La Tribune Hebdomadaire

Climat : enfin de bonnes nouvelles!!

- PHILIPPE MABILLE DIRECTEUR DE LA RÉDACTION

La 25e conférence de l’ONU sur le climat se tiendra finalement à Madrid du 2 au 13 décembre prochains,

quatre ans après la signature par 195!pays et l’UE de l’Accord de Paris. Dans un rapport publié cette semaine, l’ONU a tiré la sonne"e d’alarme, soulignant l’écart entre la réalité des émissions de gaz à effet de serre (GES), dont la courbe a continué d’augmenter l’an dernier, et les objectifs inscrits lors de la COP21 : pour limiter le réchauffem­ent climatique à 1,5°!C (ou 2°!C) par rapport à l’ère pré-industriel­le, l’humanité aurait dû infléchir ses émissions de GES avant 2020 pour ensuite a"eindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. C’est-à-dire une balance égale entre ce qui sera émis et ce qui sera absorbé par la nature, qu’il s’agisse des forêts, des sols ou des océans. L’ONU confirme ce que nous disent les scientifiq­ues Giec : à force de procrastin­er, le temps presse. Pire, l’horloge climatique accélère. Pourtant, paradoxale­ment, les prises de position d’un Trump aux ÉtatsUnis ou d’un Bolsonaro au Brésil, par leur outrance, jouent les repoussoir­s. La société civile, mobilisée par la jeunesse qui craint de devenir la « dernière génération » sur terre, fait bouger l’opinion$; les collectivi­tés locales, plus proches des citoyens car à portée d’engueulade, les entreprise­s, plus proches des consommate­urs de plus en plus écolos, sont aussi en train de radicalise­r leurs actions. Paradoxale­ment aussi, alors que les activistes du climat dénoncent à qui mieux mieux « le capitalism­e » ou « la finance », les actionnair­es et les prêteurs deviennent les meilleurs alliés de la lutte contre le réchauffem­ent climatique. Pour une raison triviale, mais finalement assez efficace!: c’est l’argent qui gouverne le monde. On voit ainsi les banquiers, les assureurs et les grands investisse­urs institutio­nnels privés réclamer aux entreprise­s d’accélérer leur sortie du carbone. Du charbon, mais aussi parfois du gaz, qu’on a longtemps présenté comme une énergie de transition. Même un groupe pétrolier comme Total a (enfin) compris que sa survie est en jeu, et pas seulement sa réputation, qui l’a empêché de devenir sponsor des JO de 2024 : la Ville de Paris lui a préféré EDF. En France, l’assureur Axa vient de durcir sa politique de désinvesti­ssement du charbon pour sortir complèteme­nt de ce"e industrie d’ici à 2030 dans les pays développés de l’OCDE et d’ici à 2040 dans le reste du monde.

En réalité, toute l’économie, toutes les entreprise­s, sont en train de repenser leurs organisati­ons, leurs modes de production et de distributi­on avec pour mo"o l’urgence climatique. Les télécoms ne sont pas en reste et Stéphane Richard, le patron d’Orange qui a pris l’an dernier la présidence de la GSMA, qui regroupe tous les opérateurs mondiaux, estime que la neutralité carbone en 2050 n’est pas suffisante : « Si Internet était un pays, ce serait le sixième éme!eur de CO du monde. Il faudra aller plus vite pour réduire "les émissions et Orange prendra des engagement­s en ce sens lors de sa prochaine journée investisse­urs début décembre » , a-t-il dévoilé devant l’Idate à Paris la semaine dernière. Dernier exemple, l’aviation, pointée du doigt par le mouvement anti-avion, accélère ses efforts pour parvenir à compenser le carbone qu’elle émet. Compenser, en finançant des forêts, c’est bien$; mais effacer, ce serait encore mieux.!

«!Les actionnair­es et les prêteurs deviennent les meilleurs alliés de la lutte contre le réchau$ement climatique!»

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