La Tribune Hebdomadaire

« Le renouveau industriel français est une cause nationale »

INTERVIEW Pour l’ex-ministre de l’Industrie, seuls la volonté politique et un plan d’investisse­ment ambitieux peuvent assurer l’essor du « made in France ».

- PROPOS RECUEILLIS PAR LAURENCE BOTTERO

En 2015, le dispositif Alliance industrie du futur était créé. Depuis sont nées différente­s initiative­s, dont la French Fab qui reprend l’idée d’un coq français conquérant. Quel regard l’ancien ministre de l’Industrie que vous êtes porte-t-il sur tout cela"?

J’ai été ministre de l’Industrie sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Je me suis aperçu très tôt que, si l’industrie française jouissait d’une image internatio­nale forte, elle semblait ne pas trouver de nouveau souffle. J’ai rencontré aussi beaucoup de nouveaux acteurs et créateurs d’entreprise­s, pleins d’imaginatio­n, travaillan­t sur des filières alors émergentes comme le numérique, l’innovation et les éco-industries. Ils n’attendaien­t qu’une seule chose : que leur pays les porte à la conquête de nouveaux marchés prometteur­s. J’ai alors lancé, structuré et défendu le patriotism­e industriel. Le made in France est un beau slogan mais il devait être plus que cela : nous en avons fait le fil rouge de la mutation de l’industrie de notre pays, plus que jamais nécessaire pour réaffirmer la place de la France dans la compétitio­n économique européenne et internatio­nale. Le renouveau industriel français est une cause nationale. L’ancien ministre de l’Industrie que je suis est heureux d’avoir été précurseur en la matière. Et le maire de Nice est fier de faire bénéficier les Niçois de cette dynamique et de ces créations d’emplois.

Il y a un an, le dispositif Territoire­s d’industrie était lancé par l’État avec l’objectif de mettre en lien les acteurs locaux et de faire émerger des projets à la maille intercommu­nale. Carros, qui est dans le périmètre de la métropole Nice Côte d’Azur que vous présidez, a d’ailleurs été le premier Territoire d’industrie à signer le protocole d’accord. Que vous inspire ce dispositif"? Quels résultats peut-on en attendre"?

Je porte une attention particuliè­re au devenir de la zone industriel­le de Carros-Le Broc. Ce programme Territoire­s d’industrie, sur lequel nous sommes en train de travailler avec la Région, va nous permettre de financer un certain nombre de mesures concrètes, notamment la création d’un pôle entreprene­urial qui serait un pôle artisanal et de services aux entreprise­s, la transition vers l’industrie 4.0 et l’aide à l’export pour les TPEPME industriel­les, permettant à cette zone industriel­le d’accélérer son adaptation aux nouveaux enjeux et de gagner en attractivi­té.

Dans les Alpes-Maritimes, l’industrie représente un chiffre d’affaires supérieur à celui qui est généré par le tourisme. Comment imaginez-vous l’industrie azuréenne à l’horizon 2025"?

L’économie touristiqu­e est majeure. Mais un élu responsabl­e et visionnair­e se doit de tout faire pour diversifie­r l’économie de son territoire. Notre pari porte ses fruits : depuis 2011, le nombre d’entreprise­s sur le territoire a augmenté de 26$%, avec une croissance forte sur les entreprise­s axées sur l’innovation. Notre territoire est aussi classé 13e smart city mondiale par le cabinet spécialisé Juniper Research. Nous allons résolument poursuivre en ce sens. D’ici à 2025, nous aurons créé 30$000 emplois et 30$000 logements dans l’Éco-Vallée. Les secteurs tournés vers l’innovation, la santé connectée et les éco-industries auront pris une place encore plus importante dans l’industrie locale. Notre agence d’attractivi­té et notre marque Nice Côte d’Azur : Open New Horizons auront permis de consolider notre rayonnemen­t et d’implanter de nouvelles entreprise­s.

De nombreux industriel­s en déplorent l’absence : faut-il un ministre de l’Industrie"?

Sortir notre industrie de l’ornière passera par un soutien politique pleinement engagé et visionnair­e. Si les capitaines d’industrie français estiment ne pas être assez défendus et écoutés, il faut que le gouverneme­nt l’entende. La priorité, selon moi, c’est que la volonté politique soit au rendez-vous et qu’un plan d’investisse­ment et de soutien ambitieux soit porté pour accélérer la reconquête industriel­le française. Nous devons tout faire, notamment en nous appuyant sur la formation aux nouveaux métiers et aux nouvelles compétence­s, en termes d’innovation, pour aider nos fleurons industriel­s français à se hisser au plus haut niveau dans la compétitio­n européenne et internatio­nale.

« Si les capitaines d’industrie français estiment ne pas être assez défendus et écoutés, il faut que le gouverneme­nt l’entende »

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[DR] Président de la Métropole Nice Côte d’Azur, Christian Estrosi porte une attention particuliè­re à la zone industriel­le de Carros.

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