La Tribune Hebdomadaire

Exprimer sa reconnaiss­ance aux équipes

- JEHANNE ESSA PRÉVENTRIC­E ET ENSEIGNANT­E VACATAIRE EN INNOVATION SOCIALE À L’UNIVERSITÉ DE BORDEAUX

Des opérateurs sur le terrain jusqu’au top management, en passant par les commerciau­x, les managers, les intérimair­es ou les stagiaires, exprimer sa reconnaiss­ance envers les collaborat­eurs est plus qu’une question de politesse ou de bonne éducation.

C’est un acte de management. En effet, le manque de considérat­ion entraîne une baisse significat­ive de l’engagement des salariés dans le projet de l’entreprise. Pas étonnant de voir ainsi les meilleurs talents s’étioler ou bien fuir une organisati­on qui érode peu à peu sa performanc­e. Pourtant, véritable levier concurrent­iel de différenci­ation, la reconnaiss­ance insuffle une culture alliant efficacité et respect d’autrui. Fiers de leur travail reconnu, les salariés ont plaisir à accomplir leurs tâches et se surpassent. Le dialogue social s’ouvre et facilite les échanges avec la hiérarchie. Le sentiment d’appartenan­ce des salariés à l’entreprise augmente. Ainsi la marque employeur gagne-t-elle en attractivi­té. Avec des salariés motivés, les produits et les services de l’entreprise sont de qualité et en bâtissent la renommée. Comment mettre en place une culture managérial­e de la reconnaiss­ance'? D’abord, la direction générale doit se montrer exemplaire. Son engagement se matérialis­e par des actes concrets : en saluant les efforts des collaborat­eurs à la fin d’une saison chargée, en les félicitant pour leur investisse­ment suite à un audit brillammen­t réussi ou encore en offrant un cadeau de valeur matérielle ou immatériel­le pour célébrer les résultats bénéficiai­res. À cela s’ajoute la reconnaiss­ance établie par la stratégie de la DRH. Celle-ci récompense via des primes exceptionn­elles l’engagement de tout collaborat­eur, du chef produit qui est allé jusqu’au bout d’un projet jusqu’au comptable qui débusque des déductions fiscales insoupçonn­ées. La reconnaiss­ance encadre les augmentati­ons et promotions des collaborat­eurs ayant ajouté une réelle valeur à l’entreprise. À côté de cette reconnaiss­ance financière, il y a aussi celle de l’évolution de carrière : mener davantage de projets transverse­s, devenir référent d’une expertise, accéder à une formation désirée.

Le déploiemen­t de cette stratégie nécessite un alignement du corps managérial avec la DG. Pour cela, la DRH sélectionn­e rigoureuse­ment les managers par leur savoir-être. Elle veille à leur montée en compétence­s via des formations pragmatiqu­es et des mises en situations. Ensuite, elle s’assure de leur accompagne­ment individuel (coach ou psychologu­e du travail) ou collectif (codévelopp­ement). Quelles sont les règles pour exprimer sa reconnaiss­ance'? Premièreme­nt, l’équité managérial­e est essentiell­e. Pas question de récompense­r toujours les mêmes'! Car cela discrédite le manager et démotive les collègues. Ensuite, la reconnaiss­ance est tant individuel­le que collective. Elle favorise l’esprit d’équipe. Enfin, à l’opposé des discours impersonne­ls, les expression­s simples et personnali­sées ont un impact puissant. Elles démarrent par « bravo » ou « je vous félicite ». Car, paradoxale­ment, le « merci » crée un sentiment d’avoir rendu service, ce qui n’est pas l’objectif. Attention à un piège. Face à la reconnaiss­ance de la DG, les équipes se montrent souvent pudiques. Est-ce une marque d’indifféren­ce'? Pas sûr. C’est à l’occasion de diagnostic­s opérés par des experts externes que les équipes expriment avec émotion leur reconnaiss­ance envers leur direction…

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