La Tribune Hebdomadaire

Laurent Bunan, fier vigneron et fervent syndicalis­te

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VAR Le nouveau président de la Fédération des vignerons indépendan­ts Paca-Corse entend défendre « le métier » . Avec sa nouvelle casquette, il espère pouvoir agir contre les complexité­s administra­tives et s’opposer à la diminution des terres agricoles.

Aussi loin qu’il s’en souvienne, Laurent Bunan a toujours voulu être vigneron. « Ma famille m’a bercé dans ce métier. Mon grand-père l’était, mon père aussi, il m’a insufflé cette passion. J’ai toujours voulu faire cela », raconte-t-il. Si être fils de vigneron aide pour se lancer, le gène viticole ne se transmet pas et il lui a bien fallu apprendre. C’est à Beaune, en Bourgogne, que Laurent Bunan effectue ses études de viticultur­e-oenologie. « J’étais celui qui venait du plus loin, sourit-il aujourd’hui. J’y ai appris la viticultur­e, mais cela a aussi été l’occasion de rencontrer des personnes originaire­s de pleins de régions différente­s et qui sont restés mes amis. Nous avons vieilli ensemble. » Comme tout bon étudiant, Laurent Bunan passe par la case stages dans différents domaines comme à Châteauneu­f-du-Pape et dans d’autres régions telles que l’Alsace et la Bourgogne. « Cela a enrichi mon expérience avec différente­s méthodes de travail, explique-t-il. Chacune m’a apporté quelque chose et m’a permis de me construire. »

INITIÉ AU MARKETING

Pourtant, sa carrière d’apprenti vigneron prend un tout autre virage quand il décide de partir un an aux États-Unis. « Je voulais perfection­ner mon anglais et travailler dans différents domaines », raconte Laurent Bunan. Outre-Atlantique, il s’initie notamment au marketing du vin, peu en vogue à l’époque. Un nouveau monde. Au cours de cette expérience américaine, Laurent Bunan apprend « l’exigence ». Il envisage même d’y rester. « Avecma famille, nous avions l’ambition d’investir aux États-Unis et de créer une exploitati­on. Mais n’ayant pas trouvé celle qui nous convenait, nous avons investi dans notre domaine. »

De quoi reconstrui­re la cave, agrandir le site et recréer des marques avec différents habillages pour les cuvées. « Nous avons aussi développé l’export. Comme j’étais le voyageur de la famille et que je parlais anglais, je m’en suis occupé. » Les ventes à l’étranger sont passées de 5 à plus de 30 % de la production. Désormais, le vigneron voyage beaucoup moins. Et ne cache pas l’apprécier. La performanc­e est d’autant plus notable que le domaine Bunan n’a pas foncé sur le rosé, la robe très tendance du moment. Le domaine familial, fondé par son père et son oncle, dont il s’occupe désormais avec sa soeur et ses cousins, se trouvent à la Cadière-d’Azur, entre Saint-Cyr et Bandol, dans

», explique-t-il. Le vigneron s’alarme de « la baisse des terres agricoles à cause de la pression immobilièr­e » et répète qu’il voit « nos terres disparaîtr­e ». Son engagement se traduit d’abord par la présidence des Jeunes agriculteu­rs de son canton, qu’il occupe jusqu’à ses 35 ans, l’âge maximum pour être à cette fonction. Désormais, c’est à la tête de la Fédération des vignerons indépendan­ts Paca-Corse, dont il était déjà administra­teur, qu’il continue à défendre « le métier ». Une profession qu’il espère simplifier. « Nous devenons un métier de paperasse », souffle-t-il. Il faut aider les jeunes agriculteu­rs à s’installer en les accompagna­nt. » Laurent Bunan, n’est pas dupe, il reconnaît volontiers que « c’est un métier très complexe ». De quoi lui donner envie de le défendre encore davantage car il l’assure : « Cela reste toujours ma passion. »

n« Ma famille m’a bercé dans ce métier. Mon grand-père était vigneron, mon père aussi. Il m’a insufflé cette passion »

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[JOSÉ NICOLAS] Dans le domaine des Bunan, à la Cadière-d’Azur (Var), le rouge représente 40 % de la production et le blanc 10 %, une singularit­é dans la région.

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