LA DÉCIDEUSE
Magali Charbonneau, nouvelle préfète de la région Île-de-France, va organiser la mobilisation générale pour l’emploi.
GRAND PARIS Nommée, le 10 juillet dernier, préfète, secrétaire générale de la préfecture de la région Île-de-France, Magali Charbonneau anime et met en oeuvre les politiques publiques à Paris.
Fille de deux cadres exerçant chez Total, Magali Charbonneau a passé son enfance à l’étranger, dont quatre ans en Chine, avant de revenir à Paris à l’âge de 16 ans passer son bac S, préparer les écoles de commerce et entrer à l’Essec. Elle joue même dans un music-hall qui se produit à l’Olympia. Attirée par le « dév’éco » à l’international, elle rêve du Quai d’Orsay et se présente au concours de l’ENA. Admise, elle demande à partir en outre-mer pour son stage obligatoire en préfecture et atterrit à Basse-Terre, en Guadeloupe.
EXPÉRIENCE MARQUANTE
Le préfet, Jean-Jacques Brot, désormais en fonction dans les Yvelines, se souvient des premiers pas de celle qu’il considère « comme une membre de [sa] famille » #: « Un jour, un préfet arrive avec une journée d’avance, mais je ne sais qu’en faire. Je dis donc à Magali!: “Démerdez-vous !”, et elle l’a emmené dîner dans un restaurant et lui a fait un résumé de la situation comme si c’était prévu de longue date!! »
Pour Magali Charbonneau, cette expérience « marquante » la convainc de rejoindre le ministère de l’Intérieur plutôt que les Affaires étrangères si son classement de sortie le lui permet. « J’y ai découvert le rôle qu’une préfecture pouvait jouer sur un territoire », raconte-t-elle. « Vous voyez rapidement, parfois en une journée, le fruit de votre travail. »
À l’issue des deux ans à Strasbourg, elle est nommée en 2008 « dircab » du préfet d’Eure-et-Loir, un certain Jean-Jacques Brot. « Je m’étais porté volontaire pour la faire venir à Chartres », s’amuse aujourd’hui l’intéressé. Suivra de 2009 à 2011 la direction du cabinet du Haut-commissaire de la République en Polynésie où elle obtiendra deux brevets de plongée et apprendra la danse tahitienne. De retour à l’ENA comme directrice adjointe des stages, Magali Charbonneau retrouve dès 2013 l’ex-directeur Bernard
« Vous avez besoin des retours d’expériences du terrain quand vous concevez les politiques publiques »
Boucault qui a été désigné préfet de police de Paris (PP). Elle restera « cheffe de cab’ » de son successeur Michel Cadot jusqu’en 2016.
C’est à cette date que le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve l’appelle comme conseillère immigration et asile, une composante essentielle de ses missions à la
PP. Elle le suivra à Matignon en tant que conseillère aux Affaires intérieures. « Je suis par exemple partie en Guyane lors du mouvement social de 2017 » , t é moigne- t - e l l e . « C’était problématique pour l’activité économique avec des incidences industrielles. Nous avons dû négocier. » Au lendemain de l’élection présidentielle , elle repart en région comme secrétaire générale de la zone de défense et de sécurité Sud. Dans cette vaste aire géographique qui comprend les 21 départements de l’Occitanie, du Sud et de la Corse, Magali Charbonneau mène de front la prévention et la gestion des risques ainsi que l’administration des moyens budgétaires, humains et immobiliers de la police nationale.
DE L’OMBRE À LA LUMIÈRE#?
La Place Beauvau la rattrape en octobre 2018 quand elle est nommée directrice adjointe du cabinet du ministre de l’Intérieur Christophe Castaner. « Ce sont des phases assez complémentaires!: vous avez besoin des retours d’expériences du terrain quand vous concevez les politiques publiques », explique-t-elle aujourd’hui. Neuf mois se sont écoulés et elle est nommée, en juillet dernier, préfète, secrétaire générale de la préfecture de l a r é g i on Î l e - de- France, auprès de Michel Cadot. Elle est notamment chargée de mettre en musique la mobilisation générale pour l’emploi. Il s’agit là de son dixième poste en onze ans. Le prochain sera-t-il un mandat électoral#? « Je souhaite davantage servir dans l’ombre comme fonctionnaire », assure-t-elle.
Son camarade de promo à l’ENA, Sylvain Waserman, vice-président de l’Assemblée nationale et député (MoDem) de la deuxième circonscription du Bas-Rhin, émet une hypothèse#: « Si elle se lançait, je la verrais directement au gouvernement. C’est une évolution qui me paraîtrait tellement logique. »