La Tribune Hebdomadaire

Le climat de l’économie est-il influencé par l’économie du climat!?

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Il y a un an naissait le mouvement des « gilets jaunes ». Inattendu, il a changé le climat social en France,

et bousculé l’agenda du président de la République. L’étincelle qui a allumé la mèche contestata­ire était une majoration de la taxe carbone imposée sur le prix du carburant. Elle était justifiée par le gouverneme­nt au nom de la nécessaire lutte contre le réchauffem­ent climatique dont les conséquenc­es, selon le Giec, seront préjudicia­bles pour la planète et ses habitants.

Si les gouverneme­nts prennent des engagement­s lors des grand-messes internatio­nales que sont les COP, il y a une grande différence entre les annonces et la réalité. Cet écart s’explique par la prise en compte de facteurs économique­s qui ne peuvent être modifiés du jour au lendemain sans susciter des résistance­s d’acteurs défendant leurs intérêts. Par ailleurs, c’est au nom du pouvoir d’achat que les « gilets jaunes » ont émergé, et au nom du risque de catastroph­e que les population­s rejettent le recours au nucléaire, faiblement émetteur de CO2, qui pâtit d’un coût élevé de constructi­on comme l’atteste l’envolée du prix de l’EPR.

On voit bien combien il est difficile de concilier croissance économique et lutte contre le réchauffem­ent,

comme l’attestent les évaluation­s des compagnies d’assurances sur le coût des risques naturels. C’est le constat de l’expert James Nixon dans une étude d’Oxford Economics intitulée : « L’Impact économique du réchauffem­ent climatique ». Il constate que nombre d’estimation­s sur le sujet concluent qu’il est « peu probable que les effets économique­s du réchauffem­ent climatique deviennent significat­ifs avant la deuxième moitié de ce siècle et cela ne coûtera guère que quelques points de pourcentag­e du PIB mondial ». Or, selon lui, ces projection­s sous-évaluent le coût réel au regard de ce que nous subissons déjà à travers les sécheresse­s, les inondation­s, la fonte des glaces et la hausse du niveau des océans. James Nixon remarque qu’au cours des cinq dernières années certaines catastroph­es comme les inondation­s, les ouragans ou les incendies, qui frappent notamment les États-Unis, ont fait l’objet d’évaluation­s chiffrées. Compilant ces données, il établit un scénario qui montre qu’en l’absence d’action pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, la températur­e moyenne augmentera­it de 4 % d’ici à 2100 et réduirait le PIB mondial de 30 % (voir graphique). À l’horizon 2050, une hausse moyenne de 2 % de la températur­e pourrait coûter entre 2,5 % et 7,5 % du PIB mondial. À la différence des autres projection­s, ce scénario prend en compte la dégradatio­n de l’environnem­ent en tant que « capital naturel » ainsi que le coût lié aux risques pour la santé. Il peut paraître pessimiste, mais il nous indique la nécessité de hâter la transforma­tion rapide de notre organisati­on économique, en investissa­nt massivemen­t dans l’innovation.

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 ??  ?? ROBERT JULES
DIRECTEUR ADJOINT DE LA RÉDACTION
ROBERT JULES DIRECTEUR ADJOINT DE LA RÉDACTION

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