La Tribune Hebdomadaire

Ebola bientôt vaincu!?

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L’informatio­n est loin de faire la une des journaux, pourtant elle mérite qu’on s’y attarde.

La République démocratiq­ue du Congo (RDC) fait face depuis plus d’un an à l’épidémie Ebola, une maladie contagieus­e, et « mortelle entre 25!% et 90!%!» selon les situations, estime l’OMS. En 2014, elle avait causé la mort de 11!000 personnes en Afrique de l’Ouest, en Guinée, au Liberia et au Sierra Leone. À l’époque, la vitesse à laquelle se répandait le virus avait fait craindre une pandémie. Malgré ses 2!006 morts et plus de 3!000 cas répertorié­s, la RDC a réussi à contenir la maladie. C’est d’autant plus remarquabl­e que ce grand pays africain compte parmi les plus pauvres de la planète et que la maladie sévit à l’est du pays, dans le Sud-Kivu, une région tristement célèbre pour les violences exercées par les seigneurs de guerre et l’exploitati­on illégale de mines, sans compter « d’autres défis sanitaires comme la rougeole et le paludisme », rappelait le secrétaire général de l’Onu, António Guterres, en visite sur le terrain en début de semaine. Cette lutte passe par deux actions. Il y a d’abord la vaccinatio­n de plus de 200!000 personnes à titre préventif. Le vaccin, produit par le groupe pharmaceut­ique Merck, a évité la mort de 800 personnes. Mais cela ne va pas sans mal auprès de la population. L’ONG Oxfam, présente dans la région, évoque des « réticences communauta­ires » dans certaines zones, en soulignant que ce sont celles qui présentent le plus de cas confirmés. Mais c’est surtout la découverte d’un traitement efficace qui rend optimiste pour l’avenir. Les autorités sanitaires congolaise­s ont fait état au mois d’août de la guérison de deux malades – une mère et son fils –, grâce à deux traitement­s à base d’anticorps monoclonau­x qui agissent en neutralisa­nt la capacité à affecter d’autres cellules.

L’espoir que fait naître la possibilit­é de vaincre cette maladie contraste avec la vague de scepticism­e

à l’égard de la vaccinatio­n dans les pays développés. L’Onu a récemment alerté sur le retour de l’épidémie de rougeole!: 350!000 cas en 2018, le double par rapport à 2017, et, pour le premier trimestre 2019 le nombre de cas a quadruplé par rapport au premier trimestre de 2018, selon l’OMS. La stagnation du taux de vaccinatio­n – !il reste à 86!% depuis dix ans pour la diphtérie, le tétanos, la coqueluche et la rougeole – explique le phénomène, dû selon l’Onu « aux conflits et aux inégalités », mais aussi «à une complaisan­ce ». Selon l’Unicef, près de 20 millions d’enfants dans le monde n’ont pas reçu les vaccins qui permettent d’éviter certaines maladies mortelles en 2018.

Dans les pays développés, une partie de la population est influencée par « la proliférat­ion des fausses informatio­ns », explique l’Onu, et la méfiance à l’égard des pratiques des « Big Pharma ». Pour ce qui concerne la rougeole, le mouvement « antivax » se base sur les résultats d’une étude publiée en 1998 par un chercheur britanniqu­e, Andrew Wakefield, faisant le lien entre le vaccin contre la rougeole et l’autisme. Malgré la démonstrat­ion ayant prouvé que ce chercheur avait falsifié ce résultat, la rumeur prolifère notamment via les réseaux sociaux sur Internet. Sans compter les prises de position de certains responsabl­es dans le monde de la médecine ou encore dans la politique, à l’instar de Michèle Rivasi, députée européenne qui figurait au deuxième rang de la liste écologiste menée par Yannick Jadot. « Je ne suis pas contre les vaccins, je suis vaccin-critique. Mon combat, c’est la transparen­ce et l’accès aux informatio­ns que l’industrie pharmaceut­ique cache au nom du secret commercial.!Prenez l’Afrique, je ne crois pas que la vaccinatio­n soit une solution à tout », confiait-elle au Point. Pourtant, ce sont bien les progrès de la médecine, notamment la vaccinatio­n, qui permettron­t un jour prochain en Afrique de faire passer Ebola du statut de maladie mortelle à celui de maladie évitable.

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