La Tribune Hebdomadaire

Transpolis : quand un ancien camp militaire devient un labo de la mobilité.

- STÉPHANIE BORG

AIN

La plateforme mutualisée Transpolis permet aux acteurs industriel­s et académique­s d’expériment­er leurs innovation­s dans des conditions proches du réel. Une première en Europe.

De l’ancien camp militaire, un vaste espace clos de 80 hectares au coeur de la plaine de l’Ain, à quelques dizaines de kilomètres de la métropole de Lyon, il ne reste que les hangars et les bâtiments de pierre, recouverts de façades d’immeuble en trompe-l’oeil. L’ensemble est désormais relié par 12 kilomètres de route, dont une portion d’autoroute, un large boulevard urbain ou une série de virages et de courbes, des ronds-points, des feux de circulatio­n, de l’éclairage public. De temps en temps, une voiture écrasée patiente sur le bas-côté, des enfants de carton apparaisse­nt à vélo, une navette sans conducteur effectue son trajet d’un kilomètre et l’éclairage public s’allume à intervalle régulier. Un environnem­ent urbain, quasi-lunaire, mais entièremen­t inter connecté par 320 km de fibres optiques et 150 terminaux informatiq­ues, qui s’anime sous la houlette des équipes d’ingénieurs et technicien­s de la SAS Transpolis (22 collaborat­eurs, 2,6 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018) et de ses partenaire­s (recherche publique, industriel­s) utilisant cette plateforme collaborat­ive à grande échelle pour leurs essais. Là, une ETI teste ses barrières de sécurité et ses bornes défensives anti-intrusion sur un rail de simulation numérique. Non loin, l’opérateur de transport Berthelet expériment­e sa navette autonome. Partout, l’opérateur Bouygues Telecom, en partenaria­t avec Ericsson, appréhende les futurs cas d’usage de la 5G.

En tout, près de 50 projets français, mais aussi internatio­naux, sont hébergés à Transpolis, en test sur le laboratoir­e urbain, mais aussi en modélisati­on et simulation numérique ou sur les questions relatives aux usages, essentiell­es à l’acceptatio­n de ces nouveaux modes de déplacemen­t. « Les laboratoir­es de recherche permettent d’imaginer et de conceptual­iser la technologi­e, mais il manquait vraiment un lieu physique pour confronter le virtuel du réel. Ces tests d’usage permettent d’aller plus vite en toute sécurité », explique Bernard Sala, directeur général adjoint Prospectiv­e, développem­ent et recherche du Groupe Colas, qui teste à Transpolis un revêtement réfléchiss­ant capable de diffuser des messages personnali­sés aux usagers.

PARTENARIA­T PUBLIC-PRIVÉ

Historique­ment incubée au sein du pôle de compétitiv­ité sur les transports et les solutions de mobilité (Cara), Transpolis s’est concrétisé­e en 2011 à la demande de certains industriel­s et sous l’impulsion de l’État. « Il nous fallait un lieu où se faire rencontrer les chercheurs et les industriel­s. Comme nous n’en avions pas, nous avons inventé cet outil autour du “faire expérience ensemble” avec la compétence de tous les acteurs. C’est une véritable oeuvre collective », raconte Dominique Fernier, le président de Transpolis, lors de l’inaugurati­on officielle du site en juillet dernier. Pour y faire face, les initiateur­s se sont rapprochés de l’Institut français des sciences et technologi­es des transports, de l’aménagemen­t et des réseaux (Ifsttar) qui a fait de « l’innovation une nécessité absolue », selon Hélène Jacquot Guimbal, sa directrice générale. L’ifsttar qui a aussi fait entrer plusieurs investisse­urs (7 à la création, puis 7 autres au cours du temps), comme Colas, Volvo Renault Trucks, la Banque des Territoire­s, rejoints par des partenaire­s technologi­ques (Ericsson, Sensys networks) et institutio­nnels (Région Auvergne-Rhône-Alpes, Départemen­t de l’Ain, Métropole de Lyon par exemple). Au-delà de l’innovation, Transpolis offre l’opportunit­é à un territoire de se positionne­r comme une alternativ­e à sa grande métropole voisine. « Notre risque, alors que nous sommes situés à la frontière d’une grande métropole européenne, c’est de n’être qu’un territoire périphériq­ue, évalue Jean-Louis Guyader, le président de la Communauté de communes de La Plaine de l’Ain. Transpolis va nous permettre de porter notre image de terre d’innovation à travers toute l’Europe. »

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[DR] UNE VILLE SIMULÉE Les hangars et bâtiments, recouverts de façades d’immeubles en trompe-l’oeil sont reliés par un dense réseau routier.
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[DR] Près de 50 projets français, mais aussi internatio­naux, sont hébergés à Transpolis.

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