La Tribune Hebdomadaire

L’imperium allemand en plein doute

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Il y a des signes du destin qui ne trompent pas… La disparitio­n de Ferdinand Piëch le 25 août dernier marque bel et bien la fin d’une illustre histoire pour l’industrie automobile allemande. C’est la fin d’une suprématie que cet ingénieur a largement contribué à f a ç onner, e n f a i s a nt de Volkswagen le groupe tentaculai­re qu’il est aujourd’hui et le numéro un mondial du secteur. Depuis la fin des années 1980 jusqu’à aujourd’hui, l’industrie automobile allemande s’est imposée comme la plus puissante, la plus fiable, la plus rentable et la plus compétitiv­e des industries au monde. Elle a trusté le premium à travers son indéboulon­nable triumvirat : Audi, Mercedes, BMW. Elle a également investi tous les marchés du monde avec des parts de marché significat­ives, à quelques exceptions près. Mais il semblerait que cet âge d’or soit définitive­ment révolu.

RÉSULTATS EN RECUL

Les constructe­urs, tout comme les équipement­iers qui font tout autant partie de cet impression­nant complexe industriel, enchaînent les avertissem­ents sur résultats et affichent chacun des résultats en recul. Même d’un point de vue macroécono­mique, pour une industrie très exportatri­ce, l’impact est réel avec des exportatio­ns en baisse de 14"% au premier semestre, tandis que la production s’effondre pour atteindre un plus bas historique depuis vingt-et-un ans, d’après les chiffres publiés par la Fédération automobile allemande (VDA).

« Il y a une tendance mondiale de baisse des échanges mondiaux. Or, l’industrie automobile allemande est fortement exportatri­ce », rappelle Xavier Mosquet, directeur associé et spécialist­e de l’automobile au Boston Consulting Group. « Les marques premium allemandes sont mieux positionné­es au moins à moyen terme », relativise-t-il. Au-delà de ces considérat­ions industriel­les, l’automobile allemande traverse une véritable crise identitair­e qui prend racine avec le scandale des moteurs truqués et qui s’est étendue à toutes les composante­s de ce marché. L’Allemagne découvre que le monde ne veut plus de moteurs toujours plus gros et que l’électrific­ation (longtemps moquée par les historique­s teutons) s’est imposée.

Pis"! Le triumvirat premium n’a pas vu arriver des challenger­s plus petits qui sont parvenus à raconter leur propre histoire du premium, comme Volvo, Jaguar Land Rover, Tesla et, dans une moindre mesure, DS. Le petit-fils de Ferdinand Porsche, Ferdinand Piëch, qui a transformé Audi n’est heureuseme­nt plus là pour assister à cette affligeant­e débâcle…

N. B.

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Depuis le scandale des moteurs truqués, l’automobile allemande traverse une crise identitair­e : le monde ne veut plus de moteurs toujours plus gros et l’électrific­ation s’est imposée.
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[REUTERS] Ferdinand Piëch, qui a fait de Volkswagen le numéro un mondial du secteur, s’est éteint le 25 août à 82 ans.

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