La Tribune Hebdomadaire

Confiance

Nécessaire au fonctionne­ment d’une équipe, voire de toute l’entreprise, la confiance ne se décrète pas. Elle se construit pas à pas dans la durée. Comme une partie d’échecs.

- ERICK HAEHNSEN

Indispensa­ble, vitale, la confiance entre dirigeants et managers ainsi qu’entre managers et collaborat­eurs en se décrète pas. On l’a ou pas. « Il n’y a pas de confiance sans risque. C’est un état dynamique, jamais acquis une fois pour toutes », analyse Yannick Meiller, professeur à ESCP Europe Business School qui coorganise ce 4 juillet, avec le Lab du Club des directeurs de la sécurité des entreprise­s (CDSE) et Thales, l’Odyssée 2019, une expérience immersive sur les enjeux de sécurité-sûreté au Dernier étage, à Paris. « La confiance est fondamenta­le dans le fonctionne­ment d’une entreprise. C’est elle qui libère les initiative­s et la capacité de chacun à se surpasser », indique Jean-Louis Roussel, DG Pharma & Beauty, un spécialist­e de la formulatio­n et de la sous-traitance dans le secteur de la pharmacie et des cosmétique­s (60 millions d’euros de chiffre d’affaires, 400 salariés).

« La confiance est le résultat d’une constructi­on qui se base sur l’exemplarit­é et la fiabilité de la direction et des managers. L’équipe doit voir dans son chef quelqu’un de fiable, sincère ou, du moins, transparen­t qui annonce et tient ses engagement­s, sait prendre du recul, reconnaîtr­e ses erreurs et trancher lorsqu’il le faut » , détaille Elodie Hernandez, DRH de l’Institut régional du travail social (IRTS) de Nouvelle-Aquitaine. Sinon, les choses vont rapidement de Charybde en Scylla": « J’ai été recrutée à la DRH d’un groupe dont les patrons falsifiaie­nt les comptes afin de justifier des licencieme­nts abusifs. Toute mon équipe a été démobilisé­e. Le turnover était énorme et j’ai moi-même fini par m’en aller. Ce groupe a été mis en liquidatio­n judiciaire deux ans plus tard » , confie Mélanie Petrovic, aujourd’hui consultant­e RH.

DÉSTABILIS­ER LE MENEUR NÉGATIF

Côté fiabilité, la confiance signifie tout sauf être bisounours"! En témoignent les directeurs sécurité-sûreté qui analysent les menaces susceptibl­es d’affecter l’activité de l’entreprise": terrorisme, sabotage, espionnage, cambriolag­e, contrefaço­n, cyberattaq­ues, incendie, inondation... « C’est une veille permanente », reprend Yannick Meiller. La cartograph­ie des risques conduit surtout à mettre en place une organisati­on, un plan d’actions corrective­s et préventive­s ainsi que des exercices pour entraîner dirigeants, managers et collaborat­eurs à savoir comment réagir en cas de crise. À cet égard, des acteurs comme Crisalyde, Crisotech, Gedicom, Iremos ou Streamwide proposent des apps pour mobiliser la cellule de crise de l’entreprise, informer la direction et les partenaire­s et pour alerter les salariés dans de cadre du Plan de continuité d’activité (PCA) de l’entreprise via tous les canaux de communicat­ion disponible­s. À l’instar de l’analyse des risques, la cartograph­ie des profils psychologi­ques type peut constituer un outil d’une redoutable efficacité pour construire la confiance dans la durée. « Il faut savoir identifier les leaders positifs qui adhèrent spontanéme­nt à la ligne managérial­e, les leaders négatifs qui la dénigrent, les meneurs positifs qui accentuent le discours du leader (positif ou négatif), et les leaders cachés qui mettent les messages en perspectiv­e pour en sortir des projection­s. Sans oublier les suiveurs, décrit Mélanie Petrovic.

Forte de cette cartograph­ie, la direction pourra adapter les actions, les postures et les messages à faire passer selon le bon canal. » Par exemple, on parlera d’un projet pour être numéro 1 sur le marché à un leader positif, de ROI et de distributi­on des dividendes à trois ans à un leader caché… On s’attachera à montrer les nombreuses petites victoires – ainsi que les avantages que l’équipe peut en retirer – pour déstabilis­er le meneur négatif et, ainsi, couper son influence sur sa base de suiveurs. Dans un registre proche, la startup Effency veut aider les managers à générer la confiance au sein du travail collaborat­if grâce aux sciences cognitives. En modélisant les huit traits de caractère qui forgent la collaborat­ion, son algorithme donne des conseils confidenti­els et personnali­sés afin que chacun, collaborat­eur ou manager, puisse apporter sa pierre à l’édifice. La confiance est une minutieuse partie d’échecs.

« L’équipe doit voir dans son chef quelqu’un de sincère ou, du moins, transparen­t, qui annonce et tient ses engagement­s » ELODIE HERNANDEZ,

DRH DE L’IRTS DE NOUVELLE-AQUITAINE

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