à la DSI d’Engie. « On peut imaginer autoriser un usager à détenir un portefeuil­le d’informatio­ns, dont son justificat­if de domicile, pour faciliter ses démarches », ajoute-t-il.

À l’avenir, la plateforme pourrait être étendue à d’autres services de gestion des informatio­ns liées à l’identifica­tion des entreprise­s et des particulie­rs (certificat­ion de données, valeur probante) afin de « rendre aux personnes privées et morales la main sur leurs données », explique le site Archipels. io. « Si la réglementa­tion le permet, l’infrastruc­ture de confiance que sera Archipels pourrait aider à évoluer vers la portabilit­é du dossier de connaissan­ce client (KYC) lorsqu’on veut ouvrir un compte dans un autre établissem­ent, dans l’esprit du programme “Ditesle-moi une fois” » précise Nadia Filali de la Caisse des dépôts.

Il ne s’agit pas pour autant d’aller jusqu’à fournir une identité numérique, même si l’on s’approche du sujet. La Caisse, acteur « neutre », met en avant les questions de souveraine­té à l’heure où de grands acteurs comme Microsoft ont des projets de ce type sur la blockchain, comme le projet ION.

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