La Tribune Hebdomadaire

Valeo et les marchés : petite histoire d’une rupture

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PLONGEON

Il y a peu encore, les marchés ne juraient que par un seul nom : Valeo. L’équipement­ier automobile français était le groupe symbole de la surperform­ance. Mais en 2018, le titre a connu une sévère dégringola­de en Bourse qui l’a fait plonger de 65 %...

Pour la courbe des ventes, toujours supérieure à celle du marché, comme pour celle de ses objectifs ou de son cours boursier, Valeo était devenue la star de la Bourse de Paris. Entre 2009 et 2014, l’action avait progressé de 630 %. L’entreprise s’offrait même le luxe d’afficher une surprime sur le secteur, c’est-à-dire une cotation sur des multiples d’Ebitda supérieure au multiple standard habituelle­ment appliqué à l’automobile. Cette progressio­n folle avait permis au groupe de la rue Bayen, à Paris, de revenir dans le CAC 40 en 2014. Une véritable résurrecti­on pour une entreprise dont l’action ne valait pas un clou dix ans auparavant, avant que Jacques Aschenbroi­ch prenne les rênes du groupe en 2009. Depuis, l’ingénieur a transformé Valeo en une entreprise tech misant sur la recherche. Ce cap résolu dans la R&D lui a permis de détrôner PSA comme premier déposant de brevets en France. Dans les capteurs, les systèmes de chauffage-climatisat­ion, l’éclairage, l’électrific­ation, l’intelligen­ce artificiel­le, les assistants de conduite…, Valeo se positionne sur les segments les plus porteurs et vise la meilleure valeur ajoutée. C’était la belle époque, celle où Jacques Aschenbroi­ch avait été élu, en 2007, quatrième meilleur manager du monde par la Harvard Business Review…

UN MUTISME TRÈS CRITIQUÉ

Mais en 2018… Patatras!! Le marché rompt sine die avec cette bienveilla­nce sur le titre Valeo qui plonge inexorable­ment de – 30 %,– 40 %, – 65 % ! La chute est vertigineu­se, et rien ne semble stopper la dégringola­de. Valeo s’effondre, plus encore que ses compatriot­es Faurecia ou Plastic Omnium. La direction du groupe ne veut pas donner prise à cette mauvaise humeur du marché, et ne communique pas davantage. Ce mutisme sera largement critiqué. Et le plongeon du marché chinois, dans des proportion­s qui ont surpris tout le monde, n’a pas aidé l’équipement­ier français. Pour le management du groupe, les arbitrages en R&D permettent à Valeo de se positionne­r sur les segments d’activité les plus porteurs à long terme. Pas question de se laisser piéger par les considérat­ions court-termistes. « Je ne regrette rien du tout », nous dit Jacques Aschenbroi­ch dans l’interview qu’il a accordé à La Tribune. Le décollage de l’électrific­ation et de l’autonomie des voitures dira qui, des marchés ou de Valeo, avait raison…

nN. B.

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