Le Reggae Sun Ska, pionnier en écoresponsabilité événementielle
« Si la méthodologie a été reprise ailleurs, cela veut dire que les mentalités ont évolué, et ce n’est pas terminé »
MÉDOC Depuis plus de vingt ans, le festival Reggae Sun Ska est devenu un incontournable dans le milieu du reggae. Mais il y a quatorze ans, il a surtout été pilote en matière de développement durable. HÉLÈNE LERIVRAIN
« On ne se rend pas au Reggae Sun Ska pour une programmation. C’est un événement d’expérience, de bonne musique, de bien-être et de bien-vivre. » C’est en ces termes que son directeur Fred Lachaize commence par présenter ce festival qui, après avoir été organisé sur 9 sites différents en vingt-deux ans, revient sur ses terres d’origine dans le Médoc pour la deuxième année consécutive, du 2 au 4 août. Il devrait d’ailleurs s’y implanter de manière durable. Le département de la Gironde, qui soutient l’émergence d’un projet de territoire sur le domaine de Nodris à Vertheuil, vient en effet de l’acquérir pour 1,16 million d’euros. C’est un motif de satisfaction pour l’équipe organisatrice du festival même s’il faut trois ans pour trouver une vitesse de croisière. En termes de retombées économiques, il faudra donc attendre. Mais la dernière étude, qui date de 2012, faisait état de 10 millions d’euros de retombées sur le territoire.
65 % DES DÉCHETS TRIÉS ET VALORISÉS
Plusieurs fois déplacé, ce festival s’est toutefois forgé une identité propre, au travers de son esthétique et, depuis quatorze ans, d’une démarche écocitoyenne forte. « On a commencé par des gobelets consignés, puis on a mis en place la collecte sélective. On s’est mis à distribuer des sacs-poubelle
verts, jaunes, rouges », précise Fred Lachaize. 65 % des déchets sont triés et valorisés sur place. Une centaine de personnes travaillent spécifiquement sur le volet écoresponsabilité, et le directeur du festival annonce de nouvelles initiatives pour optimiser la consommation d’eau et d’électricité. « La question du transport logistique est aussi sur la table. » Cette année, un maximum de bungalows ont été remplacés par des chapiteaux. « Nous passons de 14 transports en semi-remorques en 2018 à 6 en 2019. »
« Nous sommes contents d’avoir lancé cette démarche d’écoresponsabilité événementielle au moment où peu de festivals s’y intéressaient », poursuit Fred Lachaize. L’édition 2008 du Reggae avait d’ailleurs été labellisée « coup de coeur » par la Fondation Nicolas Hulot. « Pour autant, c’est une très bonne chose de ne plus être pilote aujourd’hui. Si la méthodologie a été reprise ailleurs, cela veut dire que les mentalités ont évolué, et ce n’est pas terminé », analyse-t-il.
Sur trois jours, ce sont 1$200 personnes qui sont mobilisées, dont 700 bénévoles et 200 personnes chargées de la sécurité et des secours. « N’oublions pas que le Reggae Sun Ska, c’est aussi une démarche sociale, avec 80 personnes qui interviennent dans le domaine de la prévention. Ce sont principalement des éducateurs qui sont nos yeux et nos oreilles pendant le festival. Il faut savoir que la moyenne d’âge des festivaliers est de 22 ans », ajoute le directeur du festival. Avec un billet à 33 euros par jour, les tarifs se veulent donc raisonnables.
Sur un budget global qui s’élève à plus de 2,3 millions d’euros, le festival bénéficie de subventions publiques à hauteur de 7 % mais il est en grande partie autofinancé. La forme juridique devrait par ailleurs évoluer dans les prochains mois. « Un groupement d’intérêt économique a été constitué il y a sept ans entre l’association Reggae Sun Ska, une société de production et un label indépendant, pour mutualiser les moyens. C’est devenu lourd d’un point de vue administratif. Nous réfléchissons désormais à une autre structuration. » Quoi qu’il arrive, ce festival « atypique » gardera son identité. « Le rock a été un temps décrié, puis la musique électro, le hip-hop… J’espère que le reggae fera partie des prochains courants musicaux à être considérés au mieux. Il y a encore beaucoup de clichés. »
FRED LACHAIZE,
DIRECTEUR DU REGGAE SUN SKA Reggae Sun Ska, du 2 au 4 août