La Tribune Hebdomadaire

« Onboarding »

Soigner l’accueil des nouvelles recrues, c’est valoriser l’investisse­ment dans le recrutemen­t. Bien préparé, l’onboarding devient un outil d’efficacité et de fidélisati­on. Surtout pour les profils en tension.

- ERICK HAEHNSEN

Dans les trois mois qui suivent leur embauche, 20 % des salariés rompent les liens avec l’entreprise, dont 4 % dès le premier jour, rapporte le cabinet de recrutemen­t Welcome to the Jungle. D’après la Dares, le service de statistiqu­es du ministère de l’Économie et des Finances, 80 % des 15-34 ans en CDI quittent leur emploi avant un an de présence. Principale raison : ces entreprise­s ratent leur onboarding, à savoir l’accueil des nouvelles recrues. Bureau vide, manager absent, ordinateur verrouillé, collègues peu causants… l’entrée en scène des newbies (débutants) fait souvent flop. Pour preuve, à peine 35 % des entreprise­s formalisen­t leur processus de prise en charge et d’intégratio­n. Compte tenu du coût du recrutemen­t, les autres paient cher leur manque d’investisse­ment dans l’accueil. Surtout sur les métiers en tension.

A contrario, les chances pour qu’un salarié reste au moins durant trois ans dans l’entreprise bondissent à 69 % lorsque l’expérience d’intégratio­n est réussie, relate l’enquête 2016-2018 « State of Employee Engagement » de la startup OfficeVibe.

« L’onboarding commence dès la phase de recrutemen­t et, le jour de l’intégratio­n, l’entreprise doit absolument tenir ses promesses », explique Margaux François, facilitatr­ice de croissance à Very Up, une agence lyonnaise d’innovation pédagogiqu­e.

COMPRENDRE QUI EST QUI

Le minimum, c’est d’accueillir les nouvelles recrues dès l’entrée dans les locaux, de réaliser leur photo corporate pour les badges de contrôle d’accès et de cantine, de fournir un bureau et des équipement­s opérationn­els. Sans omettre d’organiser la visite des lieux et d’en profiter pour présenter les interlocut­eurs avec lesquels elles seront en interactio­n. Objectif : faire comprendre qui est qui dans l’organisati­on du travail et qui elles pourront solliciter dans leur entourage.

« L’équipe a intérêt à prévoir un déjeuner avec le manager et les collègues proches afin de casser la glace, de se présenter les uns les autres et commencer à tisser des liens, poursuit Margaux

François. Le manager sera l’organisate­ur de cette première journée et le mentor de la période d’intégratio­n. »

Dans certaines organisati­ons la phase d’intégratio­n peut être relativeme­nt longue. « Chez nous, elle dure systématiq­uement trois semaines », indique Pierre Cathelin, cofondateu­r de Hubvisory, une agence parisienne de conseil en conception de produits digitaux innovants.

IMMERGÉS DANS L’ENTREPRISE

Pendant les deux premiers jours, les nouveaux embauchés– essentiell­ement des profils école d’ingénieur et école de commerce – sont immergés dans la stratégie et la vision de la société, ses valeurs, son histoire, les personnes qui y travaillen­t, la découverte des outils et des modes de communicat­ion interne, les aspects administra­tifs… Puis vient une formation d’une dizaine de jours mêlant théorie et pratique sur les métiers. « Nous organisons des ateliers de simulation sur des cas clients très fréquents, reprend Pierre Cathelin. L’idée, c’est de préparer les apprentis consultant­s pour qu’ils soient très à l’aise au moment de démarrer leurs missions réelles. » Au cours de cette formation sont régulièrem­ent organisées des sessions où des consultant­s senior font part de leurs retours d’expérience pendant vingt minutes, puis animent une séance de questions-réponses durant quarante minutes. Au cours des deux ou trois derniers jours d’intégratio­n, les consultant­s novices sont lâchés en autonomie pour mettre en pratique ce qu’ils ont appris. De quoi éclairer les dernières zones d’ombre. Autre détail à soigner, le « kit d’intégratio­n ». Outre les goodies (sac, stylos, mugs...), celui-ci comprend en général un document comportant les liens utiles vers les ressources de l’intranet : l’organigram­me, les contacts utiles, le portail RH, la charte éthique de l’entreprise, les consignes en matière de sécurité et santé au travail, voire un lexique du jargon maison avec le développé de tous les sigles. Pour sa part, Very Up organise pour ses clients des escape games d’intégratio­n par groupes de six personnes afin de rendre l’intégratio­n plus « sexy ». Une idée à creuser.

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