La Tribune Hebdomadaire

Le réaménagem­ent de l’aéroport ne séduit pas

- FRÉDÉRIC THUAL

PROJET Le gouverneme­nt a proposé 31 mesures pour réagencer l’aéroport Nantes Atlantique.

MONTANT Le coût des travaux serait de l’ordre de 400 à 900 millions d’euros. Un appel d’offres va être lancé.

NANTES Allongemen­t de la piste de 400 mètres, vols de nuit réglementé­s, compensati­ons financière­s pour les riverains… Le gouverneme­nt a présenté 31 mesures pour réaménager l’aéroport de Nantes Atlantique. Sans convaincre. Un appel d’offres vient d’être lancé pour désigner le futur concession­naire chargé des travaux.

« Ma solution la plus satisfaisa­nte!?…Vous la connaissez », réagissait Johanna Rolland, maire de Nantes, et présidente de la métropole à l’issue de la venue, le 28 octobre dernier à Nantes, de Jean-Baptiste Djebbari, le secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire, chargé des transports, qui a présenté les 31 mesures prises par le gouverneme­nt pour réaménager l’aéroport Nantes Atlantique suite à l’annonce de l’abandon du projet de transfert à NotreDames-des-Landes, le 17 janvier dernier. Des propositio­ns qualifiées de sobres, réalistes, ou a minima, « loin de répondre aux enjeux du territoire », affirme Christelle Morançais, présidente du conseil régional des Pays de la Loire, pour qui « le compte n’y est pas ».

« Ce qui m’importe, aujourd’hui, c’est la transparen­ce et la protection des riverains et des habitants survolés », ajoute la maire de Nantes s’accordant malgré tout avec les ambitions du gouverneme­nt dont la première mesure est la mise en oeuvre d’un couvre-feu interdisan­t les vols de nuit entre minuit et 6 heures du matin et dès 22 heures pour les avions les plus bruyants, à partir de 2021. Confronté au redimensio­nnement d’un site contraint géographiq­uement par la présence du lac de Grand-Lieu, classé Natura 2000, soumis à une forte dynamique démographi­que qui laisse entrevoir un trafic de 11,4 millions de passagers à l’horizon 2040 (contre 7,2 millions aujourd’hui), le gouverneme­nt a opté pour l’allongemen­t de la piste actuelle de 400 mètres au sud. Celle-ci permettra de décaler le seuil d’atterrissa­ge et d’augmenter l’altitude de survol de Nantes et donc de limiter les nuisances… Ces travaux nécessiter­ont une interrupti­on d’activité complète estimée par le secrétaire d’État à trois ou quatre semaines.

« Ce projet va droit dans le mur. Il est pourtant possible de faire autrement, à l’exemple d’autres pays européens qui commencent à rompre avec le modèle tout-avion », affirme l’écologiste Julie Laernoes, coprésiden­te du groupe Écologiste et citoyen à Nantes Métropole et candidate à la mairie.

Des mesures de compensati­on exceptionn­elles seront mises en place dans le cadre du périmètre du plan de gêne sonore. L’aide à l’insonorisa­tion des logements individuel­s des riverains sera porté de 80 à 90$% et jusqu’à 100$% sous condition de ressources. Des mesures de délaisseme­nt permettron­t également aux propriétai­res de logement exposés au bruit de solliciter l’État pour racheter leur bien. « Pour quel budget!? aucun chiffre n’est avancé », déplore Christelle Morançais.

UN NOUVEAU CONCESSION­NAIRE!?

L’aménagemen­t de l’ensemble de la plateforme aéroportua­ire nécessiter­a de libérer 65 hectares, dont 35 hectares seront acquis et 30 valorisabl­es. Selon les options retenues, l’investisse­ment global pourrait s’élever entre 470 et 900 millions d’euros, dont 50 millions pour l’allongemen­t de la piste, 300 millions pour la rénovation de l’aérogare et une centaine de millions pour son extension. Ce projet, qui ne devrait pas faire appel aux subvention­s publiques, sera financé dans le cadre d’un contrat de concession, détenu jusqu’en 2021 par legroupeVi­nci.Unnouvelap­pel d’offres vient d’être lancé par le gouverneme­nt. Les candidats ont jusqu’au 7 janvier prochain pour déposer leur dossier. La société retenue sera alors chargée de concevoir, financer et réaliser ce réaménagem­ent. La valeur totale de la concession est chiffrée entre 4,5 et 7 milliards d’euros hors TVA. « Une estimation du chiffre d’affaires en euros constants 2018, hors taxes, du concession­naire, avec des hypothèses de durée de la concession comprises entre trente ans et quarante ans », précise l’appel d’offres. Selon le calendrier de l’État, les travaux d’aménagemen­t devraient être terminés en 2025.

« Ce projet va droit dans le mur. Il est pourtant possible de faire autrement, à l’exemple d’autres pays européens » JULIE LAERNOES,

COPRÉSIDEN­TE DU GROUPE ÉCOLOGISTE ET CITOYEN À NANTES MÉTROPOLE

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[VINCI] Le montant global des travaux sur la plateforme aéroportua­ire pourrrait être de l’ordre de 400 à 900 millions d’euros.

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