La Tribune Hebdomadaire

À Toulouse, l’explosion d’AZF effacée du paysage

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En septembre 2001, l’agglomérat­ion toulousain­e est secouée, puis traumatisé­e, par l’explosion de l’usine d’engrais, classée Seveso seuil haut. Depuis, le site pollué fait l’objet d’une transforma­tion.

Quand une forte déflagrati­on résonne sur l’agglomérat­ion toulousain­e, le 21 septembre 2001, la population pense à un attentat... Finalement, la plus grande catastroph­e industriel­le de l’histoire en France vient de se dérouler sur le site de l’usine AZF, classée Seveso seuil haut. En cause, l’explosion d’un stock de nitrate d’ammonium. L’usine appartenan­t à l’entreprise Grande Paroisse, elle-même propriété du groupe Total, produisait en grande partie des ammonitrat­es agricoles et des nitrates d’ammonium industriel­s.

Le bilan est lourd pour la Ville rose où l’on dénombre 31 victimes et 2&500 blessés. « Il aurait pu être bien plus important, car, à côté de l’usine AZF, se trouve encore aujourd’hui un site d’ArianeGrou­p, l’ancien site industriel de la Société nationale des poudres et explosifs où sont produits les principaux composants du propergol, le carburant pour les lanceurs Ariane », précise Jean-Luc Moudenc, le maire de Toulouse et adjoint à l’urbanisme au moment des faits.

AU COEUR DE L’AGGLOMÉRAT­ION

Autrefois, ces deux sites étaient à l’écart des habitation­s, mais l’étalement urbain les a, au fil des années, englobés au coeur de l’agglomérat­ion. Après cette catastroph­e, aux dégâts matériels évalués à 2 milliards d’euros, il a également fallu gérer le devenir des 459 salariés du site. Certains d’entre eux ont été reclassés en interne dans le groupe Total, d’autres ont fait l’objet d’un reclasseme­nt externe au sein d’entreprise­s basées à Toulouse comme Airbus, Sanofi et Synthélabo. Et près de 200 ont été mis en préretrait­e. Après le « dédommagem­ent » de ces salariés une fois l’arrêt de l’activité acté, il a été question de celui du territoire. « Total a vendu à la Métropole le terrain de 110 hectares pour un euro symbolique et le groupe a fait un don de 10 millions d’euros à la Fondation Toulouse Cancer Santé, créée après la catastroph­e et qui a pour but de financer des projets de recherche autour du cancer », rappelle Jean-Luc Moudenc. La création de cette fondation sera suivie par l’inaugurati­on en 2014 de l’Institut universita­ire du cancer de Toulouse Oncopole et du Centre de recherche en cancérolog­ie de Toulouse. Deux installati­ons qui seront complétées en 2021 par un bâtiment de 12&000 mètres carrés devant accueillir le projet Inspire, mêlant soins et recherches autour de la problémati­que du « mieux vieillir ».

MIEUX RELIER LA ZONE AU RESTE DE LA VILLE

Désormais, tout l’enjeu est de mieux relier cette zone, où travaillen­t 5&000 personnes, au reste de la ville. Ainsi, le plus grand téléphériq­ue urbain de France qui sera mis en service à Toulouse fin 2020 (coût estimé à 82 millions d’euros) connectera ce quartier au CHU de Rangueil et à l’université Paul-Sabatier, deux équipement­s desservis par le métro. Par ailleurs, l’ancien site industriel doit accueillir dans les semaines à venir la plus grande centrale photovolta­ïque urbaine de France, qui s’étendra sur 25 hectares. « On espère une production annuelle de 19"350 MWh, soit l’équivalent de la consommati­on annuelle de 4"100 foyers », évalue Stéphanie Andrieu, directrice générale d’Urbasolar, la société héraultais­e choisie pour exploiter le site. Pour l’anecdote, les panneaux solaires ont dû être surélevés en raison de la forte pollution des sols liée à la catastroph­e.

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