[ The Village!: 20 solutions pour des territoires plus inclusifs ]
Autre vecteur économique, le patrimoine. Parrain de l’événement cette année, Stéphane Bern, responsable de la Mission sur le patrimoine et présentateur de l’émission Le Village préféré des Français, est tombé sous le charme de Saint-Bertrand-de-Comminges. « Le
patrimoine est une richesse, et pas un coût », martèle
Stéphane Bern, rappelant que « la moitié de notre patri
moine se trouve hors des villes ». Cet héritage historique peut être source de revenus grâce au tourisme et source d’emplois locaux grâce à sa revalorisation et son entretien, « difficilement délocalisables » contrairement à l’industrie. « Le patrimoine est le
pétrole de la France », s’enflamme l’animateur d’émissions historiques à succès qui recommande des mesures de défiscalisation et un accès aux aides simplifié sur le plan administratif pour intensifier un travail de réhabilitation qui redonnerait « leur fierté
aux habitants », souvent les laissés-pour-compte de la mondialisation.
DES PROPOSITIONS CONCRÈTES
The Village 2019 a mis à l’honneur d’autres initiatives, tel le premier incubateur lancé en zone rurale par Nicolas Hazard, patron d’Inco. Soutenu par les élus régionaux, départementaux et surtout par MarieClaire Uchan, la dynamique maire de Saint-Bertrandde-Comminges, cet incubateur a été installé depuis trois mois, dans une ferme du village. Sept startups travaillent sur des solutions concrètes, suivies par 40 entreprises.
Prochain projet du
patron d’Inco"? « Un hub international dédié aux projets d’innovation en milieu rural. »
Mais l’accélération du développement économique dans les zones rurales dépend largement des infrastructures. Bruno Cavagné, président de la FNTP, ironise sur l’écart entre les paroles et les actes, rappelant que le problème ne date pas d’hier. En 1995, Jacques Chirac avait été élu sur « la fracture sociale ». Depuis, la situation n’a fait que s’aggraver. Pour y remédier, il préconise de « redonner le pouvoir aux élus locaux » en matière de politique d’investissement dans les infrastructures, de « faire de l’Europe un vecteur d’investissement » tout en scellant un pacte « intergénérationnel » .
FAIRE ÉVOLUER LA FISCALITÉ
Car contrairement à un cliché rebattu qui fait rimer ruralité avec agriculture, les emplois dans les zones rurales sont à peine à 3"% agricoles contre 18 % industriels. « De nombreuses entreprises locales n’arrivent pas à recruter », déplore d’ailleurs Sophie Garcia, patronne du Medef Occitanie, en partie à cause de l’hétérogénéité des situations ainsi que des territoires. La place du privé est d’ailleurs trop souvent négligée. Réaliste, Robin Rivaton, directeur-fondateur de Real Estech, juge que « la dynamique est du côté des villes ». Il en veut pour preuve le télétravail, « un mythe qui perdure depuis vingt ans », car l’activité est de plus en plus centralisée. L’essayiste considère qu’il faut faire évoluer la fiscalité. Chaque canton, département et région devraient pouvoir fixer leur fiscalité. Encore plus précis, il propose « d’inventer le foncier rural, qui pourrait s’inspirer du mécanisme qui a bien fonctionné pour les forêts ».
Si les 20 propositions concrètes retenues après les deux jours de débats ne sont qu’un premier pas pour passer à l’action, elles montrent la voie car tous les intervenants s’accordaient avec Maximilien Pellegrini, DG délégué de Suez Eau France, pour qui « si on n’anticipe pas, cela va s’aggraver pour les territoires ».
« Source de revenus et d’emplois locaux, le patrimoine est difficilement délocalisable, contrairement à l’industrie » STÉPHANE BERN, RESPONSABLE DE LA MISSION SUR LE PATRIMOINE