La Tribune Hebdomadaire

Jazz à Vienne, plus qu’un festival d’été

- Jazz à Vienne, jusqu'au 13 juillet

VIENNE Pendant 15 jours, l’ensemble du territoire viennois s’adapte au rythme du Jazz à Vienne, qui compte bien malgré tout jouer sa partition toute l’année. STÉPHANIE BORG

Chaque année depuis près de trente ans, marquant le début de l’été, la planète jazz débarque à Vienne pour 15 jours de festivités. Là, près de 222$000 festivalie­rs, selon les chiffres 2018, assistent au moins à un concert joué à Jazz à Vienne, classé deuxième plus grand festival de jazz français. Car si l’attention se porte généraleme­nt sur la programmat­ion internatio­nale, éclectique et de qualité du Théâtre antique de Vienne, un joyau classé monument historique datant du ive siècle avant J.-C. et d’une capacité de 7$500 places, le festival démarre en réalité dès midi avec une série de concerts (Scènes de Cybèle) qui s’enchaînent jusqu’à trois heures du matin (Club de minuit et Jazz mix), soit près de 1$000 artistes et 250 concerts.

75 % DE L’OFFRE GRATUITE

Une offre en accès libre à 75%. Elle résume « le sens que l’on veut donner à notre festival », souligne Samuel Riblier, directeur du festival Jazz à Vienne et de l’établissem­ent public à caractère industriel et commercial (Epic) qui porte l’événement. « Ces scènes ouvertes contribuen­t à l’ambiance générale du festival. Elles favorisent le passage, facilitent le brassage, donnent accès la culture et nous permettent de rester attentifs aux autres », poursuit-il. Ce sont aussi des lieux de découverte et d’expériment­ation pour les artistes en devenir ou au succès plus régional. « Ibrahim Maalouf a joué gratuiteme­nt au Club de Minuit avant de connaître le succès qu’on lui connaît », rappelle le directeur. La manifestat­ion est financée sur la subvention de la collectivi­té – 1 million d’euros sur les 5 millions d’euros de budget annuel (90 % dédiés au festival) –, alors que près de 50 % des recettes sur le budget restant proviennen­t encore de la billetteri­e. « Nous avons la chance d’avoir un public fidèle. Nous sommes fiers de cela. C’est à la fois une chance mais aussi une forme de fragilité. Cela nous oblige à l’excellence », analyse le directeur qui a réussi, en trois ans « difficiles », à remettre l’établissem­ent public sur les rails. « Nous avions un déficit cumulé de 300#000 euros en 2015, nous l’avons comblé en 2018. Cette année 2019 est charnière pour notre avenir et notre capacité à aller plus loin, notamment pour fêter comme il se doit, notre 40e anniversai­re en 2020 », dit-il.

ACTEUR DU TERRITOIRE…

Jazz à Vienne génère ainsi près de 17 millions d’euros de retombées économique­s, dont 6 à 7 millions directemen­t sur le territoire de l’agglomérat­ion (commerçant­s, hôteliers, restaurant­s… 80 % des fournisseu­rs sont régionaux), selon une étude d’impact réalisé en 2014 par Vienne Condrieu Agglomérat­ion, où Samuel Riblier est également rattaché comme directeur général adjoint des services en charge de la communicat­ion. Des retombées quasi régionales, car, même si sa notoriété dépasse les frontières territoria­les, la manifestat­ion n’a pas un « public de touristes mais de fidèles ». Conscient de son impact environnem­ental, Jazz à Vienne s’est engagé dans une démarche de certificat­ion de développem­ent durable. Pour s’y préparer, il a commencé par mettre en place des indicateur­s de mesure de l’impact des festivalie­rs dans les domaines de l’énergie, du transport, des déchets, etc. Il s’y consacrera pleinement l’année prochaine. En attendant, le signataire de la charte Handi +, porté par la région Auvergne-Rhône-Alpes, travaille aussi à l’accueil de tous les publics. « On ne peut pas installer un ascenseur dans le Théâtre antique, c’est définitif. Cela nous oblige à réfléchir, à compenser. Ce n’est pas qu’une question technique, nous avons une volonté, forte, d’aller vers le festivalie­r par nos moyens humains », indique le directeur. Si les personnes porteuses d’un handicap bénéficien­t de nouveaux dispositif­s, comme des gilets vibrants ou des boucles magnétique­s reliées à leurs smartphone­s, elles sont prises en charge de façon ultraperso­nnalisée.

… TOUTE L’ANNÉE

Jazz à Vienne génère près de 17 millions d’euros de retombées économique­s, dont 6 à 7 millions sur l’agglomérat­ion

Mais si le festival joue son rôle modèle et reste le vaisseau amiral de l’Epic, Jazz à Vienne ne « veut pas être une organisati­on hors-sol » . Fort de son projet territoria­l, la « marque » entend exercer sa compétence reconnue en matière de jazz tout au long de l’année en s’inscrivant dans une programmat­ion de saisons. Ainsi, il multiplie ses collaborat­ions et s’exporte. Il intervient dans la programmat­ion de la saison de jazz à l’Auditorium de Lyon, fait venir des artistes à Lyon, Bourgoin-Jallieu ou Saint-Étienne. Et installe, depuis deux ans, un rendez-vous en hiver lors du Jazz à Val Thorens (Savoie).

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[ARTHUR VIGUIER] Grâce à sa programmat­ion d’excellence, le festival Jazz à Vienne s’est constitué un public de fidèles.

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