La Tribune Hebdomadaire

La face cachée des soft skills

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L’attention portée sur les aspects comporteme­ntaux est-elle en voie de prendre le pas sur les savoir

faire opérationn­els!? L’équilibre entre hard et soft skills, s’il représente la panacée en société, n’est pas la recette miracle du succès en affaires. L’image d’un Steve Jobs, comme celle de beaucoup de ses condiscipl­es, est bien là pour nous le rappeler. Il est clair que la problémati­que de la direction d’Apple ne se reproduit pas dans tous les secteurs de l’entreprise, quelle que soit sa taille, cependant si le besoin se porte sur une efficacité opérationn­elle bien précise, les choix comporteme­ntaux viennent au second plan.

En fait si ce thème est de plus en plus évoqué, c’est plus dû au changement de paradigme dans l’organisati­on de la production qu’à une prise de conscience purement sociétale. Les mutations industriel­les sont responsabl­es de plusieurs changement­s structurel­s de différents ordres. Tout d’abord, la forte automatisa­tion de la production, et plus généraleme­nt des processus formalisés, déplace l’évaluation du travail plus vers les attentes en matière de management et de communicat­ion que vers l’expertise proprement dite. Laquelle est de plus en plus déléguée à la machine. Ensuite, la globalisat­ion a restructur­é l’organisati­on de la production en îlots de spécialité­s qu’il faut aujourd’hui faire coopérer. C’est une des variables prépondéra­ntes dans le champ concurrent­iel. Ces îlots sont répartis aux quatre coins du monde, mêlant des problémati­ques culturelle­s et logistique­s qui vont demander des trésors d’adaptation et de compromis. De plus, la cohérence de ces îlots est remise en cause en permanence car c’est de leur bon fonctionne­ment que dépendent les facteurs qui, in fine, feront la différence compétitiv­e.

Que l’on soit à l’intérieur d’un îlot ou dans leur supervisio­n n’imprimera pas la même acuité aux

“soft” ou “hard skills”. En d’autres termes, l’appréciati­on qualitativ­e n’est plus une valeur indépendan­te des processus. C’est une preuve supplément­aire de la nouvelle place des RH au sein des mécanismes de production et de leur participat­ion effective à la chaîne de valeur. De fait, la frontière entre hard et soft skills devient beaucoup plus ténue. Tout un ensemble de compétence­s préalablem­ent associées aux soft skills glisse vers des compétence­s opérationn­elles. On pourra les distinguer des aptitudes comporteme­ntales générales par leurs associatio­ns directes à un processus opérationn­el.

Cette nuance qui peut apparaître un tant soit peu académique prend toute son importance si l’on se place du point de vue des techniques d’intelligen­ce artificiel­le. En effet, les nouveaux algorithme­s qui apparaisse­nt permettent de mettre en évidence cette nouvelle segmentati­on au travers de grands volumes de profils. La prise en compte des schémas organisati­onnels de la production, désormais facteurs prépondéra­nts de différenti­ation, offre une plus grande pertinence dans l’appréciati­on des profils. Fondamenta­lement, l’approche comporteme­ntale ne perd en rien de son acuité et se trouve parfaiteme­nt valorisée dans les approches plus sociétales des communauté­s de plus en plus diverses qui gravitent autour de l’entreprise. Bien être dans l’entreprise sans lui appartenir sera le prochain challenge qui s’imposera à nous.

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FRANCIS PORTOGALLO CONFÉRENCI­ER ET CONSULTANT EN IA ET RH

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